SEMENCES
Betterave fourragère : à Beaulieu, les portes-graines se portent bien !

Mylène Coste
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Depuis trois ans déjà, la plaine de Beaulieu réinvestit la culture de portes-graines de betteraves. Une production rendue possible par des conditions idéales et qui apporte de la valeur-ajoutée dans les exploitations.

Betterave fourragère : à Beaulieu, les portes-graines se portent bien !
Jérôme, Jean-Michel, Véronique et Jérémy Dours cultivent vignes, semences, céréales et portes-graines de betteraves fourragères dans la plaine de Beaulieu.

Dans la plaine de Beaulieu, la production de portes-graines ne date pas d'hier. « Nous avions arrêté durant des dizaines d'années, avant d'être à nouveau sollicités pour cette production il y a trois ans », indique Jean-Michel Dours. Proche de la retraite, cet agriculteur est aujourd'hui associé à son épouse Véronique, son frère Jérôme et son neveu Jérémy au sein de l'Earl La Gineste. Ensemble, ils cultivent une quarantaine d'hectares de vignes pour la cave coopérative des Coteaux de Jalès, et une centaine d'hectares de semences (maïs, tournesol, ail et un peu de sorgho) et céréales (blé dur, orge, pois chiche...).

Depuis trois ans, ils se sont à nouveau lancés dans la production de portes-graines de betteraves fourragères, pour l'entreprise KWZ France (Buzet-sur-Baïse, Lot-et-Garonne) spécialisée dans la production de semences. Comme eux, cinq exploitations de la plaine de Beaulieu produisent aujourd'hui des portes-graines. Les conditions de production y sont en effet idéales : des terrains argilo-calcaires profonds, et surtout un accès à l'eau via le réseau d'irrigation du Bas-Chassezac. Il existe toutefois de strictes contraintes d'isolement pour les parcelles, soit un kilomètres minimum des plantations de blettes, betterave rouges. Des rotations de 5 ans sont également nécessaires.

La plantation, étape la plus fastidieuse

« Nous avons commencé avec 1,80 ha en 2019, puis 3 ha en 2020, et 5 ha cette année, indique Jean-Michel Dours. Avant la plantation, la terre est enrichie avec un engrais bleu 12-10-18, de l'ordre de 500 kg/ha (variable selon les variétés). Cela permet de préparer le terrain pour la culture. » 

« Les plants, arrivent fin mars à la Cuma où ils sont triés, explique son neuveu et associé, Jérémy Dours. La plantation est l'étape la plus fastidieuse, car il faut planter à la main, soit 37 000 plants de femelles et 9000 mâles ! On dispose ainsi en alternance 6 rangées de femelles et 2 de mâles. Ensuite, il faut les rouler et les tasser, et mettre en place l'irrigation par aspersion. » Les besoins en eau sont en effet très importants, de l'ordre de 4000 m3 / ha en pour une saison.

Une fois la culture installée, les agriculteurs procèdent à deux désherbages courant avril, et un binage début mai. « Une fois que les plantes ont bien monté, on les épointe : c'est à dire que l'on coupe la tige principale pour favoriser la ramification sur les côtés, explique Jérémy Dours. On enlève ensuite les mâles à la fin de la floraison , en juillet. La récolte a lieu fin juillet/début août, une fois que la plante est arrivée à mâturation: c'est une étape délicate car la betterave est parfois sensible à l’égrenage. C'est pourquoi on la fauche, puis trois à quatre jours après, on attaque la moisson. » La récolte est ensuite séchée à la Cuma pour ramener le lot à une humidité inférieure à 15 %.

Des intérêts agronomiques et économiques

Les intérêts de la culture de portes-graines de betteraves fourragères sont multiples. Agronomiques d'abord, puisqu'elle constitue un bon précédent dans les rotations, qui libère la parcelle tôt pour installer dans de bonnes conditions une culture d’automne. « C'est notamment très intéressant pour préparer les sols pour un blé, par exemple, souligne Jean-Michel Dours. Attention, toutefois, il n'est pas conseillé d'installer une des portes-graines de betteraves après un maïs, une luzerne ou un tournesol ! »

L'autre intérêt, et certainement le principal, est économique. « Cette culture est très bien rémunérée : entre 7000 et 9000 € brut / ha selon les variétés, affirme Jérémy Dours. C'est bien plus intéressant que les céréales, les semences de maïs ou tournesol. Cette année, entre le gel qui a dévasté 70 % de notre récolte en vigne et la sécheresse qui a endommagé les céréales, heureusement que nous pouvons compter sur les portes-graines. »

Si cette production est bien valorisée, elle demande aussi des investissements en matériels (pour la plantation, la récolte, le séchage...) : « Nous avons investi dans du matériel au niveau de la Cuma, mais seuls, nous n'aurions jamais pu », indique Jérémy Dours, qui propose également des prestations de services en fauchage à ses confrères. Sans oublier les différents frais de mise en place de la culture (coupe, engrais, arrosage...) évalués à 4000 €/ha.

M.C.

La France, leader européen de la semence de betterave

Avec plus de 1 000 agriculteurs-multiplicateurs et 22 établissements producteurs, la France est le premier pays producteur de semences de betteraves sucrières et fourragères en Europe1. 39 pays du monde entier font d'ailleurs appel au savoir-faire français et cutive des semences de betterave d'origine française. C'est le cas de la Nouvelle-Zélande ou encore de l'Australie qui ont augmenté leurs importations de semences de betteraves fourragères ces dernières années pour l'alimentation de leurs troupeaux de vaches laitières.

415 variétés de betteraves sucrières et 40 en betteraves fourragères sont inscrites au catalogue français. Plus de 5000 ha de semences de betteraves (dont 287 ha de betteraves fourragères) sont en production dans l'Hexagone, dans 27 départements.

1. Selon les données de l'interprofession des semences et plants (Semae) pour 2020.
Les associés de l'Earl familial La Gineste viennent de terminer l'écimage.
Les associés de l'Earl familial La Gineste viennent de terminer l'écimage.