ARTISANAT
Marcel Debaud perpétue la tradition de la vannerie

Mylène Coste
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ARTISANAT / Paresser, flâner, se prélasser ? Marcel Debaud n’a jamais su faire. Durant sa carrière d’agriculteur, il consacrait ses rares temps libres à confectionner des paniers en osier. Une passion dont il profite aujourd’hui pleinement en tant que retraité !

Marcel Debaud perpétue la tradition de la vannerie
Marcel Debaud

Son savoir-faire est aujourd’hui bien connu : concours de belote, kermesses des écoles, fêtes des Jeunes agriculteurs… Marcel Debaud est souvent sollicité pour fournir quelques paniers en osier qu’il a lui-même confectionnés, destinés à être garnis et offerts en toute occasion. Et il répond à chaque fois favorablement !

Plus qu’un passe-temps, la fabrication de paniers en osier est presque devenue une passion. Et elle ne date pas d’hier ! « J’ai commencé il y a presque 40 ans. Plus jeune, je m’étais essayé à la fabrication de paniers en lamelles de pin refendues. Mais c’était difficile et il fallait bien savoir choisir son arbre ! Puis j’ai demandé à un voisin du village qui faisait des paniers en osier de m’apprendre. Cela n’est pas évident au début, mais petit à petit, on se fait la main ? C’est ainsi que j’ai confectionné ma première réalisation ! »

De l’osier dans le jardin

Paniers en osier

Depuis lors, il n’a cessé d’explorer de nouvelles techniques jusqu’à trouver sa signature. Pourtant, son travail sur l’exploitation lui laissait peu de temps libre pour les loisirs. « Lors des veillées, durant les jours pluvieux… Dès que Marcel avait du temps libre, il fallait qu’il s’occupe les mains », s’amuse son épouse Denise.

Pour la matière première, il a planté plusieurs osiers, « jusqu’à une quinzaine de pieds à une époque », souligne-t-il. « Il existe différentes variétés qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients en matière de souplesse, de couleurs, de repousses… ». Mais l’osier, gourmand en eau, souffre aujourd’hui des sécheresses estivales récurrentes et demande beaucoup de soin.

Un travail d’artiste

Marcel Debaud réalise aussi bien des paniers en bois brut ou écorcé : « Pour ces derniers, j’écorce le bois une fois coupé, puis le refends et le fais tremper dans l’eau deux jours ou plus à température ambiante. Cela permet ensuite de mieux retravailler l’osier. Une fois le matériel prêt, je réalise la « carcasse » du panier : ce que l’on appelle l’œil, puis les rames externes, qui forment l’ossature de départ. » Pour la suite, il laisse parler son imagination. Il réalise des paniers de toutes tailles, certains à deux ou trois couleurs et parfois, garnit même l’anse ! « C’est un vrai travail d’artiste, affirme son épouse. Tout le monde le reconnaît, sauf lui ! » C’est aussi un travail minutieux, qui demande de la patience : « Il m’arrive de m’énerver, et dans ces cas-là, les paniers volent ! », plaisante, de bon cœur, Marcel Debaud.

Du panier de légumes au refuge à doudous

Ses paniers sont multi-usages. « Je garde aujourd’hui encore le panier que Marcel m’avait confectionné il y a 30 ans, affirme Denise Debaud. Pour faire mon marché, pour ramasser les légumes du jardin… Je l’utilise en toute occasion. Il est très solide ! »

Les paniers en osier de Marcel Debaud sont aussi très appréciés par ses petits-enfants. « Ils me demandent toujours de leur en fabriquer, de toutes les tailles. Ils y rangent leurs doudous et

leurs jouets », explique l’heureux grand-père, qui transmet par ailleurs son savoir-faire à ses enfants. « Comme moi, ma fille aînée est très manuelle. Et l’une de mes petites-filles, qui vient régulièrement à la maison, veut toujours m’aider à confectionner mes paniers. Elle a d’ailleurs son propre couteau et son sécateur ! »

Perpétuer un savoir-faire ancien

panier osier

Il y a une cinquantaine d’années encore, le panier en osier était dans toutes les maisons. Le plastique, plus léger et fabriqué à la chaîne, l’a supplanté. Mais avec les considérations environnementales d’aujourd’hui, et les impératifs de durabilité, n’aurait-on pas tout intérêt à remettre le panier en osier au goût du jour ?

« La vannerie est un savoir-faire ancien, qui se perd peu à peu, regrette Marcel Debaud. Si je me suis pris de passion pour cet art, c’est aussi pour conserver et perpétuer ce patrimoine ! »

Mylène Coste

Une vie bien remplie

CARTE D'IDENTITE /

Marcel Debaud

Natif de Saint-Sylvestre, Marcel Debaud s’est installé en agriculture en 1965. Il a cultivé quelques arbres fruitiers (pêche, cerise, fraise et même tabac) avant de se consacrer pleinement à l’élevage de vaches laitières de race abondance, dont il a eu jusqu’à 15 mères. Dès 1977, l’exploitant et son épouse Denise installent également un élevage de lapins. Ensemble, ils ont élevé six enfants, trois garçons et trois filles. L’un d’entre eux, Laurent a d’ailleurs repris l’exploitation en 2003. Investi durant toute sa vie dans des organisations professionnelles agricoles (Cuma, services de remplacement), il est aujourd’hui membre de la section des anciens exploitants de l’Ardèche. Outre la vannerie, il aime la musique et joue même du clavier !