SANITAIRE
« Nous devons casser ces chaînes de contamination »

Propos recueillis par Anaïs Lévêque
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SANITAIRE / Président du Groupement de Défense Sanitaire (GDS) de l'Ardèche, Michaël Richard évoque l'actualité sanitaire et les actions programmées en 2021.

« Nous devons casser ces chaînes de contamination »
Michaël Richard.

Quelles seront les actions prioritaires du GDS en 2021 ?

Michaël Richard : « La première priorité sanitaire concerne la généralisation du « Kit intro » en élevage bovin, effectif depuis le 1er octobre 2020. Il permet de rechercher entre 2 et 4 maladies selon l’âge des bovins introduits (IBR, BVD, besnoitiose et paratuberculose). Nous allons pouvoir avancer et sécuriser les introductions car les contrôles faits jusqu'ici, sur la base du volontariat, nous montrent que 5 % des animaux testés sont positifs à au moins une maladie. Nous devons casser ces chaînes de contamination et accompagner les éleveurs vers un plan d'assainissement si nécessaire. »

Où en est-on de la lutte contre la BVD ?

M.R. : « Au niveau régional, nous avons généralisé notre système de dépistage dès la naissance grâce aux boucles à prélèvement de cartilage. En Ardèche, 90 % des éleveurs se servent de ces boucles et 70 % du cheptel ardéchois est déjà qualifié garanti non-IPI (Infecté Permanent Immuno-tolérant). Elles ont d’ores-et-déjà permit de détecter 112 bovins positifs. Il est important de continuer sur cette voie. Si tous les éleveurs dépistent leurs animaux en même temps, nous aurons éradiqué la BVD de tous les troupeaux d'Auvergne Rhône-Alpes d'ici 5 ans, tout du moins nous n'en serons pas loin. »

Des éleveurs du Coiron ont assaini leurs troupeaux touchés par la besnoitiose. D'autres actions seront-elles menées en 2021 pour lutter contre cette maladie ?

M.R. : « Cette année, nous avons relancé les éleveurs du Coiron pour intensifier les dépistages. Une grande partie des élevages se sont assainis mais il reste des troupeaux positifs qui peuvent les recontaminer à moyen terme. Il est donc primordial qu'un maximum d'éleveurs s'engagent dans cette démarche. Nous entamerons le même type d'opération avec les éleveurs des Hauts Plateaux en 2021 : déjà 130 éleveurs sur 190 ont accepté. C’est important de continuer dans cette lancée : à l’heure actuelle, lorsqu’un troupeau infesté est découvert, deux sont assainis ! Nous testons aussi, dans le cadre de recherches nationales, le dépistage des animaux par biopsie de peau (prélèvements réalisés sous la peau de l'animal, là où il est censé y avoir le plus de kystes) afin de déterminer ceux qui sont les plus contaminants et les éliminer en priorité. »

Quelle est la situation sanitaire en ovin et caprin ?

M.R. : « D’après les statuts sanitaires réalisés en 2019-2020, les troupeaux de petits ruminants sont infectés par au moins une maladie voire deux. Nous continuerons de mettre en place le statut sanitaire en petits ruminants et sensibiliser les éleveurs sur la vigilance à porter sur les animaux introduits et la constitution de cheptel. Aujourd'hui, il y a une recrudescence de gale ovine. GDS France se penchera plus particulièrement sur cette maladie en 2021, afin de connaître les traitements les plus efficaces, les moyens de limiter la contagion... Des expérimentations sont en cours et un arrêté ministériel est en réflexion pour pouvoir œuvrer efficacement auprès des éleveurs. »

Les mesures de biosécurité sont obligatoires en élevage porcin depuis l’arrêté ministériel imposant la formation d’un référant biosécurité dans les élevages de porcs. Comment accompagnerez-vous les éleveurs ?

M.R. : « La Fièvre Porcine Africaine (Peste Porcine Africaine PPA) progresse et risque d'arriver en France tôt ou tard, il faut que les éleveurs se tiennent prêts. Nous avons déjà formé plus d'une centaine d'éleveurs ardéchois sur la biosécurité et nous continuerons de proposer des formations en 2021. Nous mettrons aussi en place des audits sur leur exploitation qui permettront de les accompagner et conseiller dans la mise en œuvre de leur plan de biosécurité et de les préparer aux contrôles officiels de l'administration. »

Que programmez-vous pour la filière apicole ?

M.R. : « Le Plan sanitaire d'élevage (PSE) en apiculture a été renouvelé en 2020 pour une durée de 5 ans. Nous pourrons donc continuer à accompagner les apiculteurs adhérents au PSE dans la lutte contre le varroa et leur proposer des traitements à prix coutants. La pression de cet acarien sur les ruches est toujours très importante. Nous programmons de visiter tous les élevages adhérents au PSE sur les 5 ans à venir, afin de veiller à la bonne tenue des registres d'élevage, à l'utilisation des traitements, conseiller sur d'autres problèmes sanitaires...

Sur le frelon asiatique, la population semble remonter en flèche. Nous avons testé le piégeage des fondatrices au printemps 2020, juste avant qu'elles construisent leur nid secondaire. En 2021, nous poursuivrons avec le GDS Aura nos actions de destruction des nids trouvés et/ou signalés grâce à la plateforme régionale www.frelonsasiatiques.fr. Nous essayons d'être soutenus financièrement par les collectivités car ces destructions coûtent chères, pour les particuliers aussi qui rechignent souvent à détruire les nids. »

Comptez-vous entamer des actions sanitaires en élevage équin ?

M.R. : « Nous avons débuté un travail pour cette filière en 2020 : une première réunion et formation de terrain ont été organisées. Cela a permis de réunir des éleveurs d’équidés autour du sanitaire et de connaître leurs besoins et leurs attentes. Nous allons continuer à développer la section et apporter un appui aux éleveurs d’équidés sur le plan sanitaire. »

Propos recueillis par Anaïs Lévêque

Le GDS dynamise son offre de formation

En 2021, le GDS de l'Ardèche compte dynamiser son offre de formation. « Il est impératif pour les éleveurs de se former sur le sanitaire car les consommateurs qui se tournent vers de l'approvisionnement local y sont de plus en plus sensibles. Les éleveurs doivent être en mesure de proposer des produits issus d'une exploitation irréprochable, se former continuellement pour évoluer et se mettre à jour sur la situation sanitaire de leur troupeau », indique le président Michaël Richard. De nombreuses formations sont programmées en élevages de ruminants (santé des animaux et importance du logement), en élevage de ruminants laitiers (santé de la mamelle et les 4 germes), en bovins (santé des veaux et bien-être des jeunes), en petits ruminants (gestion du parasitisme, limiter les avortements), porcin (formation biosécurité et mise en œuvre, maladies du porc) et équins (le sanitaire des équidés). L'offre de formation en apiculture sera particulièrement intensifiée : état sanitaire des ruches en sortie d'hivernage et des colonies avant hivernage, utilisation de traitements apicoles, apprendre à élever des reines, conditionnement du miel et réglementation en vigueur.