ENVIRONNEMENT
Planification écologique : la méthode dévoilée

Régulièrement reprise par Emmanuel Macron, la notion de planification écologique manquait encore d’une définition claire. Élisabeth Borne et ses ministres en ont dévoilé des premiers éléments de méthode lors d’un rendez-vous avec les ONG le 23 mai.

Planification écologique : la méthode dévoilée
Elisabeth Borne a rencontré les ONG le 23 mai dernier. ©Gouvernement.fr

En déplacement au Muséum d’histoire naturelle le 23 mai, la Première ministre, Élisabeth Borne, et son équipe de la planification écologique, ont commencé à expliquer la manière dont cette dernière sera mise en œuvre. Car Emmanuel Macron l’avait juré durant l’entre-deux-tours : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas. » S’il avait bien esquissé l’organisation de son équipe lors de ce discours, avec une Première ministre en charge de la planification écologique épaulée par deux ministres de la Transition écologique et énergétique, la manière de l’appliquer restait encore floue. Seul son concurrent malheureux à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui défend l’idée depuis 2008, en avait défini les contours dans l’un de ses livrets thématiques en 2022. L’Insoumis y définit la planification écologique comme une « méthode », avec « des objectifs et un calendrier de réalisation » élaboré par un Conseil à la planification écologique, sur la base de consultations auprès des citoyens. À en croire les ONG, Élisabeth Borne et son équipe se seraient largement inspirées de cette définition. « La grande démarche, c’est le dialogue avant les choix », rapporte Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, à l’issue de cette longue réunion avec l’équipe de la planification, quelques heures à peine après le premier conseil des ministres. « Nous avions en face de nous des gens motivés, qui avaient envie de se doter d’indicateurs, de balises », complète Bernard Chevassus-au-Louis, ancien président du Muséum à la tête d’Humanité et biodiversité. Une stratégie qui sera déployée au niveau ministériel, puisque « chaque ministère aura sa feuille de route pour la planification écologique », ajoute Arnaud Schwartz, président de FNE.


L’agriculture directement concernée

La nouveauté conceptuelle tiendrait peut-être dans l’intérêt porté par l’équipe de la planification écologique tant à la biodiversité qu’aux ONG elles-mêmes. Chez Humanité et Biodiversité, Bernard Chevassus au Louis n’hésite pas à saluer un « symbole », alors qu’Édouard Philippe n’avait donné suite à aucune des demandes d’entretien de son association. Allain Bougrain-Dubourg se réjouit, lui, d’un « très bon signal ». « C’est la première fois que les questions de biodiversité sont abordées aussi rapidement », confirme le naturaliste. D’après les ONG, la planification devrait bien concerner l’agriculture. « Ce gouvernement va continuer à porter au niveau européen et international le sujet des clauses miroirs, tout en faisant respecter notre droit de l’environnement », assure Arnaud Schwartz. Élisabeth Borne et son équipe auraient également souligné la place du secteur agricole dans la transition énergétique, comme source d’énergies renouvelables. 
Le sujet des pesticides ou la gestion de l’eau ont également été abordés, et la Première ministre aurait confirmé son intention d’avancer sur la Stratégie nationale Biodiversité française d’ici l’automne. « Nous avons en revanche évité de parler de la chasse », glisse Allain Bourgrain-Dubourg, alors que plusieurs ONG ont dénoncé la proximité de Marc Fesneau avec les chasseurs. Lors des nominations du gouvernement le 20 mai, Greenpeace avait dénoncé « l’échec d’Emmanuel Macron à débaucher une personnalité crédible pour l’écologie ». Surprises aussi de la nomination de deux spécialistes des questions économiques et industrielles à la tête de la transition écologique, les ONG présentes à la réunion du 23 mai semblent désormais plus convaincues des compétences de leurs nouvelles ministres. Allain Bougrain-Dubourg, qui sait Élisabeth Borne « sensible » aux questions de biodiversité, s’avoue ainsi « surpris » par la connaissance des dossiers d’Amélie de Montchalin. Mais au-delà de cette prise de contact chaleureuse, tous prévoient de juger sur pièce, à l’occasion du projet de loi de finances ou des discussions autour de la stratégie nationale sur la biodiversité. « La planification écologique n’est que l’une des manières possibles de piloter le système, nous verrons à l’usage », sourit Bernard Chevassus au Louis.

I.L.