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Christel Cesana, portrait d’une agricultrice passionnée

Mylène Coste
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FDSEA / Le conseil d’administration de la FDSEA de l’Ardèche s’est réuni le vendredi 26 juin à Privas afin d’élire son nouveau bureau pour la mandature 2020-2023. Arboricultrice et viticultrice à Orgnac-l’Aven, Christel Cesana devient la première femme élue à la tête du syndicat. Elle entend se consacrer pleinement à la défense de l’agriculture ardéchoise.

Christel Cesana, portrait d’une agricultrice passionnée
Christel Cesana prend la présidence de la FDSEA de l'Ardèche.

Une femme à la tête de la FDSEA, c’est une première. « Je n’y avais même pas pensé, affiche Christel Cesana. Pour moi, c’est tout à fait naturel. D’ailleurs, le fait d’être une femme ne m’a jamais posé de problème dans le milieu agricole, qui, je crois, est beaucoup plus ouvert que d’autres sur cette question ! »

En 1990, lorsqu’elle s’est installée sur l’exploitation familiale après deux ans de passage de flambeau auprès de son père, les femmes cheffes d’exploitation étaient encore peu nombreuses. « J’ai toujours été passionnée par l’agriculture. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose : pour moi, c’était une évidence. » Une évidence presque inscrite dans l’ADN de Christel Cesana, née en 1969, l’année de la première récolte des cerisiers plantés par son père, du temps où son grand-père était encore chef d’exploitation. « En début de siècle, mes aïeuls faisaient du ver à soie à Orgnac, puis les générations d’après se sont mises à faire de la viticulture, puis des arbres fruitiers. À mon tour, j'ai développé la culture du cerisier que j'affectionne particulièrement. »

Après un bac professionnel agricole suivi d’un BTS viticulture et œnologie réalisé à Montpellier, la jeune femme prend ainsi les rênes de l’exploitation à Orgnac l’Aven, où elle a grandi.

Aujourd’hui associée à son mari et à son fils cadet Adrien au sein du Gaec « La Maréchale », Christel Cesana cultive 20 hectares de vignes dont quelques vignes-mères pour la production de greffons, 15 ha de cerisiers, 8 ha d’abricots bio, 5 ha de lavandin et 3 ha d’amandiers bio plantés il y a deux ans. « Jusqu’ici, tous les fruits partaient à l’expédition ; mais mon fils aîné Aloïs et sa compagne Charline vont s’installer sur l’exploitation avec un projet de transformation des déchets de cueille en confitures, jus, etc. L’idée est de trouver pour ces produits des débouchés locaux (marchés…), de même que pour les amandes. »

Hors de l’exploitation, cette Orgnacoise ne délaisse pas ses autres passions et notamment la première d’entre elles : la recherche de truffe. « Quand on aime quelque chose, on fait en sorte de trouver du temps ! » Avec plusieurs cordes à son arc, Christel Cesena fait également un peu de couture.

Engagée sur tous les fronts

Côté viticulture, Christel Cesana écoule toute sa production au sein du Cellier de l’Aven d’Orgnac, dont elle est depuis peu présidente. « J’ai adhéré à la cave coopérative dès que je me suis installée, et à 20 ans j’étais déjà au conseil d’administration. J’y suis profondément attachée, et ferai mon possible pour lui donner un souffle. Je suis confiante car nous avons une équipe très solide et solidaire. »

Élue à la Chambre d’agriculture pour la première fois en 2013, Christel Cesana s’est engagée au sein de la FDSEA tardivement, mais pleinement. « Cela a été une vraie découverte. Le syndicalisme m’a beaucoup apporté en termes d’échange : toutes les filières et tous les territoires y sont représentés, et chacune à sa place. Mais quels que soient nos parcours, on se rejoint tous sur la défense de notre agriculture. Pour moi, la FDSEA c’est avant tout une équipe. C’est un peu comme le peloton : il est porté par l’addition des efforts et des qualités de chacun des cyclistes. »

« Porter la voix de tous les agriculteurs ardéchois »

Originaire d’Orgnac-l’Aven, une « enclave » ardéchoise en terre gardoise, Christel Cesana puise dans ses racines son tempérament méridional. Mais son cœur est avant tout ardéchois : « J’aime profondément mon département, dans sa diversité. En tant que présidente de la FDSEA, je porterai la voix de tous les agriculteurs ardéchois. Il me tient à cœur de promouvoir la qualité de notre agriculture ».

Mylène Coste

De gauche à droite : Mickaël Giraud, Jérôme Volle, Dominique Laffont, Bernard Habauzit, Marlène Merle, Christel Cesana, Olivier Fraisse, Benoit Claret.

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« Faire corps avec la société »
Christel Cesana dans ces cerisiers, à Ognac-l'Aven.

« Faire corps avec la société »

ENGAGEMENT / Les enjeux qui traversent le monde agricole sont nombreux. Parmi eux, deux tiennent particulièrement à cœur Christel Cesana : l’adaptation au changement climatique et la place de l’agriculture dans la société.

 « Par-delà les problématiques spécifiques à chaque filière, tous les agriculteurs se confrontent aux mêmes enjeux, estime Christel Cesana. Le changement climatique en est le meilleur exemple. C’est une question que nous devons saisir à bras le corps. Elle poursuit : Les agriculteurs sont les premiers concernés par le dérèglement climatique, dont on observe les effets tous les jours sur nos exploitations. Nous sommes aussi porteurs de solutions pour l’environnement et la préservation biodiversité. »

Elle entend également poursuivre tout le travail déjà fourni par la FDSEA pour renouer le dialogue entre les agriculteurs et la société. « La communication doit être une priorité. Il faut absolument refaire corps avec la société, ne refaire qu’un. Avant d’être des agriculteurs, nous sommes des citoyens ! »

Les priorités de la nouvelle mandature

« Faire en sorte que les agriculteurs puissent vivre décemment de leur métier », en facilitant l’emploi sur les exploitations, en favorisant tout ce qui permet de gagner de la valeur ajoutée notamment via les signes de qualités, l’agriculture bio, la transformation, l’agritourisme…

« Préserver le foncier agricole », « à l’heure où la surface agricole utile (SAU) représente 23% seulement du territoire de l’Ardèche – dont une partie est accidentée et difficile à exploiter – , il est important de préserver et de sécuriser le foncier agricole », insiste Bernard Habauzit, secrétaire général de la FDSEA.

« Anticiper et s’adapter aux changement climatique », en développant des projets innovant de stockage de l’eau l’hiver, en accompagnant les filières dans la réduction des intrants et dans la recherche sur l’adaptation des variétés aux climat, en adaptant les systèmes d’assurance.

« Défendre l'Ardèche et ses spécificités », en plaidant pour que la Pac prennent en compte les spécificités ardéchoises (pentes et terrains accidentés, taille des exploitations, polyculture-élevage...), et en valorisant l'origine Ardèche et le « made in Ardèche ».