EXPÉRIMENTATION
De l’agrivoltaïsme en test au lycée de Dardilly

L'EPLEFPA de Lyon-Dardilly-Écully accueille depuis cet hiver des espaces expérimentaux d’agrivoltaïsme en pépinière et petits fruits rouges avec des partenaires locaux. Visite du site.

De l’agrivoltaïsme en test au lycée de Dardilly
Ces plants de framboisiers vont être mis en place sous le dispositif photovoltaïque et dans les tunnels. ©EP-IAR

« Les travaux de construction du site se sont achevés le 1er février dernier et nous sommes en train de finaliser les plantations sur des terrains qui appartiennent à la Région », explique Xavier Bunker, directeur de l’exploitation du lycée de Dardilly. Les espaces en pépinière, en fraises pleine terre en agriculture biologique et en framboises conventionnelles hors-sol, feront l’objet de suivis pendant au moins trois ans. « Notre priorité ici est la gestion de la plante. Le pilotage des panneaux photovoltaïques, installés au-dessus des cultures, se fait en fonction du bien-être de la plante. On teste une alternative à la serre et différents moyens de protection des cultures. L’agrivoltaïsme est vu comme un outil de tempérance et de résilience face au changement climatique », souligne le directeur du site, notamment dans le contexte actuel où l’agrivoltaïsme suscite beaucoup d’interrogations pour ne pas dire de craintes.

Collecteur de données

« Ce travail d’expérimentation s’inscrit dans le projet Parcelles du futur de la CNR dont l’objet est de trouver des leviers pour réaliser des économies d’eau. Il comprend plusieurs volets : le projet Smharter* et l’agrivoltaïsme. Et, en tant que lycée, n’oublions pas non plus l’intérêt pédagogique de ces recherches autour de systèmes innovants. Notre rôle est de collecter des données qui seront ensuite interprétées par les organismes techniques (chambre d’agriculture, Astredhor, CITFL…), avant d’être présentées aux professionnels des filières concernées », précise le directeur. Concrètement, ces expérimentations se partagent en trois modules (pépinière, fraises et framboises) avec, à chaque fois, une moitié en zone témoin (sans panneau photovoltaïque) et l’autre moitié avec des panneaux, dont la production d’électricité est 100 % revendue à EDF. Le sol a été travaillé avec des outils à dent, une herse rotative et une butteuse. Il n’y a pas eu de béton quand les poteaux supportant les panneaux ont été installés pour que l’installation soit réversible si nécessaire. Cette même structure supporte aussi des filets paragrêles sur la pépinière ; sur framboise et fraise, des filets paragrêles, antimouches et une bâche anti-pluie.

Plusieurs systèmes en test

Le premier module dédié à la partie pépinière comporte des plants en containers de différentes tailles et de plusieurs espèces (charmille, photinia, elaegnus, érable, syringa…) sur 1 500 m2. Une partie des panneaux sont bifaciaux, d’autres monofaciaux (75 kWc installés). Dans tous les cas, les panneaux sont mobiles (trackers, ce qui signifie qu’ils s’inclinent selon un algorithme défini de 85° dans un sens à 85° dans l’autre en fonction du soleil), à 4 m de haut, de 2 m de long, avec un écart de 9 m entre les poteaux. « Un côté du sol de la parcelle est recouvert de bâche noire, l’autre blanche. On va aussi observer le comportement des différentes plantes à l’ombre, au soleil, sur une bâche noire ou blanche… Pour l’eau, on va se pencher sur les quantités consommées en système goutte-à-goutte et asperseur. Une station météo très sophistiquée communiquera également de nombreuses informations, sachant par exemple que des capteurs de températures sont positionnés sur les panneaux, des capteurs de radiance sur certaines feuilles… En parallèle, on va aussi évaluer la gestion de la fertilisation », détaille Jimmy Noël.

Sur l’autre partie du site d’expérimentation de 3 000 m2 (dont la moitié en zone témoin), une nouvelle production de fraises en agriculture biologique (variété charlotte remontante) et des framboises (variété kwanza) hors-sol en conventionnel, sont implantées sous des panneaux solaires d’une puissance de 230 kWc. En petits fruits, les témoins se trouvent sous 5 tunnels plastiques typiques des monts du Lyonnais (3 en framboises et 2 en fraises). En fraises et framboises, il y a uniquement des panneaux bifaciaux en tracking et en effacement pour suivre encore davantage le soleil. Là aussi des bâches blanches et foncées sont testées. Autour de quatre buttes de fraisiers, il y a également un autre témoin agroforestier avec une plantation de kakis, choisis pour leur pousse rapide, les faibles exigences sanitaires et la complémentarité de période de récolte (novembre). À noter que les difficultés agronomiques inhérentes au changement climatique telles que températures excessives dans les conteneurs de plants, blocages physiologiques en pépinière, problèmes de maturation de petits fruits, attaques de ravageurs, difficultés d’approvisionnement en eau… sont évidemment pris en compte dans les essais.

Premiers retours d’expériences d’ici quelque temps.

Emmanuelle Perrussel

*Smharter : projet de la CNR en partenariat avec le Smhar et la chambre d’agriculture autour de tests d’irrigation raisonnée.