FORMATION
L’apprentissage, un levier de réussite pour les jeunes

Si les préjugés persistent, l’image de l’apprentissage dans notre pays est aujourd’hui en train d’évoluer. Qualité de formation, niveau d’insertion supérieur sur le marché du travail... Les avantages de l’apprentissage sont nombreux et séduisent chaque année toujours plus de jeunes.

L’apprentissage, un levier de réussite pour les jeunes
Manon Faivre-Roussel, apprentie de 18 ans et son maître d'apprentissage, l'agriculteur Dominique Dupérier. ©Manon-Faivre-Roussel

Longtemps à la traîne, la France semble aujourd’hui prête à s’ouvrir à l’apprentissage. Promulguée le 5 septembre 2018, la réforme de l’apprentissage est venue concrétiser une volonté de le rendre plus attractif pour les entreprises et les apprentis. Un changement de cap qui semble porter ses fruits puisque la France approche aujourd’hui les 495 000 contrats d’apprentissage, en hausse de 40 % par rapport à 2019. « On recrute de plus en plus dans les filières d’apprentissage, notamment pour les métiers de l’hôtellerie, la restauration, le commerce ou encore l’informatique. Les métiers agricoles ont aussi le vent en poupe », explique Claire-Lise Oudin, cheffe de pôle à la Draaf Auvergne Rhône-Alpes. Des perspectives encourageantes qui ne masquent pas pour autant quelques lacunes qu’il conviendra de corriger dans les années à venir. Les métiers de l’agroalimentaire, par exemple, souffrent aujourd’hui encore d’un déficit d’image important alors que près de 30 000 emplois sont disponibles. « À la différence de l’agriculture, le grand public a encore du mal à visualiser les métiers derrière l’agroalimentaire. Il existe également une méconnaissance de nos métiers par Pôle emploi, nous travaillons avec eux pour qu’ils soient mieux représentés à l’avenir », ajoute-t-elle.

« Une réussite plus accessible »

Pour le jeune, la signature du contrat qui le lie à la fois à son établissement de formation et à son entreprise représente un acte fort de responsabilisation. Cette confrontation au « monde des adultes » lui permet non seulement de mûrir et de se responsabiliser mais aussi d’apprendre au quotidien un métier. Une formule qui séduit aujourd’hui autant les jeunes en difficulté que ceux qui réussissaient jusqu’ici leur parcours scolaire. « Ce que recherchent vraiment les jeunes dans l’apprentissage, c’est une réussite plus accessible. Grâce à leur formation et à l’expérience acquise, ils peuvent choisir d’aller encore plus loin dans leur formation ou de s’insérer directement dans le monde du travail », affirme Pierre Millet, directeur de la fédération régionale des maisons familiales rurales (MFR) d’Auvergne-Rhône-Alpes. Le taux d’insertion dans la vie active, justement, se révèle particulièrement attractif pour les jeunes ayant suivi un parcours d’apprentissage. Au sein du réseau MFR par exemple, il atteint 90 % au niveau BTS et plus de 80 % pour les niveaux de formation inférieurs. « Bien souvent, les jeunes qui s’insèrent sur le marché du travail par l’apprentissage accèdent plus facilement à des CDI et à des niveaux de rémunération plus élevés que les jeunes ayant suivi un cursus classique », ajoute Pierre Millet.

Maîtres d’apprentissage et apprentis y trouvent leur compte

Éleveur laitier et producteur de fromage à Jarsy (Savoie), Dominique Dupérier fait partie de ces agriculteurs convaincus par l’apprentissage. « La plupart des jeunes viennent de MFR ou de lycées agricoles. Le fait d’avoir un apprenti ne m’apporte aucune contrainte, au contraire je gagne beaucoup de temps dans la journée », explique-t-il. Traite, soin des animaux, aide pour la transformation du lait ou travaux d’entretien, les tâches qu’il confie à ses apprentis donnent à voir la réalité du métier d’agriculteur. « Je ne veux pas leur mentir sur ce qui les attendra plus tard quand ils s’installeront. L’objectif est qu’au moment où ils termineront leur formation, cette expérience leur serve à être en phase avec leurs envies pour la suite ». Un discours sincère qui a convaincu Manon Faivre-Roussel, apprentie de 18 ans en BTS ACSE (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) à la MFR Les Dronières de Cruseilles (Haute-Savoie). Sur l’exploitation depuis juillet 2020, elle a signé un contrat d’apprentissage de deux ans et alterne désormais deux semaines sur l’exploitation et deux semaines en école. « Au travail, j’apprécie la variété des tâches et les moments d’autonomie que l’on me laisse de plus en plus. Je vis avec toute la famille, cela me permet de découvrir la vie d’une exploitation et de me sentir accueillie. Je suis rémunérée environ 660 € par mois, c’est motivant aussi pour un jeune de pouvoir être un peu indépendant », raconte-t-elle.

Pierre Garcia

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