ÉLEVAGE
Adice : répondre aux besoins des éleveurs par le conseil

Pauline De Deus
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Après plusieurs années difficiles, Adice remonte la pente et multiplie les projets. Les détails des activités en Ardèche, Drôme, Isère et sur une partie du Gard, avec le directeur de la structure de conseil d'élevage, Hugues Villette.

Adice : répondre aux besoins des éleveurs par le conseil
En fin d'année, Adice a organisé ses assemblées de secteur en Ardèche, Drôme et Isère. ©AAA_PDeDeus

Quels sont les services de conseil d’élevage proposés ?

Hugues Villette, directeur d’Adice : « Si notre cœur de métier historique est la qualité du lait, aujourd’hui nous apportons des conseils dans des domaines bien plus larges. Cela peut être des thématiques techniques : les rations, la reproduction, l’alimentation, la qualité du lait, etc. Mais aussi des sujets économiques autour des coûts de production, des suivis de trésorerie ou bien un accompagnement administratif. Ce sont vraiment des services à la carte ! En fin d’année, on fait le bilan avec les éleveurs et on définit ensemble des objectifs pour l’année à venir. Que ce soit améliorer la quantité de lait, réduire les mammites, limiter les intrants, trouver une organisation de travail qui permette de terminer plus tôt le soir… Pour répondre aux besoins des éleveurs, on va proposer des outils et des heures de conseil. Selon le sujet, soit, on a les compétences en interne, soit, on fait appel à nos partenaires et si personne dans notre entourage ne peut répondre à l’éleveur, on va nous-même chercher une personne pour régler le problème. »

Quels autres projets de diversification sont menés par Adice ?

H. V. : « On va de plus en plus vers l’agronomie et l’agroécologie qui sont des enjeux forts… On est dans une période de transition où il y a des financements possibles pour accompagner les éleveurs à changer leurs pratiques, pour une meilleure préservation des sols, de l’eau, etc. Que l’on soit pour ou contre, ça va s’imposer dans les années à venir. Le parti pris de notre conseil d’administration est de dire qu’il faut faire profiter les agriculteurs des possibilités de financement offertes par la transition écologique, avant que cela nous soit imposé. On aide donc les éleveurs qui veulent s’engager dans cette démarche de transition (plus de pâturage, moins de labour, un apport d’engrais raisonné, etc.) pour qu’ils puissent également bénéficier de ces financements. Notamment en travaillant sur les diagnostics et les réductions d’émission de gaz à effet de serre de l’exploitation. Et de notre côté, ce sont des aides qui nous permettent de compenser la réduction du nombre de vaches sans faire peser toutes les charges supplémentaires sur les éleveurs. »

Comment vos services pourraient-ils encore évoluer à l’avenir ?

H. V. : « Il y a encore six mois, je pensais que l’intelligence artificielle était une technologie pour Google, l’armée ou les grosses structures, mais en élevage, on peut aussi s’en servir ! Chez Adice, par exemple, on collecte beaucoup de données qui ne sont pas valorisées. Et, grâce à l’intelligence artificielle, avec ces données, on pourrait passer du contrôle de performance que l’on fait aujourd’hui, au conseil prédictif. Actuellement, on propose une photographie de la production des animaux qui résulte de plusieurs facteurs (environnement, alimentation, météo, etc.). L’enjeu, c’est qu’avec les données collectées hier et aujourd’hui, on puisse estimer ce qui risque de se passer demain pour pouvoir alerter l’éleveur. Par exemple dire : telle vache a 90 % de risque de faire une mammite dans les prochains jours ou ces vaches en début de lactation pourraient avoir tel problème métabolique. On souhaite mutualiser le travail avec les structures de conseil en élevages en Auvergne Rhône-Alpes et Bourgogne Franche-Comté pour investir ensemble sur des solutions d’intelligence artificielle qui vont pouvoir aider les agriculteurs. »

Propos recueillis par Pauline De Deus

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C'est le nombre d'adhérents dont 70 % d'éleveurs bovins lait (26 965 vaches), 26 % d'éleveurs caprins (25 555 chèvres), 2 % d'éleveurs de bovins allaitants (503 vaches) et 1 % d'éleveurs ovins lait (723 brebis).

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Un solde positif retrouvé 

Après deux années de déficit de plus de 100 000 euros, en 2019 puis en 2020, Adice a retrouvé l'équilibre en 2021. En 2022, cette tendance se confirme avec un excédent de 122 000 euros.

Le cheptel se réduit

Adice est aujourd'hui présent en Ardèche, Drôme, Isère et sur une partie du Gard. Sur ces territoires, le cheptel des adhérents est passé de 36 000 vaches en 2016, à 27 000 aujourd'hui. Cette baisse de 25 % (concomitante à une réduction des subventions) est compensée par une hausse des tarifs, mais surtout une diversification des activités.

Des analyses de fourrage gratuites

Les adhérents d'Adice peuvent désormais bénéficier d'analyses de fourrage gratuites et illimitées (si un conseil est ensuite apporté). L'objectif : répondre le plus précisément possible aux besoins des vaches. Des enrubannages sur différentes parcelles, un silo utilisé en hiver ou au printemps... Selon les conditions, la qualité peut largement différer. « On encourage à faire de nombreuses analyses pour connaître la valeur nutritive précise de chaque fourrage », assure le directeur d'Adice.

Mardi 12 décembre, l'assemblée de secteur bovin lait d'Adice s'est tenu à Tournon au Gaec de la Route panoramique (également connu comme la ferme de Raffin). Les exploitants, Grégory et Valérie Beau, emploient quatre personnes et produisent 400 000 litres de lait bio chaque année (55 % collecté par Biolait et le reste est transformé à la ferme). ©AAA_PDeDeus
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