VOLAILLES DE CHAIR
Améliorer l’impact environnemental des élevages

La journée volailles de chair de l’Itavi à Valence (Drôme) le 23 novembre a permis de faire le point sur le développement de l’application Cap’2ER pour l’aviculture et l’intérêt des méthodes d’enrichissement dans les bâtiments pour le bien-être des poulets. Un vétérinaire a expliqué les méfaits causés par l’enterococcus cecorum, une bactérie qui a provoqué des dégâts pour la première fois en 2023 dans des élevages de poulet standard du Sud-Est.

Améliorer l’impact environnemental des élevages
Pour Enora Caron, en charge des évaluations environnementales à l’Itavi : « Optimiser son empreinte environnementale passe inévitablement par une optimisation de ses performances techniques ». ©LG

Pour mieux connaître les impacts environnementaux et les contributions positives de son élevage de volailles, les exploitants vont disposer en 2024 de l’application Cap’2ER1 développée pour les ateliers avicoles. Cette méthode d’autodiagnostic se veut un outil d’aide à la décision. « À l’origine, explique Enora Caron en charge des évaluations environnementales à l’Itavi, l’adaptation de l’outil Cap’2ER pour l’aviculture n’était pas à visée réglementaire, mais destinée aux techniciens et éleveurs afin qu’ils aient une connaissance plus précise de l’empreinte environnementale des ateliers et qu’ils mettent en place des pratiques pour la diminuer tout en positionnant leur exploitation par rapport à une référence. »

Toutefois, des Régions, Bretagne ou Auvergne-Rhône-Alpes par exemple, se préparent à conditionner l’accès à des aides à l’investissement à la fourniture d’un diagnostic CAP’2ER niveau 1 ou 2 selon les cas. Le niveau 2, outil de diagnostic pour calculer les réductions d’émissions carbone, permettra de justifier l’attribution de crédits carbone (1 crédit carbone = 1 tonne eq CO2 évitée. N.D.L.R.) dans le cadre de projets Label Bas Carbone (dispositif national)2.

Le niveau 1 bientôt opérationnel

Si l’on considère les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur avicole français, qui ne représentent que 3 % des émissions totales du secteur agricole, l’utilisation de l’application Cap’2ER se justifierait peu pour les éleveurs de poulets et producteurs d’oeufs à la différence des exploitations de ruminants par exemple. Il n’en est rien cependant car cet outil prend en compte bien d’autres critères environnementaux. Le niveau 1 de Cap’2ER permet d’enregistrer, pendant une heure, une trentaine de données portant sur les performances techniques du système de production et la consommation d’énergie de l’atelier. Les résultats présentés explicitent les contributions positives de l’atelier : maintien de la biodiversité, stockage carbone (sur parcours et abords) et performance nourricière (nombre de personnes nourries par an selon le niveau de protéines). Le calcul de l’empreinte carbone nette est effectué, ainsi que le bilan d’azote simplifié pour l’atelier et les émissions d’ammoniac. L’éleveur obtient également un bilan de ses consommations d’énergie.

Quant au niveau 2 de l’application, il concernera l’exploitation dans sa totalité, représentera 250 à 300 données à saisir, soit une tâche d’une demi à une journée. Il permettra de construire un plan de progrès pour l’exploitation. Enora Caron défend l’utilisation de Cap’2ER : « Optimiser son empreinte environnementale passe inévitablement par une optimisation de ses performances techniques ».

Louisette Gouverne

Pour information : https://label-bas-carbone.ecologie.gouv.fr/

1. Cap’2ER ou Calcul Automatisé des Performances Environnementales pour des Exploitations Responsables
2. Dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone, le secteur agricole va devoir réduire d’ici 2050 ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 46 % par rapport au niveau de 2015.

BIÊN-ÊTRE DES POULETS

Quels objectifs choisir pour favoriser l'exploitation ?

Les volailles aiment explorer leur environnement, picorer, gratter. Pour améliorer leur bien-être, il est recommandé aux éleveurs d’enrichir l’espace de leurs bâtiments d’élevage de ficelles, perchoirs, balles de paille, etc. Quels dispositifs choisir, pour quelle espèce, à quel prix ? Une étude de l’Itavi répond à ces questions.

Pour satisfaire les besoins comportementaux des volailles en élevages et se conformer au cahier des charges du label ECC1 par exemple, il est préconisé – et cela dès leurs premiers jours de vie - d’enrichir leur espace de divers dispositifs afin de répondre à la nécessité des animaux de se percher (pour leur offrir un repos de qualité en sécurité), mais aussi d’explorer et cartographier leur environnement et encore de rechercher de la nourriture. Pour le perchage, les zones de repos et l’exploration, a expliqué Auriane Foreau, chargée de mission bien-être animal à l’Itavi, les éleveurs (référents bien-être animal de leur élevage) préfèrent souvent recourir aux ballots de paille (à raison de 2 de 15 kg pour 1000 volailles). Ils peuvent être fabriqués sur la ferme et s’éliminent au vide sanitaire. Le coût est de 0,15 €/m²/lot ; il faut veiller à ne pas placer les balles en zones humides et rester attentif à la qualité de la litière. Autre dispositif intéressant, les plateformes adaptées aux poulets à croissance rapide grâce à leurs rampes d’accès qui permettent aussi aux volatiles de se sentir en sécurité en dessous. Cependant leur coût est élevé, 3 500 € pour 1 500 m² de bâtiment. Leur manutention n’est pas aisée et le nettoyage assez long.
En revanche, les perchoirs en A (préférés aux perchoirs linéaires) ne sont pas adaptés aux souches à croissance rapide ; leur coût est de 0,42 € m2/lot, la manutention et le nettoyage sont pénibles.

Pour l’exploration

L’exploration de l’environnement peut selon l’Itavi être satisfaite par quatre types de dispositifs : les ballots de paille, les ficelles et cordes en fibre naturelle, les CD et blocs à picorer (les plus chers). Enfin, les bacs à bain de poussière (du sable à gros grains) peu chers à mettre en place peuvent stimuler l’exploration des volatiles ou font office de zone de repos. Il est indispensable de vider et désinfecter le sable entre chaque lot. Globalement, il est conseillé d’associer plusieurs types d’enrichissement dans un bâtiment afin de mieux satisfaire divers besoins des volatiles.

L. G.

1. ECC : European Chicken Commitment est un cahier des charges établi depuis une initiative lancée par des ONG européennes revendiquant le bien-être animal, et adopté par la distribution.