BÉTAIL
Convoyeuse de bétail, une expérience insolite

Justine Donnet, agricultrice en Côte-d'Or, vient d’assurer une mission de convoyeuse de bétail à l’export. La jeune femme de 28 ans avait en charge 900 broutards sur un navire à destination de la Tunisie.

Convoyeuse de bétail, une expérience insolite
La présidente des JA de Sombernon, de retour chez elle, mardi 7 février.

Non, il n’y a pas que des arnaques qui arrivent dans nos boîtes mail ! Justine Donnet peut l’attester, puisqu’un message électronique reçu en mai dernier est en train de changer sa vie professionnelle. « Le destinataire était la Sepab, une société basée à Sète et spécialisée dans l’export du bétail. Des convoyeurs étaient recherchés pour s’occuper des animaux durant la traversée de la mer Méditerranée, lors de transports vers divers pays, principalement africains », retrace la jeune éleveuse, salariée sur la ferme familiale à Saint-Anthot en Côte-d'Or.

Une formation, un test et c’est parti

La lecture de ce mail ne l’a pas laissée indifférente et l’a incitée à se renseigner sur la société et sur le poste en question. « Je les ai appelés pour avoir un peu plus d’informations. J’adore mon métier actuel au contact des animaux mais j’ai toujours regretté de ne pas avoir davantage de temps pour m’occuper de mes deux enfants, j’étais donc ouverte à l’idée de changer », relève Justine Donnet, qui poursuit : « le poste proposé avait l’air sympa, avec un côté aventure et seulement quelques jours travaillés chaque mois, pour le même salaire que je me verse aujourd’hui. J’ai rempli un premier dossier et je me suis lancée ! J’ai suivi une formation en septembre en apprenant beaucoup de choses sur la réglementation sanitaire et surtout, sur le bien-être animal qui est une priorité chez la Sepab. J’ai ensuite réussi le test d’entrée, qui était un questionnaire. Mon premier convoi était programmé le 3 février en direction de Bizerte, un port commercial à proximité de Tunis ».

On embarque

La présidente du canton JA de Sombernon « descend » dans le sud de la France en train et arrive au port de Sète le vendredi en matinée. Pas moins de 900 broutards de toute la France, y compris de Côte-d’Or, sont en cours d’embarquement. « Plusieurs races bovines étaient représentées. J’ai fait connaissance avec les dix-sept membres de l’équipage. Après avoir signé de nouveaux papiers et présenté mon passeport, on m’a fourni des bottes et une combinaison, j’étais prête ! Le bateau est parti à 13 heures ». Justine Donnet redécouvre alors l’immensité du bateau et partage son expérience : « j’étais déjà montée à l’intérieur lors de ma formation. Oui, c’est impressionnant. Une case comprend entre deux et dix broutards, de grandes allées permettent de circuler facilement et distribuer le foin aux animaux. Le navire est équipé de nombreux points d’eau, l’alimentation est distribuée mécaniquement, il y a tout ce qu’il faut pour la ventilation… Tout est vraiment bien fait et bien pensé. Les conditions de voyage sont très bonnes pour les bovins, ils avaient un calme légendaire, je ne m’attendais vraiment pas à ça ! » Sur place, Justine Donnet assure la surveillance des broutards : « je veille à ce que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas de malades. En cas de problème, j’avertis les marins pour qu’ils interviennent. Je contrôle la température de chaque pont, le taux d’ammoniac, la ventilation, l’état des litières… Je rédige un rapport chaque jour, celui-ci est envoyé à la Sepab ainsi qu’aux clients ».

L’Algérie en mars ?

Parti le vendredi en début d’après-midi, le navire arrive à destination le dimanche à 22 heures. Justine Donnet est visiblement ravie de cette première expérience : « tout s’est très bien passé à l’exception de la dernière journée durant laquelle j’ai eu le mal de mer… Une fois arrivés, nous accueillons un vétérinaire qui inspecte le troupeau. Je dois rester jusqu’à la fin du déchargement. Une personne me remmène ensuite à l’aéroport, tout est défrayé jusqu’à mon retour à Saint-Anthot ». La nouvelle convoyeuse ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et envisage de se consacrer pleinement à cette nouvelle activité : « mon prochain convoi est déjà calé, c’est le mois prochain. La destination est inconnue mais il se pourrait bien que ce soit l’Algérie, qui représente près des trois quarts des transports de la Sepab. Une fois dans l’année, un bateau part aussi à la Réunion. L’Égypte et donc la Tunisie sont d’autres destinations de la Sepab. Je n’ai qu’une envie aujourd’hui : repartir et en faire ma nouvelle profession ! En plus d’être passionnante, celle-ci me laisse beaucoup plus temps pour mes enfants, c’est exactement ce que je recherchais ».

Terre de Bourgogne
Le bateau ayant relié Sète à Bizerte.
Le bateau ayant relié Sète à Bizerte.