Si la récolte des châtaignes est largement contrastée cette année, la foule est toujours au rendez-vous lors des castagnades, célébration emblématique autour de la châtaigne dans les 11 villages du Parc Naturel Régional.

La châtaigne, star du week-end
La file d'attente pour les châtaignes ne désemplit pas. ©AAA_MMartin

Une odeur de châtaignes grillées embaume la place principale du petit village perché d’Antraigues-sur-Volane, fief de Jean Ferrat et du renouveau de la châtaigne. Après avoir grimpés les ruelles escarpées, petits et grands déboulent sur une place, investie pour fêter comme il se doit le fruit emblématique du département autour d’une rôtie de châtaignes.

Organisée par l’association Randamont et soutenu par le Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche, la castagnade d’Antraigues « attend entre 3 000 et 4 000 visiteurs sur tout le week-end, bien que nous soyons tributaires de la météo. Pour l’instant, c’est bien parti »,  s’enthousiasme Christian Ferrand, trésorier de l’association. « Cette année nous avons mis en place un pôle enfants avec des jeux en bois et nous avons changé la programmation musicale avec un groupe pop rock, afin d’attirer un public plus jeune pour qu’il se crée de beaux souvenirs », déclame le trésorier.

Une plongée sonore dans les châtaigneraies

À l’entrée du petit bourg, un dispositif visuel et sonore attend les visiteurs curieux de s’imprégner de l’univers de la châtaigne. Les photos d’un châtaignier évoluant au fil des saisons, immortalisé par Alexa Brunet, cohabitent avec une immersion sonore, imaginée par la compagnie Braquage sonore et Cie. L’acte deux de ce fil rouge, est une parenthèse sonore offerte au public qui prend place sur chaises et transats dans une pièce dédiée. Une "sieste sonore", accompagnée des acteurs qui ont façonné l’environnement et l’univers de la châtaigne. « Le visiteur n’a plus l’habitude de ne pas avoir de visuel, il est guidé par l’imaginaire », chuchote Simon, régisseur son.

Une fête qui remporte un franc succès

Dehors, la fête bat son plein. La file pour les rôties de châtaignes ne désemplit pas. « La particularité d’Antraigues est que les castanéiculteurs mettent toute leur production en commun pour la rôtie », relève Christian Ferrand. « La châtaigneraie d’Antraigues est en train de se redynamiser, avec de jeunes agriculteurs », assure-t-il. Deux tonnes de châtaignes, un mélange de Comballe et Bouche Rouge, sont prévues pour le week-end. La Comballe, variété spécialement sucrée a été victime de la sécheresse cette année. « Pour la cultiver, il faut aller à plus de 800 mètres d’altitude désormais », constate un castanéiculteur. Concernant la Bouche Rouge, « nous avons eu de très grosses châtaignes, très belles et d’autres qui ne sont pas allés jusqu’à maturité », note un autre producteur.

Les stands, proposent pour la plupart des châtaignes sous toutes ses formes : brisure, farine, crème, biscuits, gâteaux, et même tapenade ! Ce petit fruit à bogue se décline pour tous les goûts, preuve de l’engouement d’un public curieux et friand de découvertes culinaires et locales.

Marine Martin

Entre Alsaciens et Ardéchois, une longue histoire d'amitié
"L'association les amis des châtaigniers" participent à leur dernière Castagnade ©AAA_MMartin
RENCONTRE

Entre Alsaciens et Ardéchois, une longue histoire d'amitié

Il y a plus de 35 ans, Romain Siry, instituteur à Pfaffenheim (Alsace) engage un échange épistolaire avec le directeur de l’école d’Antraigues-sur-Volane après avoir entendu parler d’une drôle de ferme perdue dans la vallée dont le propriétaire est Jean Ferrat.

Après avoir échangés des lettres pendant plus de trois ans, l’alsacien et son groupe d’élèves descendent en Ardèche, faire la rencontre des habitants du village. « Nous avions apporté de la choucroute, une part a été portée à Jean Ferrat qui nous a invités plus tard dans sa grande ferme », se rappelle l’Alsacien. Une belle amitié se crée alors entre les villageois d’Antraigues et les habitants de Pfaffenheim : « Nous organisions des stages d’athlétisme ici ». Rapidement, l’amitié se développe autour du châtaignier, emblème local. « Chez nous, en Alsace, un vieux châtaignier trônait au centre de l’école et chaque année nous le célébrions. Nous savions les difficultés de la filière en Ardèche, il y a 10 ou 20 ans. Nous avons eu l’idée de mettre en place une fête de la châtaigne chez nous en faisant venir les Ardéchois d’Antraigues ça a eu du succès. Au bout de la cinquième fête, nous proposions des mets alsaciens à Antraigues. Les Ardéchois, montaient avec leur mets : la Bombine et la vente de châtaignes. » Plus tard, l’appui du PNR a donné à la fête, une autre dimension. « Cela fait désormais 26 fois que l’on descend. Des jeunes alsaciens sont venus tracer des sentiers, restaurer des murs en pierres sèches, cela a permis des échanges extraordinaires », réalise Romain Siry. Après des années de partage entre les deux départements, c’est la dernière fois que l’association Les Amis des châtaigniers se déplacent lors des castagnades. Une page se tourne.

Le fil rouge artistique dont le dispositif est déplacé sur chaque castagnade, propose une immersion visuelle et auditive dans la châtaigneraie. ©AAA_MMartin
Les Castagnades des Monts d'Ardèche se déroulent dans 11 villages. Ici, à Joyeuse. ©AAA_DR
Un travail collectif pour les castanéiculteurs en train de préparer les châtaignes à rôtir. ©AAA_MMartin
©AAA_MMartin
Les castagnades, rythmées par les activités et une ambiance musicale auront encore été un franc succès.©AAA_MMartin
Démonstration des différentes façons de greffer. En couronne ou en fente.©AAA_MMartin
©AAA_MMartin
©AAA_MMartin
©AAA_MMartin
Les résidents de l'EHPAD d'Antraigues avaient préparé des gâteaux aux châtaignes afin de récolter des fonds pour Noël.©AAA_MMartin