OVIN
Brebis : en Ardèche, la vie est "bêle"

M.C. & A.L.
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Souvent associé à d’autres cultures, l’élevage ovin en Ardèche présente bien des spécificités, et une grande importance économique et paysagère dans de nombreux secteurs géographiques.

Brebis : en Ardèche, la vie est "bêle"
On recense aujourd'hui environ 320 éleveurs de brebis, contre près de 900 éleveurs en 1996.

Il y a toujours eu, dans les fermes ardéchoises, quelques brebis, bien souvent mêlées à d’autres activités agricoles. Aujourd’hui encore, très peu d’élevages sont spécialisés en ovin, mais combinent cette activité avec d’autres, selon le territoire. Il est souvent associé à la castanéiculture : la présence de brebis permet d’entretenir et de fertiliser les châtaigniers, tandis que les restes de châtaignes leur servent de nourriture. Il peut aussi être associé à d’autres activités ! Élevage bovin, volaille fermière, myrtille, fruits, plantes aromatiques, agritourisme… L’élevage ovin se concentre essentiellement sur des territoires de pentes, caillouteux et non-mécanisables, dominées par des landes. À moins d’avoir des terres pour produire du foin, l’autonomie alimentaire est rarement atteinte pour ces élevages avant tout pastoraux.

Quels débouchés ?

Le principal débouché de la filière ardéchoise reste la viande : environ 50 000 agneaux sont produits chaque année. 30 % des éleveurs vendent leur viande via une coopérative, 25% en vente directe ou via des bouchers. Le département compte 5 ateliers de découpe collectifs, et quelques-uns dans des fermes. Le reste est vendue par l’intermédiaire des grossistes. Longtemps liée aux périodes des fêtes religieuses, la consommation de viande d’agneau s’est petit à petit démocratisée, grâce notamment à la mise en place de signes de qualité. Les périodes d’agnelage se concentrent au printemps et à l’automne, ce qui permet de produire de la viande d’agneau quasiment toute l’année. « Avec des ventes plus régulières et une meilleure valorisation de la production locale, les cours du marché ont progressé et permettent aux éleveurs de vivre plus décemment aujourd’hui », souligne Alain Crozier.

Des effectifs en baisse

Pour autant, le cheptel ovin ardéchois a diminué, et l’âge moyen des éleveurs s’élève. La filière attire difficilement les jeunes, en raison des contraintes de travail. « L’élevage ovin est très exigeant en main-d’œuvre, tant sur le gardiennage que sur l’alimentation, la surveillance des agnelages, le tri des agneaux… Il n’y a pas de temps morts ! poursuit Alain Crozier. Pourtant l’élevage ovin joue un rôle important sur l’entretien des paysages dans les zones difficilement accessibles, face à la prolifération de la friche et la broussaille, contre les risques d’incendie, ainsi que sur l’économie locale ! » On recense aujourd'hui environ 320 éleveurs, contre près de 900 éleveurs en 1996. 

Le mot d'Alain Crozier

Le mot d'Alain Crozier

Éleveur de brebis, vaches, viticulteur et castanéiculteur au sein du Gaec de Monteillet à Saint-Gineys-en-Coiron et président du syndicat départemental ovin (SDO)

« Les éleveurs ovins ardéchois présents essentiellement dans le Parc des Monts d’Ardèche et le Coiron s’efforcent de vous fournir une viande de qualité tout en entretenant et valorisant un secteur difficile. »

Des marques et démarches de qualité

Des marques et démarches de qualité
Le label Rouge Agneau de l’Adret

Le label Rouge Agneau de l’Adret

Depuis le démarrage du label rouge Agneau de l’Adret en 2013, les ventes ont triplé… et ont même été boostées par la crise du Covid et les confinements ! « Les Français se sont posés des questions sur leur mode de consommation, et s’orientent de plus en plus vers le local et la qualité, estime Bruno Damiens. C’est exactement ce à quoi répond l’Agneau de l’Adret. » Ce label offre en effet des garanties de traçabilité et de qualité : l’agneau, né et élevé par le même éleveur, est nourri au lait maternel par tétée au moins 60 jours. Il offre aussi une meilleure rémunération pour les producteurs : un pacte gagnant-gagnant ! Essentiellement commercialisé par la coopérative l’Agneau Soleil, basée à Sisteron, l’Agneau de l’Adret est principalement produit en Ardèche, Loire, Isère et Puy de Dôme.

La marque « Agneau d’Ardèche », traçabilité 100 %

La marque « Agneau d’Ardèche », traçabilité 100 %

Des agneaux nés, élevés et abattus en Ardèche : la toute jeune marque « Agneau d’Ardèche » ne transige pas avec la traçabilité ! Fruit d’un travail de longue haleine de toute la filière, cette marque valorise une viande d’agneau issu d'un élevage traditionnel, des animaux nourris à l’herbe et élevés au pâturage, dans le respect des milieux naturels. La marque fédère aujourd’hui une quarantaine d’éleveurs passionnés par leur métier, mais également 17 bouchers, deux grossistes et trois magasins de la grande distribution. 

L’Agneau Soleil, au service des éleveurs

L’Agneau Soleil, au service des éleveurs

Basée à Sisteron, la coopérative L’Agneau Soleil rayonne dans tout le quart Sud de la France et vient tout juste d’ouvrir un magasin à Privas, au cœur de l’Ardèche, où elle compte de nombreux éleveurs coopérateurs. Spécialisée dans la collecte et la commercialisation des agneaux, L’Agneau Soleil compte aujourd’hui 224 éleveurs ovins en Rhône-Alpes, dont 75 en Ardèche, et 85 en Drôme. « La très grande majorité de nos producteurs ardéchois sont engagés sous le label Rouge Agneau de l’Adret, ce qui montre à quel point l’Ardèche est une terre d’élevage qui tire la qualité vers le haut », affirme François Mochet, directeur de la coopérative. 

Ardèche, terre de pastoralisme

Ardèche, terre de pastoralisme

Avec plus de 100 000 ha de surfaces pastorales, l’Ardèche est le second département Rhône-Alpin le plus pastoral ! L'élevage pastoral est un système extensif, où les troupeaux pâturent sur de grandes étendues naturelles qui assurent tout ou une partie de l'alimentation des troupeaux. La relation homme-animal-nature est la clef de voûte du système d'élevage pastoral !

Les pratiques pastorales menées par les élevages ardéchois n’ont rien à voir avec ce que l’on trouve dans les Alpes (alpages collectifs). En Ardèche, elles concernent de petits troupeaux, souvent dans des territoires en pente, l'utilisation du brulage dirigé pour favoriser la repousse de l’herbe, aménagements d’abreuvement, de clôtures… La Chambre d’agriculture a impulsé la création d’associations pastorales ardéchoises pour accompagner les éleveurs dans cette dynamique, parfois difficile. Le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche s’investit également dans le développement des activités pastorales et des paysages ruraux.

La transhumance, encore et toujours

Déplacement saisonnier d’un troupeau en vue de rejoindre une zone où il pourra profiter d’une nourriture riche et variée, la transhumance des brebis ardéchoises est encore pratiquée vers le Tanargue voisin ou dans les Alpes. De moins en moins d’Ardéchois perpétuent toutefois cette pratique ancestrale, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2020.

Chiens de berger : des compagnons essentiels !

Chiens de berger : des compagnons essentiels !

Issus de lignées de chiens sélectionnées par les éleveurs, les chiens de bergers sont utilisés pour conduire et protéger les troupeaux de brebis, mais aussi chèvres et vaches.

Le chien de travail permet de rassembler et déplacer les brebis, de les trier et les conduire dans la bergerie. C’est un véritable assistant de travail pour les éleveurs ! Un à deux chiens peuvent suffire pour un troupeau. Le dressage du chien et la formation des éleveurs sont indispensables. Ces chiens sont le plus souvent de races Border collie ou Berger des Pyrénées.

Le chien de protection, quant à lui, vit en permanence au milieu des brebis et les protège de toute intrusion qui lui paraît dangereuse, notamment des prédateurs (ours, loups et chiens) ainsi que des personnes étrangères. Prudence ! En montagne, entre 5 et 6 chiens peuvent être intégrés à un seul troupeau. « Il faut toujours faire en sorte qu’il y ait un chien de protection de plus que de prédateurs dans la meute », prévient Alain Crozier, président de la section ovine à la FDSEA de l’Ardèche. Communément appelés « patou », ces chiens sont généralement issus de la race ancienne Montagne des Pyrénées. Ils sont fortement charpentés, à poils longs et de robe blanche (photo).

Randonneurs, cyclistes : ce qu’il ne faut surtout pas faire quand vous rencontrez un patou... Évitez toute attitude défensive : ne criez pas, ne courez pas, ne levez pas les bras ou vos bâtons de marche, gestes qui pourraient être interprétés par le chien comme une agression. Restez calme, ne bougez pas et ne regardez pas le chien dans les yeux. Il va s’arrêter à quelques mètres de vous et aboyer, vous identifier, peut même vous renifler. Son but : vous faire comprendre qu’il ne faut pas vous approcher du troupeau. Pour repartir, contournez le troupeau, quittez le chemin si nécessaire et poursuivez votre randonnée.