VENTES
La consommation de châtaignes fraîches peine à démarrer

Si la production est satisfaisante, les ventes de châtaignes fraîches, elles, sont en berne. La faute un automne chaud et à une crise économique latente. 

« C’est un fruit d’automne, rappelle Michel Chabert, expéditeur de châtaignes à Vesseaux. Quand il fait 20 degrés, les gens n’en achètent pas ! » Des ventes d’autant plus difficiles que les rayons "marrons" ont été saturés dès le mois de septembre avec la Bouche de Bétizac. Cette dernière, une variété hybride, récoltée entre septembre et octobre a, elle aussi, connu un rendement exceptionnel.

« Cette année, on a une récolte et demi, confirme Michel Chabert. Malheureusement, il nous en reste encore… Tout n’a pas pu être vendu aux centrales d’achat. » Et pour les prochains jours, les prévisions ne sont pas vraiment encourageantes. Outre l’inflation galopante qui impacte directement la consommation, la météo continue d’annoncer des températures supérieures aux normales de saison. 

Les variétés traditionnelles impactées

Pour les variétés traditionnelles, la conjoncture semble, pour l’instant, compliquée. « Le marché est complétement bouché, assure Marie Terras, castanéicultrice à Saint-Jean-Chambre. Même les industriels nous le disent ! » Regrettable, alors que les calibres sont idéaux pour la vente de châtaignes fraîches… Toutefois, pour Michel Chabert, tout n’est pas encore perdu : « Ce n’est pas le même marché. De mon côté, les traditionnelles sont plutôt vendues pour la châtaigne grillée, sur les événements, etc. » 

Si pour l’instant, les grilleurs n’ont pas encore enlevé leur casquette de glaciers, la saison du marron est loin d’être terminée. Jusqu’à Noël, les châtaignes fraiches peuvent encore trouver preneur. « Mais encore faut-il que les producteurs soient équipés en frigo, précise Martine Grange, productrice et transformatrice à Lamastre. La châtaigne est tout de même assez compliquée à conserver. Même après trempage, elle doit être gardée au frais. Surtout avec les chaleurs de cet automne ! »

Diversifier les circuits 

Pour s'adapter à ces aléas, les producteurs de châtaignes multiplient souvent les circuits de vente. Pour Samuel et Marie Terras, par exemple, la châtaigne fraîche représente généralement la moitié de la production. Pour le reste, le couple mise surtout sur la transformation en atelier – à la Ferme du châtaignier -, puis la vente directe. Purée, compote, soupe, confiture, farine… La gamme est large et permet de continuer à vendre, même hors saison. Les plus petites châtaignes, quant à elles, sont envoyées à l’industrie.

A Pranles, César Marze mise principalement sur deux circuits de vente. Le Comptoir rhodanien, à Tain-l’Hermitage, pour les gros calibres, et Concept Fruit, à Vernosc-lès-Annonay, pour la transformation. Cette dernière est, cette année, le principal débouché pour César Marze qui envoie environ 80 % de sa récolte à Concept Fruit.

La transformation en pleine croissance

Basée en Nord-Ardèche, cette société du groupe Roger Descours est spécialisée dans le conditionnement et la transformation de châtaignes. Un marché en pleine croissance qui permet à l’entreprise de se développer. Le mois dernier, une nouvelle ligne de production automatisée et l’extension du bâtiment de stockage ont notamment été inaugurées.

Et qui dit agrandissement, dit hausse des volumes traités. Cette année, une centaine de producteurs supplémentaires travaillent avec Concept fruit. « De nouveaux agriculteurs qui utilisaient auparavant les circuits du frais, se sont tournés vers nous pour écouler leur production », témoigne Pedro Quintana, directeur général de Concept fruit. Aujourd’hui Concept fruit travaille avec environ 400 castanéiculteurs et collecte annuellement 12 000 tonnes de châtaignes dont 800 en Ardèche.

PDD 

Outre la vente de châtaignes fraiches, le Gaec de Samarie mise aussi sur la transformation.
Avant la vente, les châtaignes doivent être triées. Elles sont alors plongées dans l'eau et seules celles qui restent au fond sont conservées.