VITICULTURE
Travail du sol : mieux se projeter et s’approprier les outils

L’entretien mécanique des sols est souvent difficile à dompter. Des démonstrations de matériels étaient organisées, à Saint-Désirat et Saint-Germain, par la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Travail du sol : mieux se projeter et s’approprier les outils
Du matériel classique, de types lames, outils rotatifs et décavaillonneuses, étaient présentés ainsi que d’autres plus innovants, comme la désherbeuse électrique.

Face à la disparition des spécialités commerciales herbi­cides et à l’absence de so­lutions concluantes en viticulture, tant en matière de ré­sistances que de sélection d’espèces, les technologies de désherbage alternatives constituent aujourd’hui un levier important. Le contexte de transition vers un mode de production plus respectueux de l’en­vironnement et une augmentation des surfaces en agriculture biologique entraînent également de nombreux viticulteurs à se tourner vers l’enherbement. Mais l’entretien des sols est souvent diffi­cile à dompter. « Le travail mécanique du sol demande beaucoup plus de travail qu’avec l’utilisation des traitements phytosanitaires, combiné parfois à différents types d’outils, et induit un coût particulièrement important cette année sur le gazole », indique José Guzman, conseiller spécialisé Viticulture Sud Ardèche et Agronomie à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Pour répondre à cette difficulté et orienter les viticulteurs, la Chambre d’agriculture de l’Ardèche a proposé diverses démonstrations de matériel de travail du sol1, à Saint-Désirat et Saint-Germain. Du matériel classique de types lames, outils rotatifs et décavaillonneuses, et d’autres plus innovants, comme la désherbeuse électrique. « Ces rencontres permettent de se projeter vers ce genre d’agriculture pour ceux qui n’y sont pas encore passés, de s’approprier les nouveautés pour les autres, voir comment elles fonctionnent afin de compléter leur propre matériel et optimiser le travail du sol. C’est aussi l’occasion d’échanger avec les concessionnaires, entre viticulteurs, et les conseillers et techniciens Chambre sur les alternatives au désherbage chimique », ajoute Amandine Fauriat, conseillère viticole Côtes du Rhône Septentrionales à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Du matériel adapté à tout type de terrain

Toute une palette d’outils a été présentée, adaptées à toutes sortes de terrains. « À Saint-Germain dans le sud du département, les démonstrations ont été réalisées sur une parcelle de viognier plate sans dévers, sans cailloux ou très peu, donc toutes les machines ont pu être mises en démonstration. À Saint-Désirat, c’était un peu plus compliqué, une zone avec un peu de dévers et de pente. » Conçus pour découpler le travail de l’inter-rang et du pied, des cadres porte-outils GRD ont été présentés par le fabricant Gard Potelières, de série ou sur-mesure, compatibles avec toute leur gamme d’interceps. Ces cadres GRD 2250 et 2300 permettent d’adapter l’entretien mécanique du sol à de multitudes situations rencontrées en viticulture : enherbement permanent ou temporaire, désherbage mécanique intégral ou partiel, travail du sol à l’année ou désherbage au printemps… Développée pour travailler le sol sous le rang de vigne, la lame intercep Braun Luv Perfekt était elle aussi au centre d’un atelier de démonstration. Sa conception modulaire permet d’adapter le travail aux conditions spécifiques des vignobles (montages frontaux, entre roues ou à l’arrière ainsi que sur des tracteurs enjambeurs) et d’y ajouter divers outils (tondo-broyeur, charrue à disque arrière, herse rotative, lame décavaillonneuse…).

A.L.

1. Les entreprises Bernardoni, Clemens Technologies, Egretier, Gard Potelières, Ferrand, ou encore Boisselet, ont animé les ateliers de démonstration.

Le désherbage électrique dans les vignes
Le matériel de désherbage électrique de la famille XPower (XPS), adapté à la viticulture, agit de manière systémique sur les mauvaises herbes et les plantes envahissantes afin d’en détruire les tissus et cellules.
MATÉRIELS ALTERNATIFS

Le désherbage électrique dans les vignes

Parmi les outils innovants, un matériel de désherbage électrique a été présenté aux viticulteurs.

Lors de cette journée de démonstration, une solution de désherbage électrique de la famille XPower (XPS) développée et adaptée à la viticulture a été présentée (coût : 110 000 €). Elle consiste à provoquer un choc thermique de manière systémique et ciblé sur les mauvaises herbes et les plantes envahissantes afin d’en détruire les tissus et cellules. L’énergie étant dirigée à travers la plante jusqu’aux racines, sans affecter le sol, l’eau ou les insectes. Ce système présente l’avantage d’éviter une repousse, les risques d’érosion du sol ou de stimulation du stock de graines des adventices, assure le constructeur. La couverture entre les ceps s’effectue grâce à un applicateur qui pivote sur trois axes de rotation. Le matériel se compose d’une unité arrière, montée sur un châssis à largeur réglable hydrauliquement, et de deux applicateurs latéraux :

  • L’unité arrière comprend une génératrice, une boîte de vitesses, des unités de puissance et une armoire de commande.
  • L’applicateur se compose de deux électrodes statiques et deux électrodes oscillant sur trois axes rotatifs passifs. La cinématique du bras intercep permet d’optimiser la zone de désherbage tout en respectant l’intégrité du cep/tronc.

Les configurations frontales sont possibles en utilisant des cadres standards.

Des résultats positifs sur un enherbement peu dense

Le désherbage électrique pourrait être une alternative intéressante pour les viticulteurs contraints de se passer de désherbage chimique, indique Amandine Fauriat, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Les apports de cette méthode sont d’ailleurs expérimentés dans le cadre des ateliers Tech & Bio. « Nous sommes dans l’observation plutôt que dans la mise en œuvre de cette méthode. Nous comparons un itinéraire classique de passages au sol à un itinéraire avec la désherbeuse électrique. Deux passages ont été effectués pour le moment, un troisième est prévu prochainement, et les résultats seront présentés lors de la journée technique Tech & Bio du 7 juillet à Cornas. Nous constatons que ça fonctionne relativement bien sur un enherbement annuel peu dense. En revanche, c’est beaucoup plus difficile sur des couverts plus denses avec des sols profonds. » L’électrification de l’herbe se fait par rapport à l’intensité de circulation de la sève dans le végétal, à privilégier à la suite de petites précipitations, précise-t-elle. Autre point de vigilance : cette technique ne doit pas être réalisée sur herbe sèche et durant l’été, face aux risques d’incendie. Sur la vigne, « tout pousse bien, mais nous sommes au tout début de l’expérimentation. C’est un matériel sur lequel nous avons encore peu de retours en termes d’impacts à long terme sur la vie du sol, la vigne ». Sur les parcelles en pentes difficiles à travailler et sensibles à l’érosion, le désherbage électrique sous forme d’outils portatifs non dangereux pour l’utilisateur pourrait être une solution intéressante, ajoute Amandine Fauriat.

A.L.