IRRIGATION
Arroser le tournesol, un investissement avantageux

Selon l’enquête de Terres Inovia sur les pratiques des producteurs de tournesol, 20 % des tournesols en Rhône-Alpes étaient cultivés sur une parcelle irrigable en 2021 (31 % en 2019). Malgré ce potentiel non négligeable, la pratique de l’irrigation reste modeste avec seulement 9 % des parcelles de tournesol réellement irriguées. En parallèle, la grande majorité des tournesols est implantée en sols superficiels et intermédiaires : autant de situations où l’irrigation apporterait une plus-value économique.

Arroser le tournesol, un investissement avantageux
Par temps sec et en sol à faible réserve utile, 70 à 100 mm d’eau permettent de gagner en moyenne 6 à 10 q/ha. ©DR

Comparé à d’autres espèces de printemps, le tournesol valorise de faibles quantités d’eau : un à trois tours d’eau de 35 à 40 mm chacun suffisent, soit un maximum de 120 mm. Par temps sec et en sol à faible réserve utile, 70 à 100 mm d’eau permettent de gagner en moyenne 6 à 10 q/ha. Cette irrigation estivale pour un tournesol en culture principale a l’avantage de se terminer tôt, début d’août, ce qui limite les risques d’interruption en cas de pénurie ou arrêtés préfectoraux en cas de sécheresse. Dans un contexte de prix de vente haussier, l’avantage économique de l’irrigation est fort, même en cas de prix de l’eau élevé. Ce gain est démontrable aussi bien en sol superficiel qu’intermédiaire. Sur une perspective de prix de vente indicatif moyen à 800 €/t, et pour un prix de l’eau à 0,20 €/m3, une irrigation de 70 mm bien maîtrisée permet un gain très significatif de l’ordre de 340 €/ha (voir graphe 1).

Impact sur la qualité des graines

L’irrigation améliore la teneur en huile et indirectement le prix des graines lorsque ce critère est valorisé (+ 1,5 % du prix par point d’huile supplémentaire). Sur la base d’un prix de vente à 800 €/t, d’un rendement irrigué de 30 q/ha et d’un gain de trois points d’huile grâce à l’irrigation, la plus-value réalisée est de près de plus de 100 €/ha, ce qui n’est pas négligeable. Par ailleurs, l’irrigation n’a aucun effet sur la teneur en acide oléique du tournesol.

Impact positif sur l’activité de pollinisation

En réduisant le stress hydrique du tournesol à floraison, l’irrigation favorise la sécrétion de nectar (source d’alimentation essentielle pour les abeilles) et augmente de ce fait l’attractivité des plantes pour les insectes pollinisateurs sauvages et domestiques. Lorsque la fréquentation des capitules par les insectes augmente, les transferts de pollen sont favorisés, limitant ainsi les défauts de fécondation qui peuvent empêcher les variétés peu autofertiles d’atteindre leur potentiel de rendement grainier. Autre effet positif, la pollinisation entomophile augmente la teneur en huile des graines de tournesol.

Vigilance au stress hydrique

La conduite du tournesol irrigué passe par trois étapes capitales pour assurer un rendement supérieur à 30 q/ha : assurer une implantation correcte du peuplement, maîtriser la fertilisation azotée et l’irrigation. Obtenir une biomasse suffisante mais modérée avant floraison et maintenir cette surface foliaire verte le plus longtemps possible pendant les phases de floraison et le remplissage des grains est essentiel pour maximiser le rendement et la teneur en huile. De la levée au stade début floraison, les réserves du sol et les pluies suffisent le plus souvent. Cependant pour préserver le potentiel de rendement, il est capital de couvrir les besoins en eau du tournesol dès le début de la floraison et pendant les 45 jours qui suivent. Pendant cette période stratégique, le tournesol doit consommer environ 230 mm d’eau pour assurer un rendement de 30 q/ha. Les périodes de sensibilité au stress hydrique sont la phase de floraison (nombre de graines/capitule) et la phase de remplissage des graines (PMG, teneur en huile).

Irrigation et disponibilité en eau

Les clés du pilotage de l’irrigation sont l’état de croissance du tournesol au stade bouton, la quantité d’eau disponible, le type de sol, le stade du tournesol et son comportement. Deux tours d’eau, l’option gagnante. Un positionnement de l’irrigation en début et fin de floraison (situations à faible croissance, sol superficiel) est la meilleure stratégie pour augmenter le rendement avec une efficacité maximale de l’eau apportée. En sol profond, les apports sont décalés à la fin de la floraison et dix jours plus tard considérant que la réserve utile répond aux besoins en eau du tournesol pendant la floraison. Un seul tour d’eau disponible : le choix du stade est crucial. Pour les situations à faible croissance ou en sol superficiel, l’irrigation est conseillée juste avant la floraison à début floraison selon l’état de stress des plantes. En sol profond, il est judicieux de patienter jusqu’à fin floraison.
Trois tours d’eau : situation particulière des sols superficiels. Cette quantité d’eau est justifiée les années sèches notamment en sol où la réserve utile, rapidement épuisée, ne couvre pas les besoins du tournesol.

Il est préférable d’apporter 30 à 40 mm par tour d’eau plutôt que des doses plus faibles et plus rapprochées. Le délai recommandé entre deux tours d’eau est de dix jours : raccourci si fortes températures (ETP élevées) et rallongé si pluies (décaler d’un jour pour 5 mm de pluie). Lorsque le dos du capitule vire au jaune citron, l’irrigation ne sera plus valorisée par le tournesol.

Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia

Graphique 1 : Gain net obtenu pour deux apports de 35 mm (en €/ha)

Graphique 1 : Gain net obtenu pour deux apports de 35 mm (en €/ha)

Stratégie d’irrigation

Stratégie d’irrigation
Lutter contre les idées reçues sur l’irrigation du tournesol

Lutter contre les idées reçues sur l’irrigation du tournesol

• Positionner son premier tour d’eau avant floraison (stade bouton) est obligatoire ?

FAUX / Il faut raisonner son premier apport selon le type de sol, la quantité d’eau disponible, la croissance du tournesol et son comportement.

• Irriguer pendant la floraison est interdit ?

FAUX / Le risque sclérotinia du capitule est faible si le temps est sec avant et après l’irrigation et la variété adaptée face au risque sclérotinia du capitule. Il vaut mieux répondre au besoin hydrique du tournesol plutôt que le faire souffrir jusqu’à fin floraison.

• Irriguer en sol superficiel ou intermédiaire est plus rentable qu’en sol profond ?

VRAI / S’il est correctement enraciné, le tournesol est capable de puiser dans la réserve en eau du sol au-delà d’un mètre de profondeur. En sol profond, la valorisation de l’eau d’irrigation est donc plus aléatoire.

• L’irrigation du tournesol c’est simple : il suffit de l’intercaler avec les tours d’eau prévus dans le maïs voisin?

FAUX / Les besoin en eau du tournesol sont inférieurs à ceux du maïs, il y aura donc moins de tours d’eau. Il faut réfléchir les apports sur tournesol indépendamment de la conduite des autres cultures irriguées.

Pour en savoir plus : tester vos connaissances avec le VRAI/FAUX de l’irrigation du tournesol https://www.terresinovia.fr/-/les-vrai-faux-de-l-irrigation-du-tournesol