CAP PROTÉINES
L’huile pour le moteur, les tourteaux pour les animaux

Damien Hardy
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Le pressage des graines oléoprotéagineuses à la ferme pourrait rencontrer un nouveau regain d’intérêt puisqu’il permet de produire du carburant pour le tracteur et des tourteaux pour l’élevage.

L’huile pour le moteur, les tourteaux pour les animaux
Le pressage à la ferme permet d’obtenir, d’un côté, de l’huile qui sert de carburant et, de l’autre, des tourteaux gras, riches en protéines. © D. Hardy
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie a attisé la flambée des prix des grains, des tourteaux et des carburants. Ce renchérissement des matières premières appelle à trouver des solutions pour gagner en autonomie énergétique et protéique. Le pressage à la ferme en est une car il permet de produire de l’huile autoconsommée comme carburant (tracteur, chaudière, séchoir) et du tourteau utilisé pour corriger la ration des animaux.

Les tourteaux gras issus du pressage de graines de tournesol ou de colza à la ferme avec des presses individuelles ou collectives sont riches en matières grasses et en protéines. Avec 20 à 30 % de teneur en matière grasse, les tourteaux fermiers sont ainsi plus gras que les tourteaux industriels qui sont déshuilés et ne dépassent pas les 3 % de matières grasses. Une étude de l’Idele de 2007 a montré une teneur en matière azotée totale (MAT) variable mais de 30 % en moyenne pour le colza et de 24 % pour le tournesol avec des valeurs alimentaires moyennes de 1,2 UFL, 190 g PDIN et 108 g PDIE pour le colza et 0,9 UFL, 149 g PDIN, et 77 g PDIE pour le tournesol. Ces valeurs protéiques inférieures à celles du tourteau de soja ont amené à une substitution de l’ordre de 1,3 à 1,5 kg de tourteau gras pour 1 kg de tourteau de soja.

Tourteaux appétants et faciles à stocker

Stockés à l’abri de l’air et de l’humidité, les tourteaux gras se conservent, selon les éleveurs, apparemment sans problème jusqu’à six mois voire plus. Appétants, ces tourteaux gras n’ont pas pénalisé les performances zootechniques des animaux, que ce soit pour la production de lait ou de viande. Les nutritionnistes recommandent cependant de ne pas dépasser les 5 % de matières grasses dans le total de la ration. Au-delà, la digestion risque d’être pénalisée, l’appétit baisse et, par conséquent, les performances aussi. Les tourteaux industriels déshuilés, coproduits de la trituration des graines de colza ou de tournesol, ne présentent pas cette limite.

Damien Hardy, Institut de l’élevage

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