VITICULTURE
Vendanges 2022 : Un très beau millésime, malgré des volumes modestes

À l’heure où les vendanges se terminent, si 2022 n’est pas l’année de l’abondance, la situation n’est pas aussi catastrophique qu’on aurait pu le craindre avec un bon millésime en perspective.

Vendanges 2022 : Un très beau millésime, malgré des volumes modestes
Le bilan des vendanges 2022 se caractérise par des récoltes précoces, des volumes inférieurs à la moyenne mais de bonnes qualités. ©Inter_Beaujolais_É_Ramousse

Alors que les vendanges prennent fin et que l'heure du bilan approche, de nombreux viticulteurs n'ont qu'un mot à la bouche : « sécheresse ». « Nous n'avons quasiment pas eu de pluie de janvier à juillet », résume Lucie Rivière, présidente de la fédération des vins des coteaux du Lyonnais, dont le sud a également été touché par de violents orages de grêle, avec pour certains des récoltes de seulement 5 à 10 hl/ha. Du côté de la Savoie, l'heure est plutôt au soulagement, explique Alexis Martinod, directeur du syndicat des vins de Savoie : « Ça aurait pu être bien pire ! On a craint une récolte aussi catastrophique qu'en 2021. Mais les quelques précipitations de fin août et début septembre ont permis de ramener un peu de jus ». Alors que l'appellation produit en moyenne 112 000 hl, celui-ci avance le chiffre de 100 000 hl, ce qui reste néanmoins au-dessus des 83 000 hl de 2021. Dans le Diois, l'angoisse a été de longue durée. « On a attaqué les vendanges le 11 août, un record, explique Nicolas Fermond, technicien viticole à la cave de Die. On a eu très peur sur le début du millésime car l'impact de la sécheresse était très important. Heureusement, le 18 août, un bel orage de pluie a permis de regonfler les grains. Finalement, on devrait atteindre les 55 hl/ha, alors qu'on est en général à 60 hl/ha ». Précoces également dans la Loire, les vendanges 2022 apporteront aux vignerons des quantités plus faibles que la normale, notamment dans le Forez, également touché par des épisodes de grêle.

Une grande hétérogénéité

Pour beaucoup, comme en Ardèche, il est encore tôt pour dresser un bilan chiffré. L'impact de la sécheresse y est très hétérogène, tant les pluies ont été inégales et concentrées. Dans le Beaujolais, les vendanges, qui ont duré presque un mois, se sont achevées mi-septembre. Alors Daniel Bulliat, président d’Inter Beaujolais, s'aventure et dresse un premier bilan : « La récolte est très hétérogène d’un secteur à un autre de notre vignoble. La quantité sera inférieure de 20 % à la moyenne des cinq dernières années. » Quant à la vallée du Rhône, qui couvre un vaste territoire, elle concentre tous les contrastes. Les premières vendanges ont démarré aux alentours du 10 août, alors que le record était jusque-là autour du 20 août (2003). « Mais étrangement, les vendanges 2022 sont également languissantes, explique Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône. Il a fallu attendre pour ramasser à maturité dans certains secteurs. » Finalement, six semaines auront été nécessaires. Et « les quantités seront très contrastées, car certaines parcelles ont eu plusieurs épisodes de pluie, d'autres quasiment aucun. L'orage fait des jaloux, car les phénomènes orageux sont très localisés et relativement violents. Globalement, le sud a plus souffert que le nord mais il est trop tôt pour avoir un bilan chiffré. » L'hétérogénéité a également été le maître-mot en matière de recrutement de main-d’œuvre. Certains territoires ont pu compter sur des travailleurs locaux fidèles pour constituer leurs équipes. D'autres ont eu du mal à recruter. La problématique n'est pas nouvelle mais la précocité de la récolte, en période de vacances scolaires, n'a pas aidé. Si certains secteurs, comme le sud de la vallée du Rhône ou le Bugey ont choisi la mécanisation, pour d'autres, la topographie, les cahiers des charges ou bien les choix personnels l'interdisent.

Des arômes concentrés

Mais les viticulteurs ont néanmoins des raisons de se réjouir. En effet, si les quantités ne sont pas au rendez-vous, la qualité s'annonce très bonne. « La chaleur et la sécheresse ont produit des arômes concentrés, ce qui correspond aux attentes actuelles des consommateurs », se réjouit en effet Philippe Pellaton. L'absence d'humidité a permis à la vigne de maintenir un état sanitaire des plus propices. Les maladies absentes et très peu de traitements ont été nécessaires. Les grains ont pu arriver à maturité sans encombre, chargés en sucre et en parfums. Le directeur de la Sicarex, l’Institut de recherche viticole et œnologique du Beaujolais, Bertrand Chatelet, s'en réjouit déjà : « Les raisins récoltés d’une maturité idéale étaient magnifiques et donnaient envie de les croquer à pleine dent ! Les vins sont donc équilibrés, charnus et puissants. La belle surprise vient de l’expression aromatique intense et fruitée qui parfume les chais pendant les vinifications qui ont lieu actuellement. »

Leïla Piazza