MACHINISME
Cinq critères de choix d’une faucheuse frontale pour l’affouragement en vert

Pour un usage en affouragement en vert, la faucheuse frontale ne doit être ni trop large, ni pas assez, tout en réalisant des andains étroits pour ne pas rouler dessus.

Cinq critères de choix d’une faucheuse frontale pour l’affouragement en vert
Pour l’affouragement en vert, il est important de prendre en compte certains critères, avant de s’équiper d’une faucheuse frontale. ©Krone

Il existe principalement trois méthodes pour réaliser de l’affouragement en vert : l’ensileuse à fléaux avec la remorque distributrice, la remorque auto-chargeuse avec faucheuse intégrée et la combinaison faucheuse frontale et remorque auto-chargeuse. Cette dernière solution est appréciée pour le débit de chantier élevé et pour sa polyvalence. Les deux outils peuvent en effet être utilisés indépendamment. La remorque a la possibilité de réaliser de l’ensilage d’herbe ou de la récolte de foin en vrac, tandis que la faucheuse frontale peut être exploitée pour évoluer en combinaison avec un ou plusieurs lamier(s) arrière. Aussi, plusieurs critères sont à prendre en compte pour le choix de la faucheuse frontale.

La largeur de coupe

Plusieurs aspects interviennent dans le choix de la largeur de coupe. Le premier est la largeur et la facilité de circulation en entrée et sortie des bâtiments. Ces contraintes peuvent limiter l’envergure du groupe de fauche. Si le facteur limitant n’est pas la largeur du couloir, cela peut être le déport du système de distribution de la remorque auto-chargeuse : disposer d’une faucheuse compacte peut éviter d’avoir à décharger au milieu du couloir.

À l’inverse, au champ, on va chercher à faucher le plus large possible. Le tracteur peut en effet être chaussé large, tout comme la remorque auto-chargeuse, afin de respecter au maximum le sol et le tapis d’herbe, notamment dans les conditions moins portantes. Cela implique d’avoir un lamier suffisamment large pour ne pas avoir à rouler sur l’herbe encore debout qui sera fauchée dans le passage suivant. C’est d’autant plus vrai lorsque les parcelles à faucher sont en courbe.

Faucher plus large a aussi pour effet de réduire la distance à parcourir dans la parcelle pour remplir sa remorque et donc le temps consacré à l’affouragement en vert.

Tout ceci explique que le gros du marché des faucheuses destinées à l’affouragement oscille autour de 3 mètres de large, un bon compromis entre débit de chantier et maniabilité dans les bâtiments et sur la route.

Avec sa faucheuse EasyCut F 400 Fold, Krone sort tout de même du lot avec une faucheuse de 4 mètres de large au travail, mais qui se replie à 3 mètres au transport.

Les autres usages de la faucheuse frontale peuvent aussi intervenir dans le choix de la largeur du lamier, notamment avec un groupe de fauche arrière dont l’écartement entre les deux lamiers est fixe.

Un gabarit compact

Outre la largeur, le gabarit global de la faucheuse est aussi à prendre en compte. Avoir une faucheuse à porte-à-faux limité peut se montrer utile dans certains couloirs d’alimentation ou sur la route, à l’approche de carrefours à visibilité limitée. D’ailleurs, pour les trajets routiers, avoir le repliage hydraulique des protections extérieures est un vecteur de gain de temps et de confort.

Des mécanismes pour regrouper le fourrage

Afin de ne pas rouler sur l’herbe fraîchement fauchée, les constructeurs proposent différents mécanismes. « Rouler sur le fourrage complique sa reprise par le pick-up de l’auto-chargeuse, en plus de le souiller et de l’écraser », explique Didier Hammer, de Pöttinger. Pour éviter cela, les constructeurs proposent des accessoires qui andainent le fourrage. Le premier d’entre eux est le tambour d’andainage, qui vient chapeauter un ou deux disques à chaque extrémité du lamier. Par exemple, sur une faucheuse Pöttinger Novacat fauchant 3,04 mètres, les deux tambours d’extrémité ramènent l’herbe sur une largeur de 2,10 mètres.

Pour andainer davantage, il est nécessaire d’ajouter des équipements en sortie. La première solution consiste à doter la faucheuse de disques d’andainage. Ce système est simple, peu coûteux et ne consomme pas de puissance, argumente Maxime Le Manach, de Claas. Selon la largeur de l’andain souhaitée, ces disques auto-animés peuvent être au nombre de deux ou de quatre. Sur la faucheuse citée précédemment, une paire de disques ramènent l’andain de 2,10 mètres à une largeur de 1,40 mètre, tandis que deux paires la réduisent à 1,10 mètre. L’affouragement en vert étant réalisé dans de la petite herbe courte, plus l’andain est étroit, meilleure sera la qualité de ramassage par le pick-up de l’auto-chargeuse. Pour proposer le choix du fauchage à plat (hors contexte de l’affouragement en vert), l’angle de ces disques est réglable selon plusieurs positions.

Pour un regroupement plus dynamique, il existe également des solutions d’andainage animées. Il s’agit soit de tambours, soit de vis.

Avec ou sans conditionneur

Certaines marques font aussi la promotion du conditionneur pour faciliter la formation d’un andain compact. En redonnant de la vitesse au fourrage, le conditionneur, aidé des tôles d’andainage, va en effet former un andain plus serré et plus haut. Qui plus est, la reprise des brins d’herbe par le conditionneur va empêcher que ces derniers soient trop alignés et trop couchés, donc plus difficiles à reprendre par la remorque auto-chargeuse.

Néanmoins, « le conditionneur va augmenter le besoin de puissance nécessaire à l’affouragement, donc la consommation, mais aussi le coût de la faucheuse et du chantier », fait remarquer Julien Claudon, de Krone. « De plus, d’un point de vue qualitatif, on va défibrer l’herbe, alors que ce n’est pas forcément l’objectif premier », ajoute Joseph Tard, de Kuhn.

Ludovic Vimond

CONSEIL / Ne pas faucher trop ras

Ce qui vaut pour le foin ou l’ensilage vaut encore plus pour l’affouragement en vert : il n’est pas utile de faucher trop ras. Cela n’apporte pas un gain important de rendement d’herbe et retarde la repousse rapide de l’herbe, alors que c’est ce que l’on souhaite obtenir en affouragement en vert. On évite par la même occasion de ramasser de la terre, notamment en conditions humides, et on facilite la reprise par le pick-up. La hauteur de coupe optimale oscille autour de 7 cm. Il ne faut donc pas hésiter à s’équiper de sabot d’usure, afin de se rapprocher de cette hauteur de fauche.