INFLUENZA AVIAIRE
Volailles : la France inquiète pour les marchés à l'export

INFLUENZA AVIAIRE / Après un premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) détecté en Haute-Corse le 16 novembre, un nouveau foyer a été confirmé le 19 novembre dans une animalerie des Yvelines. Perdant son statut indemne, la France pourrait se voir privée de certains marchés à l'export.

Volailles : la France inquiète pour les marchés à l'export
Alors que les services de l'État tentent de circonscrire les foyers détectés, les premières inquiétudes portent sur les exportations de volailles. Certains pays « refusent d'acheter de la volaille française », observait Julien Denormandie le 17 novembre. DR

Suite à la découverte le 16 novembre d’un foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de souche H5N8 en Haute-Corse, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a placé l'ensemble du territoire national métropolitain en niveau de risque « élevé » dès le 17 novembre. Depuis, un nouveau foyer a été « confirmé par l’Anses dans une animalerie des Yvelines », a annoncé le ministère de l'Agriculture le 19 novembre. L'enquête menée ces derniers jours en France semble établir un lien entre les deux cas à travers un « transport commun » d'animaux, une hypothèse qui reste à confirmer formellement, indique-t-on au ministère de l'Agriculture le 20 novembre.

Dès lors, les éleveurs de volailles sont tenus d'enfermer leurs animaux ou de les protéger avec des filets « avec réduction des parcours extérieurs ». Sont interdits les rassemblements d'oiseaux, les transports et lâchers de gibiers à plumes, ainsi que l'utilisation d'appelants pour la chasse. Autant de mesures que le ministre appelle à « mettre en place sans délai ». 

De plus en plus de pays acceptent le zonage

Alors que les services de l'État tentent de circonscrire les foyers détectés, les premières inquiétudes portent sur les exportations de volailles. « Il y a un certain nombre de pays qui refusent d'acheter la volaille française », observait Julien Denormandie le 17 novembre au micro de RMC. Avec ces cas en Haute-Corse et dans les Yvelines, la France perd son statut indemne d'influenza aviaire, ce qui peut fermer certains pays aux exportations hexagonales. « Toutes les exportations ne seront pas perdues », indique cependant l'interprofession des volailles de chair (Anvol) le 19 novembre, car « de plus en plus de pays acceptent le zonage et ne ferment pas forcément les frontières aujourd'hui ».

Ce principe de zonage – aussi appelé régionalisation – permet aux régions françaises indemnes de continuer à exporter vers les pays qui le reconnaissent ; seules les régions touchées étant frappées d'interdiction. Un système appliqué de fait dans les échanges intra-européens. L'export représente « 22 % de la production de volailles françaises » pour un chiffre d'affaires d'environ 270 millions d’euros (M€), dont près de la moitié vers les pays tiers, rappelle Anvol. Ce débouché est plus crucial encore pour les accouveurs, qui réalisent 30 % de leurs ventes à l'export (112 M€, plus de la moitié vers les pays tiers).

Négociations sur la régionalisation

« Beaucoup de négociations sont en cours sur la régionalisation », confirme de son côté Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog (interprofession du foie gras). « Le Japon avait accepté la régionalisation », indique-t-elle le 19 novembre. Par contre, « nous n'avons pas de recul sur les pays qui viennent de s'ouvrir, comme la Chine, où nous avons seulement commencé à exporter cet été. »

Au-delà de l'aspect commercial, l'impact sanitaire de la maladie peut aussi se révéler dévastateur. La crise de 2016-2017 est encore dans toutes les têtes, surtout dans la filière des palmipèdes gras. Après un vide sanitaire de quatre mois, la production française de foie gras s'était effondrée de 25 % en 2016, puis de 20 % en 2017 (par rapport à 2015). Avec 16 400 t en 2019, elle n'avait pas encore retrouvé son niveau d'avant l'influenza (19 200 t en 2015).

Avec les migrations d'oiseaux sauvages, l'automne est habituellement une saison à risque pour l'influenza aviaire. Cette année s'annonçait plus dangereuse encore, après la découverte de cas en Russie et au Kazakhstan cet été. Les premiers cas en UE ont été observés fin octobre aux Pays-Bas. Au 18 novembre, l'Efsa recensait 298 cas en Europe du Nord, en grande majorité sur des oiseaux sauvages. 18 ont été observés dans des élevages (Allemagne, Suède, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Danemark). Les autorités néerlandaises ont annoncé, le 22 novembre au soir, avoir procédé à l’abattage de 190 000 poulets après avoir détecté une souche hautement pathogène de grippe aviaire H5N8 dans deux élevages de volailles. 

Y.G.