POMPIERS
Lieutenant-colonel Alain Pradon : « Composer le 18 ou le 112 reste la règle d’or en cas d’incendie »

En première ligne face aux incendies, les pompiers interviennent tout au long de l’année au service des agriculteurs. Retour avec le lieutenant-colonel Alain Pradon du Sdis de la Drôme sur les règles de prévention à respecter pour prévenir tout risque d’incendie.

Lieutenant-colonel Alain Pradon : « Composer le 18 ou le 112 reste la règle d’or en cas d’incendie »
Le lieutenant-colonel Pardon du Sdis de la Drôme. ©SDIS 26

Quels sont les principaux types d’incendies auxquels vous faites face en agriculture ?

Lieutenant-colonel Alain Pradon : « Sur la période hivernale, les propriétaires terriens, et donc les agriculteurs, disposent d’une autorisation de feu qui leur est délivrée par la mairie. Bien sûr, les secours en sont informés mais il peut arriver que le feu leur échappe. Ce type de feu ne part généralement pas très vite car la météo n’y est pas propice mais les conditions d’intervention sont souvent difficiles. L’été, un département comme la Drôme, représente en moyenne une centaine d’interventions qui se concentrent principalement entre le 15 juin et le 15 juillet. Si le nombre de feux agricoles n’augmente pas significativement, on constate au fil des années les effets de la déperdition croissante des terres agricoles. Le danger désormais, c’est que lorsque nous avons à gérer un incendie sur une exploitation agricole, nous devons aussi nous préoccuper des habitations qui sont de plus en plus proches. »

Quelles sont les situations les plus critiques à gérer pour vous ?

LCAP : « En été, nous sommes très souvent confrontés à des feux de blé ou d’orge qui partent vraiment très vite. En période de moissons notamment, le risque est important que ce soit pendant ou même après le travail. Nous devons traiter de nombreux incendies causés par des problèmes mécaniques ou électroniques sur les machines. Sur une moissonneuse-batteuse par exemple, la moindre étincelle peut faire des ravages. En général, hors conditions météorologiques extrêmes, le feu ne part pas comme cela et ce sont plutôt des imprudences qui conduisent au déclenchement d’un incendie. Heureusement, dans les territoires ruraux, les agriculteurs sont bien informés et beaucoup d’entre eux sont pompiers volontaires même si c’est de moins en moins le cas au fil des années. »

Quels conseils de prévention délivrez-vous aux agriculteurs ?

LCAP : « Les agriculteurs qui ont des grandes cultures doivent veiller à bien enlever du champ le blé qui vient d’être moissonné car le risque d’incendie est encore présent. Les feux de fourrage peuvent aussi partir très vite et nous conseillons aux agriculteurs d’installer des capteurs thermiques et des caméras de surveillance pour avoir en permanence un œil sur leurs hangars. De la même manière, il est conseillé de limiter autant que possible la circulation de câbles électriques dans les bâtiments et de ne pas y stationner de véhicules qui peuvent prendre feu. D’une manière générale, il faut éviter de tout stocker au même endroit. Ce que nous redoutons le plus, c’est le stockage d’engrais qui peut engendrer des explosions comme on a pu le voir il y a quelques années dans la Loire. Il est d’ailleurs indispensable de connaître précisément les quantités stockées en cas de départ de feu. »

Comment leur conseillez-vous de réagir en cas d’incendie sur la ferme ?

LCAP : « Si l’agriculteur peut agir à son niveau c’est bien, mais composer le 18 ou le 112 reste la règle d’or en cas d’incendie. Nous conseillons aux agriculteurs d’avoir sur leur exploitation des citernes d’eau qui leur permettent d’intervenir en attendant notre arrivée. Lorsque le champ est en feu, le mieux à faire est aussi de creuser un fossé pour éviter la propagation à d’autres parcelles. Si plusieurs personnes sont présentes sur l’exploitation, il est bien que l’une d’entre elles se positionne au niveau de la route pour nous guider jusqu’au feu. Ensuite c’est à nous de jouer, bien sûr nous veillons à protéger en priorité les personnes, ce qui pour un éleveur inclut les animaux, les biens et aussi l’environnement. »

Propos recueillis par Pierre Garcia