CALAMITES /
Grêle : un an après, les agriculteurs demeurent fragilisés

Mylène Coste
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CALAMITES / Le 15 juin 2019, de violents orages de grêle s'abattaient sur l'Ardèche, provoquant de considérables dégâts sur les productions végétales. Loin de compenser les pertes, les aides départementale et régionale ont toutefois apporté une bouffée d'air dans les exploitations sinistrées.

Grêle : un an après, les agriculteurs demeurent fragilisés
Le 15 juin 2019, il y a presque un an, de violents orages de grêle avec des grêlons de très grosse taille ont ravagés les cultures ardéchoises.

C'était il y a presque un an, mais les stigmates sont encore bien visibles. Le 15 juin 2019, de violents orages se sont abattus sur une partie du territoire ardéchois, ravageant une partie des récoltes. Les dégâts sur arbres fruitiers, petits fruits, châtaigniers et plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) sont considérables.

« J'ai récolté 69 kg de châtaigne, contre 25 t en année normale, rappelle Sébastien Bonnefoy, agriculteur à Saint-Pierreville. Mais ce n'est pas tout : à une semaine de la récolte, les landes à myrtilles ont été totalement ravagées : je n'ai rien pu sauver. » Une situation catastrophique pour ce producteur qui a cumulé les calamités durant cette saison 2019 : « La sécheresse a pénalisé la campagne des fourrages, et même les pâturages ont été si secs qu'il a été quasiment impossible d'y faire passer les brebis. J'ai donc dû acheter massivement du fourrage à l'extérieur et me séparer d'une partie de mes bêtes. » Un déchirement pour cet éleveur et castanéicuteur dont la trésorerie s'est retrouvée profondemment fragilisée.

Laurent et Véronique Hilaire, castanéiculteurs à Saint-Julien-du-Gua, ont eux aussi perdu près de 80 % de leur récolte de châtaignes bio AOP. « C'est 30 % de notre chiffre d'affaires qui est parti en fumée en quelques heures. » Pauline Ortis, castanéicultrice et éleveuse de chèvres en transformation fromagère à Antraïgues, n'était installée que depuis un an quand la grêle a ravagé sa production mais également ses bâtiments tout juste construits. « C'est un vrai coup dur », nous confiait-elle alors.

Une solidarité qui compte

Bien qu'elles ne compensent pas les pertes, les aides départementale et régionale ont été accueillies comme un soulagement par les agriculteurs. 64 dossiers (dont 10 encore en attente de validation) ont bénéficié d'aides de la Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) pour une enveloppe totale de 401 000 € dédiée aux exploitations ardéchoises victimes de la grêle (soit 6 265 €/exploitation en moyenne). Le Département a quant à lui consacré une enveloppe de 300 000 € au titre de la solidarité, attribuée aux familles des agriculteurs sinistrés sur plus de 50 communes.

« L'aide de la Région que nous venons de recevoir est un vrai coup de pouce, indique Laurent Hilaire. D'autant plus que cette année, les ventes d'agneaux de Pâques durant le confinement ont été difficiles et les prix assez bas. »

Le Gaec Rouveyrol, a Saint-Étienne-de-Serre, avait perdu 99 % de sa récolte de châtaigne : « Même si elle ne rattrape pas les pertes, l'aide régionale nous a vraiment soulagé. » Et d'ajouter : « Il y aura encore du mal pour cette nouvelle saison de châtaigne : encore 50 % de châtaigniers sont abîmés. »

En effet, les stigmates de la grêle de 2019 pourraient bien demeurer à plus long terme. « Les arbres ont été abîmés et certaines branches ne repartiront pas avant 4-5 ans, déplore Sébastien Bonnefoy. Cela aura des répurcussions sur les prochaines récoltes. »

 

Mylène Coste