PLAN DE RELANCE
Des aides pour améliorer son système d’irrigation

Anaïs Lévêque
-

Des aides à l’irrigation sont accordées aux agriculteurs dans le cadre du Plan de relance « aléas climatiques », ouvert depuis le 4 janvier 2021. Entretien avec Mathilde Desplanches, animatrice en gestion quantitative de l’eau et accompagnatrice de projets hydrauliques à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Des aides pour améliorer son système d’irrigation
Ces aides à l'irrigation concernent uniquement le stockage et l’accès à la ressource en eau, la micro-irrigation et le pilotage sur la parcelle.
ITW
Mathilde Desplanches.

Par quoi se caractérisent les aides du Plan de relance sur l’irrigation ?

Mathilde Desplanches : « Le Plan de relance concerne des projets d’investissement permettant d’améliorer son système d’irrigation pour qu’il soit mieux adapté à la sécheresse. Il concerne uniquement du stockage et l’accès à la ressource en eau, la micro-irrigation et le pilotage sur la parcelle. Toute une liste d’outils et de matériels sont éligibles, subventionnés de 30 à 40 % uniquement sur un investissement minimum de 2 000 €. Les systèmes par enrouleurs ou asperseurs ne sont pas éligibles. Il faut bien évidemment disposer des autorisations de prélèvement de la Police de l’eau pour déposer un dossier, mais son montage est assez simple et souple. Il doit être déposé au préalable à la DDT pour obtenir une validation des devis.

Ce Plan de relance peut efficacement répondre à des investissements « rapides » que des exploitants auraient à faire cette année, comme l’équipement d’irrigation de parcelles qui n’étaient pas irrigués jusqu’à présent, passer d’un système par aspersion à du goutte à goutte, de la micro-aspersion, etc. Il permet d’améliorer de l’existant ou de créer son réseau sous certaines conditions. »

Quelles sont ces conditions ?

M.D. : « Si on se trouve dans une zone déficitaire, les projets d’irrigation ne doivent pas être directement connectés à un pompage, un système de forage ou un réseau hydraulique pour être éligibles. Il faut être connecté à une retenue de stockage collinaire. L’objectif de ce Plan de relance est de ne pas aggraver les prélèvements dans les périodes d’étiage sur une ressource déficitaire, mais d’apporter des solutions aux agriculteurs qui prélèvent sur des ressources non déficitaires, comme cela peut être le cas avec le Rhône ou une retenue de stockage hivernal. En Ardèche, cela peut concerner également des nappes phréatiques de la rivière Ardèche où il y a un peu plus de ressource, mais aussi l’Eyrieux soutenu en aval du barrage des Collanges… »  

Comment le Plan de relance se distingue-t-il du Plan de développement régional (PDR) ouvert depuis le 2 avril pour l’année 2021 ?

M.D. : « Ce sont deux programmes d’aides différents mais complémentaires. Le PDR s’applique globalement sur des projets de création d’un accès à la ressource en eau et d’amenée d’eau jusqu’à l’entrée de la parcelle. L’équipement d’irrigation d’une parcelle n’est pas éligible au PDR, alors qu’il l’est avec le Plan de relance. Sur de l’existant, il ne prend en charge que les investissements qui permettent de réduire le prélèvement à la source. La difficulté qui se pose alors pour de nombreux agriculteurs qui sont sur des stockages d’eau avec un volume fixe, c’est que les aides du PDR les orientent vers des projets de réduction de leur ressource alors qu’ils n’en ont déjà pas assez.

Le dossier de demande d’aides du PDR est aussi plus conséquent. Il réclame notamment une étude économique obligatoire en plus des autorisations de la Police de l’eau, ainsi que toutes les pièces administratives qui concernent l’entreprise : statuts d’exploitation, état financier et comptes de résultat de l’année précédente… Ce sont des dossiers plus lourds mais les aides sont plus importantes, de 40 % minimum des dépenses d’investissement (5 000 € minimum). »

Propos recueillis par Anaïs Lévêque

A lire également :

Irrigation des vignobles : « une technique complexe qui se raisonne à la parcelle »

Les conseils pour bien implanter les sondes capacitives

Expérimentation : vers une irrigation de précision

NOTEZ-LE / Comment déposer un dossier ?

Les démarches pour déposer un dossier dans le cadre du Plan de relance sont à effectuer dès à présent, les dossiers étant traités selon le principe du « 1er arrivé 1er servi ». 60 % de l’enveloppe était consommée fin janvier. Les devis doivent préalablement être visés par la DDT, en envoyer un mail à [email protected] avec en objet : « plan de relance aléas climatiques ». Par la suite, la demande d’aide accompagnée du devis visé par la DDT est à déposer sur FranceAgriMer.

Pour être accompagné par la Chambre, contacter Eric Bertoncello pour votre dossier d’aides Plan de relance, et Mathilde Desplanches pour votre projet irrigation. Contact : 04 75 20 28 00.
« Nous avons besoin d’installations modernes »
Sylvain Bertrand.

« Nous avons besoin d’installations modernes »

Témoignage / Agriculteur à Bozas et élu à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, Sylvain Bertrand a sollicité des aides dans le cadre du Plan de relance pour moderniser le réseau d’irrigation de son verger de cerisiers.

Installé à Bozas (Ardèche) en élevages bovin lait et volaille sur 60 hectares, Sylvain Bertrand cultive également 5 ha de cerisiers, irrigués par aspersion. Munis d’installations datant des années 1990 - 2000, il a déposé un dossier de demande d’aides pour installer un système d’irrigation goutte à goutte dans le cadre du Plan de relance ouvert depuis le 4 janvier dernier. Objectif : optimiser son temps de travail et améliorer la performance de son irrigation. « Le système par aspersion manque d’automatisme donc il demande plus de travail, d’autant plus que mes installations étaient anciennes. Le goutte à goutte me permettra aussi de mieux utiliser l’eau, pas forcément d’en économiser mais d’avoir un système d’irrigation plus efficace, notamment sur les jeunes plantations », indique-t-il.

Le Plan de relance lui permettra d’investir sur le renouvellement de son matériel d’irrigation sans obligation de recourir à des économies d’eau. « C’est tout l’intérêt de ces aides par rapport au Plan de développement régional (PDR). Elles sont destinées à des projets de modernisation et d’optimisation de l’irrigation dans le but de pérenniser son réseau et ses cultures », ajoute Sylvain Bertrand, qui siège également en tant qu’élu à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, responsable du service Espaces territoires et environnement. Le Plan de relance subventionne également l’investissement de bâches qui assurent l’étanchéité des lacs collinaires.

Un signal encourageant

« Au-delà d’aider les agriculteurs à investir dans du matériel de renouvellement, ce Plan de relance montre que le gouvernement commence à comprendre qu’il faut développer l’irrigation. C’est un signal encourageant ! Il conforte également toutes les aides déployées dans le cadre du PDR et du protocole d’accord en cours de validation en Ardèche permettant de rendre plus lisibles les démarches de construction de retenues collinaires », explique Sylvain Bertrand. Cette année, il a planté un hectare supplémentaire de cerisiers. « Aujourd’hui, si nous voulons pouvoir continuer de cultiver des produits de qualité et de bon calibrage, de lancer de nouvelles plantations, nous avons besoin d’installations modernes. Pour ceux qui ont des projets d’investissements et de modernisation sur leurs systèmes d’irrigation, il ne faut pas hésiter à se mobiliser et contacter la Chambre. Avec le Plan de relance, les démarches administratives pour déposer un dossier de demande d’aides sont très simples, comparées à celles du PDR. Attention toutefois, les devis doivent être validés par la DDT avant de déposer son dossier sur FranceAgriMer. »

A.L.