CAPRIN
Laurent Balmelle prend la tête du comité régional de filière caprine

Mylène Coste
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CAPRIN / Éleveur caprin et fromager fermier à Ribes, Laurent Balmelle succède à Frédéric Blanchard à la présidence de Caprin Auvergne Rhône-Alpes (Aura) et du comité régional de la filière. Le point sur les défis qui l’attendent.

Laurent Balmelle prend la tête du comité régional de filière caprine
Laurent Balmelle

Quels sont les principaux chantiers qui vont mobiliser la filière ?

Laurent Balmelle : « Le premier défi qui nous attend est le renouvellement du plan de filière régional qui se termine fin 2021. Il nous faut dès-à-présent nous positionner pour garantir une continuité des financements de la Région Aura, et définir nos priorités. C’est un gros travail, mais tous les acteurs de la filière caprine régionale (appellations, laitiers, fromagers...) sont d’ores-et-déjà autour de la table pour avancer sur le sujet. »

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur la filière caprine régionale ?

L.B. : « Cette crise a rebattu pas mal de cartes et a mis en exergue l’attachement des consommateurs aux circuits courts. La montée en gamme et la valorisation de nos produits est donc un vrai défi. Nous avons déjà plusieurs AOP dans la région, et notamment l’appellation Picodon en Ardèche, mais d’autres signes de qualité sont en train d’émerger à l'instar du Caillé doux de Saint-Félicien, et c’est très positif. Cette montée en gamme vaut autant pour le fromage que pour la viande. »

Justement, comment revaloriser la viande de chevreau, durement éprouvée par la crise ?

L.B. : « Nous avons mobilisé les pouvoirs publics pour soutenir le portage en congélateurs des stocks de la saison dernière, qui n’ont pas pu être écoulés durant la crise. Une campagne nationale de promotion de la viande de chevreau est menée par Interbev, et nous travaillons avec les trois plus importants abatteurs nationaux pour mettre en avant notre viande au niveau commercial. Il nous faut tout faire pour promouvoir cette viande de qualité, et la viande caprine de manière générale. Rappelons-nous que la viande caprine est la plus consommée dans le monde, mais reste marginale en France. Pourtant, ceux qui y goûtent y reviennent, et je le vois tous les jours avec les clients sur ma ferme ! »

Vous évoquez aussi des difficultés sur le lait cru…

L.B. : « Aujourd’hui, le fromage au lait cru est dans le collimateur des autorités sanitaires qui nous imposent toujours plus d’analyses et de contraintes, et mettent une pression très forte sur les producteurs de lait cru. L’administration recommande même d’éviter le lait cru pour les enfants de moins de 5 ans. Nous sommes conscients qu’il peut y avoir un risque sanitaire, mais les cas restent très rares et les producteurs n’ont jamais fait autant d’efforts pour être irréprochables en matière de sécurité sanitaire. La pression de l’administration me semble démesurée, et nous prônons au contraire la diversité alimentaire. Des études démontrent les propriétés protectrices du lait cru contre certaines allergies ! Dans cette bataille, le grand public est d’ailleurs à nos côtés et regarde avec bienveillance les produits au lait cru. »

Quel message souhaitez-vous porter auprès des éleveurs de la région ?

L.B. : « Je suis assez inquiet de constater aujourd’hui que, sur les 1200 éleveurs caprins et ovins de Rhône-Alpes, seuls 400 à 600 sont fédérés dans un syndicat ou un organisme professionnel. Je voudrais aller vers tous ses éleveurs qui se sentent peut-être isolés, pour leur dire que nous avons une filière structurée au niveau régional et qu’ils peuvent venir vers nous pour toutes les difficultés qu’ils traversent. Enfin, il nous faudra poursuivre le travail de renouvellement des générations en élevage caprin, laitiers autant que fromagers. »

Propos recueillis par Mylène Coste

Une équipe renouvelée

Laurent Balmelle s’entoure de deux vice-présidents : Damien Brunet, producteur dans la Drôme, est élu vice-président représentant des producteurs caprins fromagers fermiers, tandis que Laurent Forray, actuel président du comité Lait de chèvre au Criel, est désigné vice-président représentant le secteur laitier.