MOBILISATION
Coopal : « Contrats non respectés, producteurs méprisés ! »

Le 26 janvier, à l'appel de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, une mobilisation s'est organisée à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en soutien aux producteurs de la Coopal dont les contrats de production sont bafoués par leur opérateur Terra Lacta.

Coopal : « Contrats non respectés, producteurs méprisés ! »
Autour de David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Aura, Sabine Tholoniat, présidente FNSEA63 ; Éric Richard, président FDPL43 ; Stéphane Joandel, président de la section laitière régionale ; Daniel Coudert, président FDSEA19 et Jacques Cornelissen, président de la Coopal.©C.Rolle

« Mépris », « Écœurement » ou encore « Trahison ». Ces mots revenaient en boucle, le 26 janvier, sur la place de Jaude ou près de 200 agriculteurs s’étaient rassemblés à l’appel de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes en soutien aux 300 producteurs de la coopérative laitière Auvergne Limousin (Coopal) empêtrés dans un différend avec leur opérateur la SLVA, filiale de Terra Lacta. L’objet de la discorde ? Un prix du lait payé bien en deçà des prix pratiqués par d’autres opérateurs et, surtout, qui ne correspond pas au prix convenu dans un contrat négocié et signé avec la SLVA en avril 2020 - contrat par lequel les producteurs s’engageaient à produire un lait valorisé en lait de montagne, sans OGM, selon un cahier des charges strict.

Lourde dette envers les producteurs

Mais le respect de ce contrat « avant-gardiste » n’aura duré que quelques mois : en août de la même année, la SLVA décide unilatéralement de « s’asseoir » sur les accords et de ne pas tenir compte des indicateurs de fluctuation des coûts et des cours prévus dans le contrat pour fixer le prix. Une première puis une deuxième médiation sont alors tentées, en vain pour les producteurs qui, bien décidés à faire valoir leur droit, portent l’affaire devant le tribunal judiciaire. « Cette attitude de Terra Lacta et de sa filiale SLVA est une trahison du système coopératif. Je suis écœuré de voir qu’une coopérative exploite une autre coopérative, rage Stéphane Joandel, président de la section laitière régionale. Il suffirait de 5 centimes supplémentaires par litre pour que les producteurs de la Coopal retrouvent un prix correct, mais la SLVA a choisi de laisser pourrir la situation et de jouer la carte de l’épuisement auprès des 300 familles. » Une attitude « totalement méprisante », concède Éric Richard, président de la fédération des producteurs de lait (FDPL) 43. « Le dommage se chiffre actuellement à près de 4 millions d’euros (M€) d’impayés soit 12 600 € de perte pour chaque éleveur de la Coopal ! C’est inacceptable. Si la justice n’apporte pas de réponse favorable aux producteurs, cela voudra dire que la loi Egalim ne sert à rien. Les producteurs n’auront plus confiance ni dans la contractualisation ni dans la montée en gamme », peste le président altiligérien.

Un cas d’école

Dans l’ère de la contractualisation imposée par la Loi Egalim 2, le dossier de la Coopal fait office de cas d’école. « Nous avons un contrat tripartite construit en toute transparence ente les producteurs de la Coopal, le transformateur SLVA et les distributeurs, notamment Carrefour sur la filière lait de montagne, mais il n’est pas respecté ! C’est un mauvais coup porté dans le camp de la contractualisation, martèle David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Cela montre bien que malgré l’érosion de la production et des producteurs, l’état d’esprit des filières n’a pas changé. Pourtant, si nous n’arrivons pas à impulser une dynamique de prix pour donner des perspectives aux producteurs la production finira par être anéantie… Il nous faut donc absolument inverser la tendance ! » tempête-t-il. « La loi Egalim doit s’appliquer et les sanctions avec », persiste Stéphane Joandel. « Il est désormais urgent que l’État prenne ses responsabilités en sanctionnant les transformateurs récalcitrants qui ne respectent pas la loi, y compris dans l’affaire de la Coopal », clame Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme. La balle est désormais dans le camp de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). C’est du moins l’avis du préfet du Puy-de-Dôme, Philippe Chopin, qui a reçu les représentants de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes le 26 janvier, à l'issue de la mobilisation. « Nous avons échangé avec un préfet sincère qui entend faire appliquer la loi », a rapporté Stéphane Joandel à l’issue de l’entrevue. « On ne peut pas inciter les agriculteurs à contractualiser si dans les faits les contrats déjà existants ne sont pas appliqués », aurait convenu le préfet. Très impliqué dans ce dossier que terra Lacta semble vouloir faire traîner, le président de la Coopal Jacques Cornilessen ne veut pas baisser les bras. S’adressant à ses collègues producteurs de lait, il a déclaré : « La lutte est rude mais nous devons persévérer et rester solidaires. Nous irons jusqu’au bout car notre combat est juste ! »

C.Rolle