CHÂTAIGNE
« Roc Cha » : quand savoirs ancestraux et scientifiques collaborent

Mieux connaître les variétés traditionnelles de châtaigne et leurs caractéristiques : tel est l’un des objectifs du projet « Roc Cha ». Ce projet, qui s’appuie sur les savoirs locaux et ancestraux, vise à penser une châtaigneraie durable en situation de changement climatique. 

« Roc Cha » : quand savoirs ancestraux et scientifiques collaborent
Une quinzaine de castanéiculteurs étaient réunis le 23 juin sous les châtaigniers de la Ferme du Châtaignier, à Lamastre, lors d'un atelier "transmission de savoirs", dans le cadre du projet Roc'Cha.

Ils étaient une quinzaine de castanéiculteurs, le 23 juin dernier, à la Ferme du Châtaignier de Lamastre. Venus des villages alentours, ils étaient réunis, dans le cadre du projet Roc’Cha1, pour échanger leurs savoirs et leurs observations autour des variétés de châtaigniers présentes localement. Bouche de clos, bouche de bacon, roussette, chalayonne, merle… De nombreuses variétés ont été identifiées dans les parcelles de Michel Grange. De quoi donner matière à discuter pour les participants…

Le projet Roc Cha ? Piloté par le CNRS-Cefe2 en partenariat avec le syndicat national des producteurs de châtaigne, il vise à penser une châtaigneraie résiliente face au changement climatique, en s’appuyant sur les savoirs locaux et la connaissance scientifique. Des observations sont ainsi menées sur plusieurs années (2021-2024), dans les quatre zones de production associées à Roc Cha : l’Ardèche, la Lozère cévenole, la Corse et l’Ariège.

Le projet Roc Cha promeut la collaboration entre savoirs locaux et ancestraux et connaissances scientifiques

En Ardèche, trois exploitations collaborent au projet à Lamastre, La Souche et Malarce-sur-la-Thines.  « Le projet comprend deux volets, explique Hélina Deplaude, technicienne Châtaigne à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Le premier volet est basé sur des observations phénoclimatiques. Dans chacune des exploitations, le castanéiculteur effectue un suivi quasi quotidien de deux variétés (bouche rouge et comballe dans le cas de Lamastre), à certains stades de développement du châtaignier, de l’ouverture de la feuille jusqu’au fruit en passant par la floraison. En parallèle à ces observations, des enregistreurs capturent quotidiennement les températures. L’idée est d’analyser les différents stades phénologiques du châtaignier observé par l’agriculteur, au regard des données climatiques. »

Outre ces observations phénoclimatiques, un second volet vise à recueillir les savoirs locaux et ancestraux au sujet des variétés traditionnelles. C’est à cet effet que se sont réunis plusieurs castanéiculteurs locaux, à Lamastre. Jeunes et moins jeunes ont ainsi arpenté les parcelles de Michel Grange en vue d’identifier et caractériser les variétés rencontrées. Port de l’arbre, taille et aspect des feuilles et branches, fleurs et fruits… Le but est ainsi d’identifier les spécificités des variétés, mais aussi leurs réactions face à certaines maladies ou au changement climatique. « Le CNRS souhaite ainsi élaborer des fiches descriptives précises concernant ces variétés. Ces recherches contribueront à affiner des stratégies de plantation et production pour les différents territoires en fonction des évolutions du climat », explique encore Hélina Deplaude. 

Un projet qui prouve, une fois encore, que la filière avance dans sa quête de résilience.

Mylène Coste

1.       Réseau d'observation et de conservation de variétés traditionnelles de châtaignes.
2.       Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier).