PPAM
Les plantes en plein boum !

A.L.
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La production de plantes aromatiques et médicinales (Ppam) et la cueillette sauvage connaît un bel essor en Ardèche. La filière bénéficie d’un marché porteur, mais exigeant et spéculatif.

Les plantes en plein boum !

Les entreprises de plantes aromatiques et médicinales ne cessent de se développer en Ardèche. On compte une centaine de producteurs et des cultures de petites surfaces principalement, à destination d’une production de plantes sèches, en frais ou congelé, mais aussi de distillation en huiles essentielles. Trois groupements de collecte et de commercialisation sont présents dans le département : la coopérative Vivacoop (Saint-Sernin), la Sarl PAM Ardèche (Vals-les-Bains) et la Sica Viva Plantes (Vals-les-Bains). Ces groupements se démarquent grâce à la qualité et la traçabilité de leur production. PAM Ardèche a opté pour le label bio Ecocert et Biopartenaire qui défend des engagements équitables entre partenaires économiques. Viva Plantes s’inscrit sous le label « Bio. Français. Équitable » qui garantit des échanges commerciaux équilibrés et durables. Vivacoop assure une grande partie de sa production en agriculture biologique. Ces engagements répondent aux attentes du marché et des consommateurs, de plus en plus soucieux de connaître l’historique complet des plantes, qu’elles soient issues de cultures ou de cueillette, ainsi que de leur transformation.

La filière des Ppam bénéficie d’un marché très porteur mais spéculatif, marqué par une balance commerciale française déficitaire et une progression spectaculaire de mise en cultures sur le territoire national. Cette situation a engendré des difficultés d’écoulements sur certaines plantes, notamment pour la lavande et le lavandin. Pour se démarquer et prévenir l’avenir, divers essais de mise en culture sont effectués en Ardèche sur des espèces encore inexistantes en France et très recherchées par les secteurs de l’herboristerie, la cosmétique, l’agroalimentaire et la pharmacie. Parmi elles figurent l’arnica implanté depuis plusieurs années dans le département, mais aussi la rhodiola et le sisymbre. Des réflexions sont aussi en cours sur les cultures de sureau dans le but de gagner du temps sur la cueillette. De nouvelles productions de niche très intéressantes pour le développement de la filière ardéchoise !

Le mot de Christel Cesana
Christel Cesana.

Le mot de Christel Cesana

Présidente de la FDSEA 07, viticultrice, arboricultrice et productrice de lavandin sur la commune d’Orgnac-l’Aven

« La beauté de notre territoire doit beaucoup à nos cultures multicolores et à nos productions ancestrales, l’olivier symbole de paix et très présent depuis des siècles sur le département jusqu’à des productions plus récentes comme le lavandin ou différentes plantes aromatiques et médicinales. »

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LAVANDE & LAVANDIN / L’Ardèche, 4e département français producteur

LAVANDE & LAVANDIN / L’Ardèche, 4e département français producteur

Un peu plus de 580 hectares de cultures de lavande et lavandin sont recensées dans le département qui tient le rang de 4e département français producteur. Ancienne filière de niche, la lavande et le lavandin sont très prisés par les consommateurs ces dernières années et font l’objet d’une forte demande de la part des industries pharmaceutique et cosmétique. Dans ces conditions, ces cultures ont connu une forte expansion en France, avec une augmentation des surfaces de 47 % en 10 ans et des prix très attractifs, entraînant une surproduction par rapport aux besoins et une forte dégradation du marché. Les producteurs ardéchois espèrent pouvoir conserver leur potentiel de production. Leurs cultures de lavandin et de lavande jouent un rôle majeur dans l’activité des espaces ruraux, l’économie agricole ou touristique. Elles permettent également à de nombreux agriculteurs de se diversifier, particulièrement en viticulture. Mais aussi de maintenir une activité agricole sur des terres peu propices à d’autres types de culture, comme sur le Plateau de Gras où les sols sont maigres et où il n’y a pas d’irrigation. « C’est notre patrimoine qui est en jeu et l’activité des futures générations. Nous avons toujours fait de la lavande ici, on ne pourrait rien faire d’autres dans tous les cas », indique Pascal Franchi, président de la Cuma de distillation de Gras.

Image cueillette

Cueillette sauvage : une activité peu connue

Par absence de statut social, il est difficile de se faire une idée du nombre de cueilleurs de plantes sauvages en Ardèche et de quantités de récolte. Cette activité est néanmoins bien présente dans le département, et plus ou moins difficile à mener… Le thym ou la lavande sont des plantes sauvages pérennes et très faciles à trouver, ce qui n’est pas du tout le cas d’autres plantes pour lesquelles chaque cueilleur a ses « coins » ! D’autres plantes dites nomades se déplacent chaque année et invitent à mener une véritable petite enquête... En cueillette sauvage, une gestion durable des ressources et un esprit de sauvegarde de la diversité écologique du milieu sont de mises : veiller à bien couper les plantes à la serpette ou à la faucille, seulement le vert et non le bois, laisser au minimum 30 % pour le renouvellement… En conséquence du réchauffement climatique, les plantes sauvages subissent elles aussi un phénomène d’asséchement, qui certes permet de produire plus d’huile essentielle mais fait craindre un périssement dans les prochaines années.

Huiles essentielles : des produits toxiques ?

La révision de deux règlements européens (Reach et CLP) sur les produits chimiques, visant à mieux protéger la santé des consommateurs et l’environnement des substances toxiques, pourrait bouleverser la commercialisation des huiles essentielles. La profession lavandicole a engagé une campagne médiatique « Sauvons le naturel » (pétition citoyenne) afin de préserver l’utilisation des huiles essentielles dans la vie courante. Reach est un règlement de l’UE adopté en 2006 qui concerne les produits chimiques (20 000 substances enregistrées en 2018) interfèrant dans le quotidien. Il fait reposer la charge de la preuve sur les entreprises, qui doivent démontrer comment les substances qu’elles produisent et commercialisent peuvent être utilisées en toute sécurité. Complété par le règlement CLP adopté en 2008, Reach impose aux entreprises de classer, emballer et étiqueter les substances chimiques dangereuses de manière appropriée avant leur mise sur le marché.