SESSION
« Le stockage de l’eau est primordial pour toutes les activités de la société »

Propos recueillis par Sébastien Duperay
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SESSION / Réunie en session à Feurs (Loire) le 22 septembre, la Chambre régionale d’agriculture est revenue sur les actions menées durant le confinement et sur le plan de relance du gouvernement. Autres sujets : le stockage de l’eau et la fin de gestion du Feader 2014-2020. Le point avec son président, Gilbert Guignand.

« Le stockage de l’eau est primordial pour toutes les activités de la société »
Gilbert Guignand.

Vous êtes revenu en session sur les actions de la Chambre régionale au plus fort de la crise sanitaire. Comment s’est-elle mobilisée ?

Gilbert Guignand : « Lorsque le confinement est arrivé, tout le monde s’est affolé, à juste raison. Il a fallu réagir très rapidement à l’annonce de la fermeture des marchés, dans une région où plus d’une exploitation sur quatre fait de la vente directe. Nous avons eu la chance d’avoir l’aide du préfet de région pour rouvrir un certain nombre de marchés. Tout le monde nous prédisait aussi que nous ne finirions pas les déclarations Pac au 15 mai. Ça a été faux, nous avons créé des outils et fait de la télédéclaration pour tenir les délais. Nous avons également essayé de faire rentrer des produits locaux dans les rayons des GMS : ça a été possible dans certains départements, plus difficile dans d’autres. Cette action a été positive : nous avons aujourd’hui un certain nombre d’agriculteurs référencés dans nos grandes surfaces régionales. »

Comment les Chambres d’agriculture sont-elles associées au plan de relance du gouvernement qui prévoit 1,2 milliard d’euros pour l’agriculture ?

G.G. : « Sa particularité est : ‘‘ premier arrivé, premier servi ‘‘. Alors que d’habitude nous avions des enveloppes régionales, ce plan de relance est national. Il est sur deux ans et nous avons entre 12 et 18 mois pour monter des projets. Nous en avons plusieurs en Auvergne Rhône-Alpes, en lien notamment avec le changement climatique. Nous devons recenser les projets pour lesquels nous avons des soucis de financement et voir comment nous pourrions les intégrer dans le plan de relance. Les Chambres d’agriculture ont pour mission d’accompagner les agriculteurs sur ces projets. »

Le plan de relance a un volet modernisation des outils d’abattage. N’est-ce pas là une opportunité pour nos ateliers régionaux ?

G.G. : « Nous avons beaucoup de petits abattoirs dans notre région, car les circuits courts sont très développés. Les normes changeant très vite, il faut profiter de ce plan pour avoir de l’argent public pour moderniser et mettre aux normes ces abattoirs. Et puis aussi pour rassurer les consommateurs et nos détracteurs par rapport à l’abattage de nos animaux. »

Une motion a été votée sur les enjeux relatifs à l’élaboration des Sdage1 en Aura pour la période 2022-2027. Qu’est-ce qui vous inquiète ?

G.G. : « La grosse inquiétude, c’est lorsque l’on parle de création ou de substitution. Nous voulons aujourd’hui créer de la réserve en eau sur l’ensemble du territoire. Le stockage de l’eau est primordial pour l’agriculture, pour l’abreuvement des animaux ou pour l’irrigation, mais aussi pour les autres activités de la société. Et l’on a quelques difficultés, plus sur Loire-Bretagne que sur Rhône-Méditerranée Corse. Les trois Chambres consulaires régionales2 ont écrit au préfet coordonnateur de bassin pour que le monde économique et agricole soit mieux entendu dans les comités de bassin, et que les organisations environnementales ne soient pas seules à être écoutées. »

La Région a présenté la fin du programme Feader3 2014-2020. Que faut-il retenir ? Quelles attentes pour la période de transition 2021-2022 ?

G.G. : « Sur 2018, 2019 et 2020, nous avons fait un travail exemplaire avec la Région, en remaquettant le Feader pour ne pas laisser d’argent retourner à Bruxelles. Nous finissons sur le fil, mais si nous ne l’avions pas fait, nous ne serions pas dans cette situation. La Région a annoncé mardi (22 septembre, NDLR) qu’il y aurait des solutions pour tous les dossiers. Nous avons en revanche des incertitudes pour la période de transition 2021-2022. Il faut se remettre autour de la table avec la Région, pour savoir comment on poursuit les programmes, l’investissement sur les bâtiments d’élevage, les projets d’irrigation, sur l’installation, etc. 2020 a été sur ce dernier point une très bonne année, avec près de 30 % d’installés aidés en plus. On a pris le problème en amont et tous les jeunes qui voudront s’installer avant la fin de l’année seront traités comme il se doit. »

Propos recueillis par Sébastien Duperay

1. Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux 2022-2027. Le 25 septembre, le comité de bassin Rhône-Méditerranée a adopté son projet de Sdage 2022-2027. Il sera proposé à la consultation du public à partir du 15 février 2021 et pour 6 mois. L’approbation finale du Sdage et de son programme de mesures devra intervenir d’ici mars 2022.

2. Courrier du 16 septembre 2020 signé des Chambres d’agriculture, de commerce et d’industrie et de l’artisanat d’Auvergne Rhône-Alpes.

3. Fonds européen agricole pour le développement rural. Depuis le début de la programmation : 25 281 projets soutenus pour un montant total Feader engagé de 457 M€ (chiffres Région, hors Leader et aides surfaciques).

BUREAU

Démissionnaire pour cause de départ à la retraite, l’élu de l’Ardèche Jean-Luc Flaugère cède sa place de 1er vice-président à Jean-Claude Darlet (Isère). Jean-Pierre Royannez (Drôme) devient secrétaire général et Benoît Claret (Ardèche), 5e secrétaire-adjoint.