BOVIN
Les éleveurs du Coiron engagés collectivement contre la besnoitiose

Un nombre important d'exploitations du Coiron touchées par la besnoitiose sont parvenues à assainir leur troupeau. Aujourd'hui, les éleveurs franchissent un pas de plus en s'engageant collectivement dans la lutte contre la maladie.

Les éleveurs du Coiron engagés collectivement contre la besnoitiose
Christophe et Clément Coing, éleveurs à Freyssenet, se sont engagés dans un plan d'éradication de la besnoitiose bovine.

« L'installation de mon fils Clément sur l'exploitation a été un déclic, confie Christophe Coing, éleveur bovin allaitant à Freyssenet. C'est à ce moment-là que nous avons décidé de nous lancer dans un plan d'assainissement du cheptel. » Le défi est pourtant de taille : au Gaec de la Prade, l'un des premiers à avoir été touché par la besnoitiose sur le plateau du Coiron, le troupeau de charolaises est infesté à 75 %. « Nous avons vécu avec la maladie pendant près de dix ans, au prix de pertes de production et financières silencieuses mais finalement considérables, reconnaît aujourd'hui Christophe Coing. Il détaille : Outre les quelques cas cliniques, la besnoitiose provoque aussi des problèmes de croissance, de mammites, de boiteries, et parfois de stérilisation. Certains taureaux sains au moment de l'achat ont immédiatement attrapé la maladie et n'ont pas même pu faire un seul veau ! » Les animaux porteurs de la maladie ne pouvant être vendus à la reproduction, ils n'ont pas d'autre issue que la boucherie. « Nous nous sommes également retirés du Herd Book et du contrôle de performance », regrette également Christophe Coing.

Lutter contre la besnoitiose pour pouvoir faire de la génétique

Aujourd'hui, le Gaec de la Prade est bien décidé à assainir le troupeau. Christophe et Christelle Coing ont en effet été rejoints sur l'exploitation par leur fils Clément, en février 2019. « Je me suis installé avec un projet de diversification en volailles de chair label rouge, mais aussi avec l'ambition de faire de la sélection en bovin, affiche le tout jeune éleveur. Depuis tout jeune, j'ai toujours été intéressé par la génétique et je garde un super souvenir du temps où j'accompagnais mon père dans les concours, comme à Beaucroissant.» C'est cette ambition qui a poussé le Gaec à se lancer dans un plan d'assainissement, en 2019, avec des aides du GDS pour financer les analyses mais aussi les réformes de bêtes contrôlées positives.

Assainir, pas à pas

Avec un troupeau de près de 100 bovins, la tâche n'est cependant pas évidente. « Nous avons choisi d'éradiquer la maladie sur cinq ans, en renouvelant chaque année une vingtaine de bêtes, souligne Clément Coing. Bien sûr, des jeunes peuvent se re-contaminer, mais nous espérons pouvoir parvenir à assainir au maximum le troupeau. ». Aussi le cheptel est-il conduit en lots, ce qui complique un peu le travail : « On ne doit plus seulement réfléchir à alloter en fonction de l'âge des veaux, mais en fonction des bêtes contaminées ou saines. Il faut aussi prendre en compte les troupeaux des voisins : certains d'entre eux sont aussi contaminés !». L'hiver, l'allotement est impossible dans le bâtiment d'élevage. « Il y a cependant moins de risques car moins d'insectes, ce qui diminue le risque de contamination par piqûre. »

« La lutte doit être collective »

Christophe Coing l'affirme : « Si j'ai décidé de rentrer dans un plan d'assainissement, c'est aussi par solidarité avec les autres éleveurs du Coiron », secteur très touché par la besnoitiose. La lutte contre cette maladie, qui se diffuse rapidement entre deux bovins à proximité via les piqûres d'insectes, ne peut réussir que collectivement. C'est aussi l'avis de Bernard Cholvy, éleveur à Berzème, qui était venu à bout de la maladie dans les années 2010, mais dont certaines bêtes ont tout récemment été contrôlées positives. « On est jamais à l'abri d'une re-contamination. Avec un troupeau voisin contaminé, les risques sont importants. » C'est pourquoi plusieurs éleveurs du territoire ont initié une démarche collective en vue d'assainir le cheptel de manière concertée et collective. Contactés par le GDS de l'Ardèche, l'ensemble des éleveurs du secteur ont été invités à effectuer une prise de sang pour rechercher la maladie, avec la prise en charge des analyses pour tous ceux qui s'inscriront dans un plan d’assainissement. Des rencontres devraient également s'organiser pour échanger sur les moyens de lutte. Une initiative bienvenue, qui pourrait inspirer d'autres territoires...

 

Mylène Coste

 

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