Châtaigne : une campagne 2019 en demi-teinte

Très hétérogène selon les secteurs, la récolte 2019 laisse de nombreux insatisfaits. Une certitude : le potentiel productif de 5 000 tonnes de châtaignes d'Ardèche est loin d'être atteint.

Châtaigne : une campagne 2019 en demi-teinte

Ils arrivent légèrement moins chargés que d'ordinaire. Devant le dépôt de la coopérative Vivacoop, à Saint-Sernin, les apporteurs ne déchargent pas d'importants volumes. « La sécheresse a fait du mal, provoquant des pertes de récolte, un décalage au niveau des calibres et des volumes très hétérogènes selon les secteurs. À cette date, côté quantité, nous sommes sur une récolte intermédiaire entre celle de 2017 et celle de 2018 », explique la coopérative.

 

Une récolte hétérogène

La campagne étant inachevée, difficile de faire des pronostics. D'autant plus que la récolte s'avère très hétérogène selon les secteurs. « Le Sud-Ardèche, particulièrement touché par la sécheresse, a subi de grosses pertes et a également souffert de la maladie de l'encre », souligne Daniel Vernol, président du syndicat de défense de la châtaigne d'Ardèche (SDCA). D'autres ont « limité la casse », à l'instar de Benoît Breysse, installé depuis 2014 à Prades avec 8 ha de châtaignes, en majorité bouches rouges. « Les arbres étaient minables début septembre, mais les quelques pluies survenues par la suite les ont certainement relancés. On craignait de très grosses pertes, mais elles seront finalement moins importantes que ce à quoi on s'attendait, souligne-t-il. Nous devrions toutefois perdre 20 à 30 % de notre potentiel. C'est dommage, car ça aurait pu être une belle année. Le jeune producteur de rappeler : Depuis que je me suis installé, entre le cynips, la grêle et les sécheresses, je n'ai connu que de mauvaises années. Celle-ci ne sera donc pas la pire. »

 

100 % de pertes pour les vergers sinistrés par la grêle

À quelques kilomètres de là, Nicolas Berret ne peut pas en dire autant. Castanéiculteur au sein du Gaec du Fraysse, à Saint-Joseph-des-Bancs, il a su dès le mois de juin que sa récolte était fichue : « La grêle du 16 juin a tout anéanti. Sur nos 16 ha de vergers, nous avons 100 % de pertes. D'ordinaire, nous pouvons ramasser jusqu'à 30 t de châtaignes. Cela va représenter un gros trou dans la trésorerie. Nous n'avons jamais connu de telles pertes par le passé ». Le Gaec peut compter sur ses ateliers ovins et porcins, mais la grêle a également abîmé l'herbe, autre source de difficultés pour l'élevage.

 

Des marchés encore timides

Si les quantités manquent, et que les calibres sont petits, la qualité, elle, est bien au rendez-vous. « L'état sanitaire des fruits et la qualité sont plutôt bons », nous explique-t-on à Vivacoop.

Par ailleurs, en raison des conditions climatiques très douces du mois d'octobre, la demande est peu réactive. « Les marchés ont peine à décoller, suivant le même schéma que l'an passé. Les ventes devraient s'accélérer dès novembre », observe-t-on à Vivacoop.

 

Mylène Coste

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