BEAUCROISSANT
Retour sur le champ de foire

Isabelle Doucet
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C’est une 51e édition de la foire de printemps presque normale qui se profile à Beaucroissant. Le paquebot redémarre à pleine vapeur embarquant bétail, matériels agricoles, commerces non-sédentaires et forains. Seules les volailles seront absentes.

Retour sur le champ de foire
L’équipe d’organisation de cette foire de Beaucroissant d’avril. ©DR

Jusqu’au dernier moment, l’équipe municipale a imaginé les pires contraintes sanitaires. Mais elle était bien décidée à prendre le risque d’organiser la foire de Beaucroissant, les 2 et 3 avril, coûte que coûte. « Lors de la dernière commission sécurité, nous avons appris la levée du pass sanitaire et du port du masque à partir du 14 mars », raconte Antoine Reboul, maire de Beaucroissant. La 51e édition de la foire de printemps se tiendra donc dans des conditions normales, après deux ans de sommeil. Enfin, presque… Car la grippe aviaire est venue entacher cette édition du renouveau qui fait habituellement la part belle aux volailles. La filière avicole étant confinée, il n’y aura donc ni poules, ni poussins, ni canards à acheter sur le coteau de Beaucroissant. Seuls les lapins, les canaris, les petits rongeurs et les animaux d’ornement pourront être de la fête.

Bovins et équins

« Nous avons aussi de bonnes nouvelles avec la venue d’exposants historiques comme le négociant de bétail Max Josserand et le retour de l’entreprise Bourjal », poursuit le maire. Les barres dédiées au commerce de bestiaux seront donc bien fournies du côté du foirail. En revanche, le concours régional bovin en race blonde d’Aquitaine ne pourra pas se tenir cette année. Les éleveurs de la région avaient pris pour habitude de se retrouver tous les deux ans à la foire de printemps, mais semblent en proie à des difficultés d’organisation. « De nombreuses associations d’éleveurs auraient la volonté de faire quelques sorties, mais ont des problèmes de structure », raconte Antoine Reboul. « J’ai aussi fait des démarches en direction des chevaux comtois en Chartreuse et du Cheval du Vercors Barraquand, mais il faudrait que le ministère aide ces associations pour qu’elles puissent présenter leurs animaux. » Quant aux chevaux de loisir, ça piaffe déjà dans les paddocks. Des éleveurs de toute la France, voire de l’étranger, ne cachent pas leur impatience de participer de nouveau à ce grand marché équestre, où se glissent quelques lamas. « Ils arrivent très tôt le samedi matin, peu s’inscrivent en amont. Nous les accueillons à partir de 20 h le vendredi soir et nous faisons des rondes par équipes de deux pour éviter que des gens investissent le champ de foire sans verser leur écot », prévient le maire. Le bétail ne sera présent sur le foirail que le samedi 2 avril.

Tous au jardinage

Le maire est aussi heureux d’annoncer le retour de tous les restaurateurs. De plus, l’allée 4 des horticulteurs, qui avait été initiée juste avant la crise Covid, est relancée. « Nous avons 140 m linéaires avec des horticulteurs, des pépiniéristes et des artisans-créateurs locaux », annonce Isabelle Delahaye, la régisseuse de la foire. « Les visiteurs pourront aussi trouver tout le matériel pour le jardin. Il y a une cinquantaine d’exposants. C’est une allée qui plaît beaucoup car avec le printemps, les gens se remettent au jardinage. Nous avons aussi un autre axe de développement qui est le loisir de plein air avec les camping-cars. » Pour l’heure, la régisseuse reconnaît « qu’il faut redémarrer le paquebot ». Et toute l’équipe a été très mobilisée par les contraintes sécuritaires et sanitaires. Le défi de cette 51e édition était d’autant plus complexe que les organisateurs ont travaillé pendant des mois sans certitude. « Après quatre annulations, nous étions peu sereins », explique la régisseuse.

Six-cents exposants

Isabelle Delahaye rappelle que Beaucroissant « est un énorme événement porté par une équipe restreinte ». Elle est composée des dix-neuf élus et des employés municipaux auxquels s’ajoutent une trentaine de bénévoles pendant la foire. La gendarmerie déploiera aussi une cinquantaine d’hommes sur place.

Il y a aura six-cents exposants sur le champ de foire les 2 et 3 avril. C’est un peu moins qu’en 2019, en raison de l’avancement de la date pour cause d’élections présidentielles. Et puis la crise Covid a causé des dégâts : certains camelots ont pris leur retraite, d’autres, dont le commerce non-sédentaire était leur principale activité, ont cessé d’exercer. Les concessionnaires de matériel agricole seront – presque tous – présents. « On voit une évolution dans la façon de travailler chez ces professionnels avec une structuration de l’offre commerciale via Internet. Mais la foire reste un lieu de rencontre et de prospect », constate Antoine Reboul. « La plupart des commerçants nous ont remercié de repartir », ajoute Isabelle Delahaye. « Ils sont contents de retrouver Beaucroissant. »

Isabelle Doucet

Foire
La foire de Beaucroissant de printemps s’étend au total sur 15 ha. ©DR
ÉQUIPEMENT

Groupe Chavanel : un portefeuilles bien rempli

Malgré quelques incertitudes et des difficultés d'approvisionnement, le marché de l'équipement se porte bien. Le témoignage de Charles Leplomb, directeur commercial du groupe Chavanel l'atteste. 

Avec un carnet de commandes supérieur de 15 à 20 % par rapport à l'année dernière, Charles Leplomb, directeur commercial pour l'ensemble du groupe Chavanel, se montre confiant sur la situation du marché du matériel agricole. Même s'il ressent un climat un peu plus tendu ces derniers temps chez ses clients agriculteurs, qui réfléchissent davantage par manque de vision des marchés et par crainte de hausses des prix sur les carburants, les intrants et l'alimentation du bétail, il n'est pas certain qu'un fléchissement puisse survenir. « Nous sommes plutôt dans une conjoncture favorable. Les produits finis augmentent aussi. La tendance reste assez bonne », estime-t-il.

Sa difficulté porte davantage sur la facturation. « Nous accusons des retards de livraison tels que nous ne pourrons pas livrer les agriculteurs qui ont passé commande avant la fin de l'année. Nous ne pourrons donc pas non plus les facturer », explique le responsable. « Mais nous avions bien expliqué ces délais à nos clients lors de la commande. C'est nous qui devons supporter ce manque de chiffre d'affaires », estime-t-il. Sur ce point, la situation pourrait se dégrader encore davantage car, comme Charles Leblomp, l'indique « les constructeurs nous annoncent des hausses de prix de l'ordre de 3 à 10 % et des délais de livraison très incertains. Ce qui complique nos reprises de matériel. Car comme nous ne sommes pas en capacité de livrer les outils neufs, nos clients gardent plus longtemps leurs machines ». Pour autant, le concessionnaire, qui travaille dans six départements1, n'est pas plus inquiet que cela. Il reconnaît être favorisé par la solidité de son groupe, revendeur exclusif de la marque Claas, connue pour ses moissonneuses-batteuses, ses tracteurs et son matériel de fenaison. « Notre force repose sur la taille de notre structure. Je comprends qu'un plus petit concessionnaire puisse se poser davantage de questions », souligne Charles Leplomb.

Échange privilégié

Néanmoins, le concessionnaire avoue mener quelques changements dans la conduite de l'entreprise. Pour mieux maîtriser la situation, il réalise davantage de stocks qu'avant, même si cela influe sur sa trésorerie. Et il s'interroge sur les process de vente. « À l'année, nous dépensons aussi des sommes astronomiques en carburant. Nous réfléchissons à d'autres façons de travailler. Nous avons déjà supprimé le porte-à-porte et privilégions la prise de rendez-vous, les opérations de phoning et les journées de rencontre à la concession », précise Charles Leplomb. Ou à l'extérieur, comme à la foire de Beaucroissant qu'il se réjouit de retrouver début avril. « En tant qu'acteur majeur de la région Auvergne Rhône-Alpes, nous ne la manquons jamais. Elle nous permet de voir des clients, de les accueillir sur notre stand. Nous tenons beaucoup à cet échange privilégié. Elle nous permet aussi de réaliser des ventes et notamment de matériel d'occasion », précise le responsable.

Isabelle Brenguier

1. Isère, Ain, Drôme, Ardèche, Savoie, et Haute-Savoie.