INSERTION PROFESSIONNELLE
Les formations par apprentissage ont le vent en poupe

Alison Pelotier
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Sur les 23 730 élèves accueillis dans les établissements agricoles de la région Aura lors de la rentrée 2021, 5 000 sont engagés dans un parcours d’apprentissage. Ces deux dernières années, le nombre d’apprentis a explosé, devenant pour certains élèves la condition sine qua non pour poursuivre leurs études.

Les formations par apprentissage ont le vent en poupe
Nathalie Prudon-Desgouttes, cheffe du service régional de la formation et du développement à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Auvergne Rhône-Alpes (Draaf).

S’engager dans une formation par apprentissage, c’est le choix qu’ont fait 5 000 étudiants en région Auvergne Rhône-Alpes. « La formation par apprentissage a connu une progression fortement accélérée ces deux dernières années, apportant plus de 1 000 apprenants à l’enseignement agricole en 10 ans dont plus de 500 entre 2020 et 2021 », indique Nathalie Prudon-Desgouttes, cheffe du service régional de la formation et du développement à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Auvergne Rhône-Alpes (Draaf).

La revalorisation de l’apprentissage

La loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a profondément réformé l’apprentissage en lui donnant un nouvel élan. En région Aura, sur la période 2018-2020, en moyenne 70 % des jeunes apprentis ont trouvé un emploi dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme. « Pour la première fois depuis sa création, nous sommes en train d’assister à une modification remarquable de l’image de l’apprentissage en France. La loi de 2018 a joué son rôle permettant aux entreprises de bénéficier d’aides de l’État pour embaucher des jeunes en contrat d’apprentissage, mais il y a surtout eu une vraie modification de fond de la part des candidats souhaitant s’engager dans une poursuite d’études, à la seule condition qu’elle se fasse par apprentissage », souligne-t-elle. Le cadre législatif issu de la loi de 2018 leur permet en effet d’y accéder jusqu’à l’âge de 29 ans révolu, avec la possibilité d’entrer en formation tout au long de l’année.

Polyvalence : la compétence recherchée

Comme pour la formation initiale, les effectifs d’apprentis sont recensés plusieurs fois par an à travers trois remontées d’enquêtes : début octobre après la rentrée des classes, au mois de janvier et au mois de mai. « Depuis 2021, il y a une forte volonté de suivre différemment la population des apprentis. L’administration a mis l’apprentissage au même niveau que la formation initiale avec une méthodologie commune de recensement », indique Véronique Le-Guen, cheffe du pôle formations certifications filières à la Draaf Aura. Le choix fait par l’autorité académique n’est, par ailleurs, plus celui d’imaginer ses formations dans une seule approche « métier » mais de privilégier l’apprentissage de compétences transversales. « Aujourd’hui, quand un employeur recrute, il porte une attention particulière sur la capacité du candidat à travailler en mode projet. L’idée, c’est de donner la possibilité à l’apprenti d’être le plus polyvalent possible pour évoluer dans sa carrière sans rester figé dans telle ou telle spécialisation », reprend Nathalie Prudon-Desgouttes.

De jeunes plus sélectifs

Reflet sans doute de l’évolution sociétale, les nouvelles générations sont plus que les précédentes en demande de bouger. « Je constate depuis un peu plus de 5 ans que les apprentis ne restent pas forcément dans l’entreprise à la fin de leur formation. Ils sont bien plus sélectifs et ont vraiment le sentiment de piloter leur carrière ! » constate-t-elle. À l’Apecita (association pour l’emploi en agriculture), Jean-Michel Sotton, délégué régional, remarque une augmentation impressionnante du nombre d’offres en apprentissage. « D’habitude, elles représentent 3 % de nos offres. Sur 2021 elles devraient au moins doubler… », indique-t-il. D’après lui, les contrats en apprentissage sont un excellent moyen de recrutement, à condition de responsabiliser les candidats en leur donnant de vraies missions. « Il ne faut surtout pas se servir d’eux comme de simples relais de production. Pour les métiers purement agricoles nous faisons plutôt le constat opposé. C’est la bonne approche et la meilleure manière de leur donner envie de rester. »

Alison Pelotier

À NOTER / La nouvelle certification Qualiformagri

Imposée par la loi du 5 septembre 2018, la certification Qualiformagri, issue de la certification Qualiopi, est obligatoire depuis le 1er janvier 2022 pour les centres de formation d’apprentis (CFA) et les unités de formation par apprentissage (UFA). Il s’agit d’un référentiel de qualité mis au point par le ministère de l’Agriculture qui concerne les centres de formation publics et ayant pour but d’aller au-delà des exigences réglementaires liées à la réforme de 2018. Exemple concret : le document de liaison en apprentissage utilisé par les formateurs, l’apprenti et le maître d’apprentissage. « Qualiformagri exige qu’on y retrouve plus d’informations que la norme de base ne l’exige, explique Laurent Chirot, chargé de missions appui aux réseaux des Eplefpa pour la formation continue et l’apprentissage, donnant accès à un tableau de formation détaillé pour mieux prévoir les activités en entreprise et les mettre en cohérence avec la progression pédagogique. »

AP