ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES
Les candidats ardéchois parlent d’agriculture !

Mylène Coste
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Si les Départements ont perdu la compétence « Agriculture », transférée aux Régions, ils peuvent toutefois agir sur l’environnement agricole par différents moyens. Quelle politique agricole entendent mener les candidats ardéchois aux élections départementales ? L’Avenir agricole les a interrogé sur quatre axes majeures. 

 

Les candidats ardéchois parlent d’agriculture !

- Laurent Ughetto (Parti socialiste - PS), liste « L'Ardèche, une équipe à vos côtés » : 17 binômes / 17 cantons

- Laurence Heydel Grillere (La République en Marche - LREM), liste « Unis pour l'Ardèche » : 5 binômes / 17 cantons

- Olivier Amrane (Les Républicains – LR) : 16 binômes / 17 cantons

- Céline Porquet (Rassemblement National - RN) : 17 binômes / 17 cantons

- Guillaume Vermorel (Europe Ecologie les Verts - EELV) : 5 binômes /17 cantons (2 en alliance avec l’Ardèche, une équipe à vos côtés et un avec Génération S)

- Mathieu Soares (Parti communiste français - PCF), groupe d’union PCF, France insoumise et Ensemble : 13 binômes / 17 cantons

1/ La loi NOTRe de 2015 a transféré les compétences de l’agriculture aux Régions. Pour autant, soutiendrez-vous l’agriculture et si oui, comment ?

Laurent Ughetto : « Nous souhaitons que le Département reprenne la compétence agricole, et serons quoi qu’il en soit aux côtés des agriculteurs. Outre les actions autour de la transition écologique qui ont pour priorités le foncier, les évolutions climatiques et les réflexions sur le stockage d’eau, nous proposons de créer un fonds calamités et une cellule d’urgence climatique, de développer de nouvelles filières (protéines végétales, légumineuses, PPAM...) et des points de ventes locaux, d’ouvrir la plateforme d’achat local « Mon collège s’engage » à toutes les structures de restauration collective. »

Laurence Heydel Grillere : « L'Ardèche est un territoire agricole et forestier où l’agriculture occupe près d’un quart du département. Même si la loi a transféré les compétences aux Régions, il est indispensable que le Département soutienne et valorise l’agriculture. Pour cela, le Département devra convaincre la Région de passer d’une politique de pansement à une politique de prévention en agissant en partenariat, avec pour priorité l'adaptation au changement climatique, la préservation du foncier agricole et la valorisation des produits agricoles ardéchois. »

Olivier Amrane : « C’est une évidence. L’agriculture est un pilier de l’économie ardéchoise. Nous nous appuierons sur la Région pour soutenir nos filières agricoles (châtaigne, viticulture, arboriculture). Il faut soutenir nos agriculteurs face aux aléas climatiques. Nous créerons un fonds d’urgence immédiatement mobilisable en cas de catastrophe naturelle (gel, sécheresse, grêle). À l’instar du Département de l’Isère, nous aiderons nos agriculteurs à se protéger avec par exemple l’acquisition de filets paragrêle. »

Céline Porquet : « L'agriculture est l'une des très importantes richesses de notre département. Nous créerons un fond d'urgence départemental dédié à l'agriculture afin d'aider rapidement nos agriculteurs face aux aléas climatiques et créerons un service départemental afin d'épauler nos acteurs économique locaux pour les dossiers d'aide, de soutien ou d'investissement. Nous créerons une commission "agriculture" avec l'intervention d'agriculteurs ardéchois afin qu'ils participent à la politique qui menée, en adéquation avec leurs attentes. »

Guillaume Vermorel : « Préserver le foncier agricole et favoriser l'agriculture paysanne pour la consommation alimentaire locale de qualité sont l'affaire de toutes les collectivités territoriales. Il faut aider les paysans à renouer avec la fierté de leurs produits, sans pesticides et souffrance animale, et à maintenir les paysages tout en agissant sur la santé. Ces missions méritent d'être soutenues avec force au travers des autres compétences départementales et permettront une juste rémunération. »

Mathieu Soares : « Au-delà du cadre légal imposé par la loi NOTRe, nous voulons soutenir notre agriculture dans toute sa diversité. Cela passe par l’appui à la structuration des filières et les débouchés concrets, notamment la commande publique et la restauration scolaire, ou encore l’accompagnement et la création de plateformes de grossistes pour fournir les collectivités. Nous organiserons des états généraux de l’alimentation pour définir avec tous les acteurs concernés cette politique agricole départementale. »

2/ Quelle place accorderez-vous à l’agriculture dans l’aménagement du territoire ? Que proposerez-vous concrètement pour préserver les terres agricoles ?

L.U. : « Au-delà du travail déjà réalisé avec les Panda, le Contrats territoriaux de transition agricole et alimentaire ou fermes en transition, pass territoires qu'il faudra accentuer, nous allons mettre en place un dispositif spécifique d'aide à l'acquisition de foncier pour préserver les terres agricoles, favoriser et accompagner l'installation d'agriculteurs mais aussi faciliter la transmission et ce, en lien avec les acteurs de la filière. »

L. H.-G. : « L’Ardèche est l’un des départements qui a le plus perdu de surface agricole. L’objectif de Zéro Artificialisation Nette de la loi climat peut contribuer à préserver les terres agricoles de l’extension des zones d’activité et du mitage.  Le Département doit convaincre et accompagner les communes dans la préservation des terres agricoles en utilisant tous les outils possibles pour limiter l’étalement urbain (CDPenaf, Zone agricole protégée, périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricole, Scot). »

O.A. : « Nos agriculteurs sont les premiers acteurs de la biodiversité et contribuent à la préservation de notre cadre de vie. Nous travaillerons avec tous les acteurs agricoles, sans esprit partisan, afin d’accompagner l’installation de jeunes agriculteurs en Ardèche. Pour préserver nos terres agricoles, le département devra nouer une véritable relation de confiance avec la Chambre d’agriculture et les syndicats agricoles. Nous serons intransigeants sur les projets qui menaceraient notre agriculture. »

C.P. : « Il est intolérable que des agriculteurs à Issarlès se soient fait expulser de leur terre pour l'implantation d'éoliennes dans l'indifférence du Département car rien n'a été fait en amont pour éviter cela. Nos terres agricoles, nos exploitations doivent être protégées, pérennisées sous toutes ces formes et ce sera un axe majeur de notre politique. Et nous mettrons un coup d'arrêt à l'implantation d'éoliennes qui est une véritable arnaque écologique car les éoliennes polluent nos terres, nos paysages et coûtent une fortune aux contribuables. » 

G.V. : « La place de l'agriculture paysanne bio va fortement augmenter en raison de l'augmentation de la demande. Préserver les terres agricoles devient donc prioritaire. Concrètement nous n'autoriserons pas les grands projets routiers ou de nouvelles ZAC, inutiles et coûteux qui artificialisent les sols au détriment de la biodiversité et de l'alimentation. Le département peut aussi acquérir des terres dédiées à l'installation de jeunes producteurs bio. »

M.S. : « Une place centrale ! Nous ne croyons pas que nos espaces ruraux soient figés. C’est l’activité agricole qui structure encore aujourd’hui l’espace et assure majoritairement l’aménagement de notre territoire et sa dynamique. Nous sommes convaincus qu’il faut plus de paysans dans notre département, d’où l’enjeu de l’installation et du foncier. Concrètement nous voulons créer un outil de stockage du foncier en lien avec les communes et les EPCI. Nous encouragerons ainsi les pratiques à faible impact écologique. »

3/ En matière de politique de l’eau, comment souhaitez-vous soutenir et orienter les usages agricoles ?

L.U. : « L’eau est l’enjeu majeur des prochaines décennies, non seulement pour l’agriculture mais pour tous les usagers.  Nous avons créé le Parlement de l’eau afin d’avoir un lieu d’échanges constructifs et objectifs pour trouver des solutions qui servent tout le monde. Dans l’Ardèche en transition, il y a aussi un volet important sur la sécurisation de la ressource (irrigation agricole et stockage).  L’eau est vitale à la vie, rien ne pousse sans eau, il nous faut garantir, dans un usage cohérent, l’eau nécessaire aux agriculteurs. »

L. H.-G. : « La première vocation de l’agriculture est de nous nourrir. Pour produire des denrées agricoles, il faut de l’eau. La sécheresse est devenue une réalité en Ardèche. Il faut donner aux agriculteurs les moyens de produire même en cas de sécheresse. Cela passe par l’accompagnement des agriculteurs dans la captation, le stockage et l’utilisation efficace et raisonnée des eaux pluviales, en respectant l’environnement. Le Département doit soutenir la profession agricole dans ses projets d'adaptation à la sécheresse, auprès des financeurs et de l’administration. »

O.A. : « Les épisodes de sécheresse se multiplient. Il est urgent de construire une vraie stratégie autour de l’irrigation de nos cultures et de nos prairies. Notre position est claire : nous faciliterons les projets de stockage d’eau tels que les retenues collinaires. Des aides spécifiques seront mises en place pour soutenir les projets d’irrigation en lien avec la Région. La gestion de l’eau dans notre agriculture est un enjeu essentiel pour les années à venir. Le Département devra être au rendez-vous. »

C.P. : « Nous souhaitons un partenariat clair et fort avec les collectivités locales, la compétence est ou le sera, transférée aux intercommunalités. Le risque comme pour toutes les compétences transférées, c'est que les petites communes ne soient pas entendues, ceci n'est pas pensable. »

G.V. : « Les scientifiques donnent raison aux écologistes sur le changement climatique. La période critique pour l'agriculture est un moment d'usage maximum de l'eau par les autres secteurs. Une politique d'aide doit donc limiter les consommations de chacun et agir dans trois directions : accroître le taux d'humus, prioriser l'irrigation aux productions de haute valeur pour la consommation locale et bio, stocker les eaux pluviales excédentaires par des ouvrages de petites dimensions. Protéger et entretenir les zones humides et les béalières est essentiel. »

M.S. : « Une question essentielle. Nous voulons trouver un équilibre dans l’adaptation de nos cultures aux changements climatiques, donc l’accompagnement à la sobriété en eau, tout en assurant une disponibilité en eau dans les périodes critiques. Si les grands barrages posent question, nous voulons mettre en débat la possibilité de petites retenues collinaires diffuses. Il s’agit également de soutenir l’équipement des exploitations, les régies publiques pour réduire les coûts et le développement des réseaux d’irrigation. » 

4 / Comment agirez-vous sur la promotion des produits agricoles ardéchois ?

L.U. : « La plateforme départementale d’achat « Mon collège s’engage » a pour but d’encourager le manger local / bio. En 2020 elle représentait 1 M€ de chiffre d’affaires pour les agriculteurs. Nous allons l’ouvrir à toutes les structures volontaires de restauration collective (maisons de retraite, lycées), gages de débouchés supplémentaires pour les agriculteurs. Nous valoriserons la filière agritourisme en nous appuyant sur la notoriété des produits ardéchois et sur les labels « Émerveillés par l’Ardèche » et « Goûtez l’Ardèche ». »

L. H.-G. : « Avec une trentaine de produits sous indication géographique protégée, plus d’un tiers des exploitations agricoles commercialisant en circuits courts, la promotion par Ardèche le goût et la marque Goûtez l'Ardèche, le Département de l’Ardèche peut aller plus loin en matière de promotion par l’exemplarité de ses commandes publiques de l’ensemble des établissements sous sa responsabilité. »

O.A. : « Pour promouvoir nos excellents produits ardéchois, rien de mieux que de les proposer à nos jeunes. Comme nous l’avons fait à la Région avec l’opération « la Région dans mon assiette », nous développerons la part du bio et du local dans la restauration collective gérée par le département, dans les collèges notamment. Il faut également soutenir les démarches de qualité portées par nos agriculteurs et nous appuyer sur des structures comme D’Ardèche & de Saison (DADS). »

C.P. : « Le localisme, c'est la politique de soutien à notre agriculture et de protection de l'environnement. C'est produire et consommer local. Tous nos marchés publics auront des clauses particulières afin de privilégier nos agriculteurs et nos acteurs économiques locaux. Nous mettrons en avant les métiers de l'agriculture et les bénéfices du "manger local" par des campagnes d'information dans nos collèges, et nos agriculteurs vendant nos produits locaux seront avantagés dans les marchés par une convention et une subvention avec la collectivité concernée. »

G.V. : « L’Ardèche est en retard sur les questions écologiques. En soutenant la conversion vers du 100% bio d'ici six ans, nous permettrons l'identification de notre territoire comme exemplaire avec une communication positive du département sur l'agriculture mais aussi sur la nature respectée et les paysages, la qualité et le goût ainsi que la santé. Pour l'organisation de filières locales, des structures de transformation, stockage et distribution seront soutenues pour la restauration scolaire et les Ehpad. »

M.S. : « En plus de la promotion qui existe déjà, il y a une vraie politique publique de l’alimentation à inventer. La qualité dans l’assiette est encore un enjeu de classe. Nous voulons rendre accessibles au plus grand nombre les produits locaux, de qualité. Nous lançons, dans ces élections, l’idée de créer un chèque alimentaire sous conditions de ressources. Il permettra d’acheter auprès des producteurs ardéchois ou de leurs distributeurs sur le modèle des tickets restaurants. »   

La question bonus !

Quel est votre péché mignon ardéchois

Laurent Ughetto : « Nous sommes une équipe, chacun a ses goûts mais nous sommes tous de grands consommateurs de produits ardéchois. »

Laurence Heydel Grillere : « Une planche “charcuterie, picodon” accompagnée de St Joseph »

Olivier Amrane :  « La caillette, un bon Cornas… Ce serait trop dur de choisir ! »

Céline Porquet : « Le viognier Vendanges d'octobre est juste un ravissement pour les papilles accompagné d'un assortiment de charcuterie ardéchoise. » 

Guillaume Vermorel : « Les glaces bio ardéchoises Terre Adelice (dont l'une des co-fondatrice -Véronique Rousselle- a été conseillère régionale écologiste) ! Ces glaces sont une vitrine pour l’Ardèche ! »

Mathieu Soares : « La crique, avec beaucoup d'ail et de persil ! »