DOSSIER SPÉCIAL RENTRÉE AGRICOLE
Les nouvelles technologies au service de l’analyse des sols et des ressources

Pierre Garcia
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INNOVATION / Pendant le confinement, le réseau des Digifermes® a mis en place une série de webinaires consacrés au développement du numérique en agriculture. Le 28 avril dernier, les débats ont tourné autour de l’utilisation des nouvelles technologies pour les sols et les ressources.

Les nouvelles technologies au service de l’analyse des sols et des ressources
Pour rendre l’observation des sols et des ressources plus précise, les chercheurs de Saint-Hilaire-en-Woëvre ont notamment travaillé sur deux outils en 2019 : le piquet fixe Field Sensors de Bosch (photo) et l’outil satellite Sentinel 2. ©Arvalis

Au sein du réseau Digiferme®1 , les chercheurs testent aujourd’hui des outils qui permettront demain aux agriculteurs de réduire leur dépendance aux intrants, d’économiser des ressources en énergies non-renouvelables, de mieux stocker le carbone ou encore d’augmenter la qualité de leurs ressources en eau. « Notre rôle est de mesurer l’intérêt technico-économique des nouvelles technologies pour l’optimisation des sols et des ressources agricoles. Les entreprises du numérique avec lesquelles nous travaillons nous fournissent du matériel que nous testons toute l’année dans nos fermes expérimentales. Nous transmettons ensuite nos conclusions aux collectivités territoriales, aux organisations agricoles et enfin aux agriculteurs pour qu’ils soient en capacité de choisir s’ils souhaitent ou non investir », explique Benjamin Collin, chargé de projet à la ferme expérimentale de Saint-Hilaireen-Woëvre (Meuse).

Des outils fixes et satellites

« Le changement climatique amène aujourd’hui des fluctuations qui remettent en cause de nombreux pré-requis pour l’analyse des sols et des ressources. La méthode du bilan, qui consiste à étudier les entrées et sorties sur la parcelle pour en estimer le rendement moyen sur cinq ans, devra par exemple être remplacée par des outils plus précis à l’avenir », détaille Caroline Desbourdes, spécialiste en agriculture de précision au sein du réseau Digiferme®. Pour rendre l’observation des sols et des ressources plus précise, les chercheurs de Saint-Hilaire-en-Woëvre ont notamment travaillé sur deux outils en 2019 : le piquet fixe Field Sensors de Bosch et l’outil satellite Sentinel 2. « L’utilisation du couple capteur / vecteur est utile pour établir un cahier des charges précis des données de surface foliaire. Le capteur fixe offre une résolution temporelle qui se révèle complémentaire avec l’approche spatiale du satellite », indique Pascaline Pierson, responsable de la station expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre. « Des tests seront encore menés tout au long de l’année 2020. Nous allons développer des capteurs offrant un pilotage dynamique de la fertilisation azotée et une meilleure mesure de la teneur des sols en chlorophylle. Nous nous intéressons également à des robots d’observation autonomes de petite taille qui, une fois placés au plus près des plantes, permettent de mesurer plus précisément la biomasse. Notre objectif est de parvenir à une sortie commerciale d’ici deux ans », ajoute Pascaline Pierson.

Une caractérisation des sols plus précise

Les chercheurs de la Digiferme® de Saint-Hilaire-en-Woëvre se sont également intéressés à la technique de la résistivité de Geocarta. Le principe est simple : un maillage régulier de capteurs envoie de l’électricité dans le sol, entre 0 et 1 m de profondeur, afin de fournir des informations précises sur la composition du sol et de produire ensuite une carte de rendement. Combinée à l’utilisation de données satellites, la carte de rendement offre à l’agriculteur une vue d’ensemble plus précise. « L’efficacité de la résistivité peut varier suivant les zones traitées, la profondeur et la teneur en argile de la parcelle. Mais à partir de cinq prélèvements par hectare, on constate qu’elle se révèle efficace pour caractériser la variabilité des éléments chimiques présents dans le sol. Bien sûr, les cartes de rendement ne peuvent être utiles sans une bonne connaissance de la parcelle par l’agriculteur », conclut Pascaline Pierson. À l’automne, une nouvelle campagne de caractérisation des sols sera menée sur six parcelles de la station de Saint-Hilaire-en-Woëvre. Les chercheurs travailleront cette fois sur des outils utilisant la lumière infrarouge pour modéliser les teneurs.

Pierre Garcia

1. Le label Digiferme® a été créé en 2016 par Arvalis, Institut du végétal, en partenariat inter-instituts (Idele, ITB, Terres Inovia et l’Acta).