EMPLOI
Des besoins d’enseignants et formateurs dans l’enseignement agricole

Zoé Besle
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Les filières agricoles gagnent en attractivité auprès des jeunes : de plus en plus d’élèves se tournent vers ce type de formation. Établissements publics, privés et MFR cherchent de nouveaux enseignants, avec des besoins et des moyens de recrutement propres à chaque type d’établissement.

Des besoins d’enseignants et formateurs dans l’enseignement agricole
Les moniteurs de MFR accompagnent aussi les élèves lors de leurs périodes de formation en entreprise.

« Les dynamiques de recrutement sont bonnes. Cette année, nous accueillons 130 élèves supplémentaires », explique Nathalie Prudon-Desgouttes, cheffe du service régional de la formation et du développement à la Draaf Auvergne Rhône-Alpes. Même constat dans les établissements privés : « On observe une augmentation de 2 % des effectifs, ce qui nous fait repasser au-dessus des 7 000 élèves en formation temps plein. Concernant les apprentis, c’est encore plus important, nous avons une augmentation de 25 % des effectifs », constate Hervé Barrès, délégué régional du Cneap (Conseil national de l’enseignement agricole privé). Du côté des MFR, « la loi de 2018 sur l’apprentissage fait qu’il connaît un développement important, ce qui a pu provoquer un transfert de la formation initiale scolaire vers l’apprentissage, notamment du fait des aides débloquées. Les classes d’orientation de 4e et 3e de l’enseignement agricole sont également beaucoup plus attractives. On compte plusieurs centaines de jeunes en plus. Si l’on additionne formation initiale scolaire et apprentissage, les effectifs sont en augmentation », analyse Pierre Millet, directeur de la fédération régionale des MFR d’Aura. Une bonne nouvelle pour l’enseignement agricole, qui gagne en popularité, mais qui engendre aussi des besoins supplémentaires en termes de recrutement. « Nous recherchons des formateurs, il y a des besoins importants dans le public comme dans le privé », constate Nathalie Prudon-Desgouttes. Des postes sont également à pourvoir en MFR. On parle alors de moniteurs et non d’enseignants, puisque l’éducateur en MFR endosse plusieurs rôles : son temps de travail sur site ne s’effectue pas que dans les classes, il accompagne également ses élèves lors de leur formation en entreprise et en dehors des cours.

Un marché de l’emploi chamboulé par la crise sanitaire

Qu’il s’agisse de recruter des enseignants dans le public, le privé ou des moniteurs de MFR, la pandémie a amené de nouvelles difficultés en rebattant les cartes du marché de l’emploi. « Dans les MFR, nous avons du mal à trouver des profils techniques, car il y a un retour du plein-emploi dans les secteurs très techniques comme le bâtiment ou la restauration. Nous faisons face aux mêmes problèmes que les entreprises de ces secteurs », constate Pierre Millet. « La crise sanitaire a aussi un peu accentué le turnover au sein de nos établissements : on se retrouve parfois avec des personnels qui arrivent puis repartent très rapidement de leur poste. » Les salaires des enseignants peuvent aussi être un frein pour recruter. « Un titulaire au premier échelon de l’enseignement public gagne 1 653 € net mensuel avec une prime de 200 € par mois. C’est ce salaire de début de carrière qui crée des blocages, il est parmi les plus bas dans l’enseignement en Europe », souligne Nathalie Prudon-Desgouttes. En MFR, les moniteurs commencent avec un salaire autour des 1 700 € net/mois. « Sur des profils techniques et polyvalents, comme des ingénieurs, que l’on recherche particulièrement en enseignement agricole, les niveaux des salaires proposés pour des profils qui arrivent de master ne sont pas forcément attractifs », constate le délégué du Cneap Aura Hervé Barrès. Pour les matières générales, un enseignant doit, a minima, avoir un niveau master dans la discipline. Pour les matières techniques, dans lesquels il n’existe pas de master, il est évidemment possible de recruter en abaissant cette contrainte. Pour ce qui est du recrutement des contractuels dans des matières techniques – la zootechnie par exemple - il peut aussi se faire au niveau bac + 3 avec plusieurs années d’expérience professionnelle. Le recours aux contractuels est courant dans les établissements publics et privés, beaucoup moins dans les MFR. « Il y a des vacataires mais de façon limitée, nous avons quelques postes en temps partiel, mais c’est assez rare », constate Pierre Millet. Si vous êtes intéressé par l’enseignement agricole, il est possible de postuler dans les établissements publics, privés et les MFR. « On a besoin de personnes avec des compétences et de l’expérience professionnelle, ce sont des profils que l’on privilégie car nos formations s’appuient sur ça », conclut le directeur de la fédération régionale des MFR Aura.

Zoé Besle

ZOOM / En Auvergne Rhône-Alpes

À la rentrée 2021, 24 000 élèves ont rejoint des formations allant des classes de collège en 4e et 3e à celles des formations professionnelles : CAP agricole, Bac professionnel, BTS agricole. L’enseignement général et technologique de la seconde au Bac n’est pas en reste, puisqu’un élève sur trois de l’enseignement agricole suit cette voie de formation. La région Aura compte 118 établissements proposant des formations dans le domaine agricole, dont 56 Maisons familiales rurales (MFR), 30 établissements du privé, 29 lycées agricoles publics et 3 établissements de l’Unrep (Union nationale rurale d'éducation et promotion).

Z.B.