SYLVICULTURE
Le bois, première énergie renouvelable de France

Pierre Garcia
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SYLVICULTURE / En juillet, le comité stratégique bois énergie Auvergne Rhône-Alpes s’est réuni pendant une semaine à l’occasion de la semaine régionale du bois énergie. Proposé sous forme de webinaire, l’évènement a réuni plus de cent soixante participants lors de plusieurs tables rondes et ateliers.

Le bois, première énergie renouvelable de France
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président d’Auvergne Rhône-Alpes Énergie Environnement.

Co-organisateur de l’évènement, Serge Nocodie, président d’Auvergne Rhône-Alpes Énergie Environnement, a lancé la semaine régionale du bois énergie en rappelant que « le bois est la première énergie renouvelable de France ». Il a ensuite listé plusieurs enjeux stratégiques pour l’avenir de la filière comme le développement d’une dynamique d’installation de chauffe-eau de bois avec l’appui des nouvelles équipes municipales. Il a aussi rappelé qu’un travail pédagogique devra être mené auprès des citoyens afin de leur expliquer les atouts de la filière bois énergie, une filière indépendante des importations et permettant un usage multifonctionnel des forêts. En ce sens, Serge Nocodie a appelé à « rendre les citoyens acteurs de leur outil de production de chaleur ».

Autre sujet intimement lié à cette filière : le changement climatique. D’après le président d’Auvergne Rhône-Alpes Énergie Environnement, les principaux enjeux écologiques dans les années à venir seront la sensibilisation des territoires à la disponibilité de la ressource financière et l’amélioration de la situation sanitaire des forêts.

Des pouvoirs publics pleinement engagés

Avec l’accélération du changement climatique ces dernières années, l’État comme les collectivités territoriales n’ont eu d’autre choix que d’accompagner le développement de filières renouvelables comme le bois. « Le fonds de chaleur est passé de 67 millions d’euros en 2019 à 350 millions d’euros en 2020 et devrait se stabiliser dans les années à venir. Un nouveau barème et un maintien de la TVA à 5,5 % a permis l’élargissement du recours aux crédits d’impôts. Dans le même temps, les critères d’éligibilité de l’éco-prêt à taux 0 ont été assouplis. Le schéma régional prévoit une augmentation de la production de bois énergie de 6 000 GWhs d’ici 2035, soit une hausse de 50% par rapport à la production actuelle », a expliqué Yannick Matthieu, directeur régional adjoint de la Dreal Auvergne Rhône-Alpes.

Une mobilisation qui semble aujourd’hui porter ses fruits puisque d’après la dernière programmation pluriannuelle de l’énergie, la consommation primaire d’énergie fossile devrait baisser de 35% d’ici 2028 et la consommation de chaleur renouvelable pourrait augmenter de 40 à 60%. « Avec l’adoption du nouveau schéma régional biomasse, nous arrivons à un moment charnière pour la filière bois énergie. Pour parvenir à réaliser nos objectifs, il faudra que les territoires mobilisent tous les leviers à leur disposition et que la filière booste l’activité construction en bois », a conclu Jacqueline Roisil, directrice régionale adjointe de l’Ademe Auvergne Rhône-Alpes.

Pierre Garcia

PRÉSERVATION / Mieux connaître les forêts pour une gestion plus efficace et plus durable

En Auvergne Rhône-Alpes, trois observatoires territoriaux sont chargés de surveiller les forêts de la région. ®LBprofor

Après un temps introductif de présentation de la filière, la première matinée de la semaine régionale du bois énergie s’est conclue par deux tables rondes successives. Au programme : l’observation des forêts et la gestion des enjeux environnementaux.

En France, le suivi des forêts est effectué par un maillage dense d’observatoires nationaux, régionaux et territoriaux. « Un réseau permanent de placettes forestières (ndlr : surface délimitée et localisée avec précision) de mesures dendrométriques permet de comptabiliser tous les arbres. Cet outil est couplé aux données de télédétection lidar (ndlr : détection et estimation de la distance par la lumière ou par laser) prises par avion qui permettent de produire des nuages 3D de la végétation et d’obtenir une topographie précise du terrain et de la hauteur des arbres », a expliqué Fabrice Coq de l’Office national des forêts (ONF). En Auvergne Rhône-Alpes, trois observatoires territoriaux sont chargés de surveiller les forêts de la région. D’ici 2025, l’ambition du plan régional est de couvrir 1,5 million d’hectares soit les deux tiers de nos forêts.

« Aujourd’hui, nous avons besoin d’accroître encore notre connaissance des forêts pour mieux savoir quels sont les volumes mobilisables et l’impact de nos prélèvements sur les paysages et la biodiversité », a tenu à rappeler Wilfried Tissot, référent bois énergie à l’Union régionale des communes forestières. « Le bois de forêt est une ressource qui paraît facilement disponible mais c’est loin d’être aussi simple. Il faut créer un nouveau mode de financement pour la gestion des forêts plus favorable à la préservation des services socio-environnementaux rendus », a proposé Loïc Casset, directeur de l’association Sylv’Acctes lors de la troisième table ronde de la matinée.

De la théorie à la pratique, Céline Montero de la Dreal Auvergne Rhône-Alpes a présenté Air Bois. Depuis 2013, ce fonds accompagne une dynamique de changement des appareils de chauffage dans une zone à la qualité de l’air particulièrement sensible : la vallée de l’Arve. Une manière efficace de développer la filière bois énergie tout en préservant notre environnement.

Pierre Garcia

RECHERCHE

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Le retour du cèdre

En 2100, l’actuel climat méditerranéen s’étendra jusqu’au sud de la Loire et certaines espèces, le hêtre par exemple, peineront à s’adapter à cette évolution. D’autres au contraire, pourraient prospérer. C’est le cas du cèdre de l’Atlas, introduit avec succès en France au XIXe siècle. Produisant un bois de qualité, durable, imputrescible, cet arbre à croissance relativement rapide séduit les sylviculteurs. Mais évidemment, tout n’est pas aussi simple. Oui, le cèdre résiste bien à la sécheresse mais à condition que ses racines puissent puiser l’eau en profondeur. Elles parviennent à s’immiscer sans mal le long des fissures des roches les plus dures, mais les horizons hydromorphes ou compacts (marneux, argileux...) constituent des barrières infranchissables. Autre souci, l’arbre est sensible aux gelées tardives. Difficile de prévoir comment il s’adaptera à la période de transition qui conduira à terme au climat méditerranéen. En outre, l’arbre va être confronté à des parasites ou des champignons qui ne l’affectent pas dans son aire actuelle de répartition. Malgré ces incertitudes, les chercheurs de l’Inra estiment que l’arbre pourrait d’ores et déjà prospérer dans l’aire naturelle du chêne pubescent qui a les mêmes exigences climatiques : Aquitaine et Poitou-Charentes (en évitant les départements côtiers sous influence trop océanique), sud des Alpes et du Massif central, couloir rhodanien jusqu’en Bourgogne. Un juste retour des choses quand on y pense puisque le cèdre était présent au nord de la Méditerranée avant la dernière glaciation. S’il n’a pu y revenir de lui-même, c’est parce que la mer lui barrait la route.

(suite article Recherche)

Optimiser l’utilisation de l’eau ? Il y a des gènes pour ça

Le chêne sessile et le chêne pédonculé représentent près d’un quart de la superficie forestière française et 11% du bois récolté. Or, certaines populations montrent des signes inquiétants de dépérissement après chaque épisode de sécheresse extrême. Mais, ce qui interpelle, c’est qu’au sein d’une même population, les arbres ne réagissent pas tous de la même manière au stress hydrique. Certains dépérissent quand d’autres parviennent à optimiser l’utilisation de l’eau dont ils disposent, en limitant l’évaporation, sans stopper leur développement. Dans le cadre du projet H2Oak, les scientifiques cherchent à identifier les traits génétiques impliqués chez les chênes sessile et pédonculé dans l’efficience d’utilisation de l’eau (Water Use Efficiency ou WUE), c’est-à-dire le rapport entre la croissance en biomasse et les pertes d’eau par transpiration. Deux objectifs sont poursuivis. D’une part, caractériser la diversité de la réponse à une sécheresse édaphique au sein des deux espèces, et d’autre part observer, sur le long terme, l’impact de la sylviculture sur cette diversité. Et notamment mesurer à quel point les choix d’exploitation compromettent ou améliorent la résistance des populations à la sécheresse.

Biljou©, un joyau pour les forestiers

Quelles conséquences vont avoir les sécheresses futures sur ma forêt, et que puis-je faire pour limiter les impacts ? Ces questions préoccupent les gestionnaires et propriétaires forestiers. Bonne nouvelle, grâce au modèle Biljou© développé par l’Inra en partenariat avec les forestiers et divers financeurs, ils peuvent désormais calculer l’intensité des sécheresses qui ont affecté leurs peuplements au cours des années précédentes, afin de déterminer précisément leur impact sur la productivité ou la santé des forêts. Mais surtout, l’outil de calcul mis à disposition est capable, en se basant sur différents scénarios climatiques, de quantifier l’intensité, la précocité et la sévérité des sécheresses futures, pour une région, un type de forêt (résineux, feuillus décidus (à feuillage caduc), couvert dense ou clair...) et une nature de sol précis. À ce titre, Biljou© représente un outil précieux d’aide à la réflexion puisqu’il permet au forestier d’appréhender la marge de manoeuvre dont il dispose pour adapter sa production à l’évolution du climat.

Source Inra (Imaginer les forêts de demain)