COOPERATION
TOP Semence fête ses 70 ans

COOPERATION / Avec ses 70 ans d’expertise, la société TOP Semence est devenue un acteur majeur de la production de semences de grandes cultures. Basée à La Bâtie-Rolland dans la Drôme, elle s’appuie aujourd’hui sur le potentiel de douze coopératives agricoles situées dans le quart Sud-Est de la France.

TOP Semence fête ses 70 ans
L’équipe technique de TOP Semence réalise des essais et des travaux de recherche, afin de développer la gamme d’espèces produites et de sélectionner les meilleures variétés en fonction des conditions agro-climatiques.

« 2020 est l’année des 70 ans de notre entreprise et nous avions prévu un évènement fort et convivial à la mi-juin. Le Covid-19 ne nous a pas permis de le maintenir sur cette version initiale. Une série d’actions va rythmer les mois à venir pour marquer auprès de nos adhérents, fournisseurs et clients, cet anniversaire », ont confié, conjointement, Didier Nury, directeur général et Yves Courbis, président de l’Union. Retour sur l’histoire de cette société, aujourd’hui leader en production de semences hybrides et autogames.

De 1950 à 2000...

21 décembre 1949. TOP Semence voit le jour, sous le nom d’Union des coo-pératives agricoles de céréales et se-mences de la vallée du Rhône (OCCS), à La Bâtie-Rolland (Drôme). Au départ, l’Union collecte des céréales et appro-visionne les agriculteurs en semences de blé dur, la toute première espèce de l’histoire de TOP Semence. C’est dans les années 1950 que le domaine de la Vesc est créé : une station expérimen-tale qui, au fil des années, va permettre aux techniciens salariés d’effectuer des essais et des travaux de recherche sur une surface de 40 hectares, et ainsi, de développer la gamme d’espèces produites. Le centre d’expérimentation de la vallée du Rhône (CEVR) permet de réaliser le travail de sélec-tion pour les variétés d’ail et de pois chiche, pour lesquelles TOP Semence est obtenteur. Cela permet également à l’équipe technique d’aider au réfé-rencement des variétés, en fonction des conditions agro-climatiques. De plus, la station est un outil précieux dans la validation, a priori et a pos-teriori, des lots de semences, afin de vérifier la qualité du process. Pour finir, les 40 ha accueillent régulièrement des essais spécifiques dans un souci d’amélioration de l’accompagnement des agriculteurs : densité des semis, irrigation, réduction de produits phy-tosanitaires, etc. Tout en poursuivant son activité de recherche et développement, TOP Semence met un accent tout particulier à moderniser ses outils de production et développer ses gammes. Cet élan précurseur était déjà présent dans les années 1970 : TOP Semence figurait parmi les fondateurs du club de sélection du tournesol, espèce pour laquelle l’Union est devenue leader.

De 2000 à 2020...

L’expérience, la passion et le savoir-faire des salariés et techniciens de l’Union ont contribué à une dynamique vers l’excellence que la société recherche continuellement. Au début des années 2000, il devenait primordial d’acquérir des outils industriels en phase avec les exigences des clients. Sans cesse, l’Union doit s’adapter aux évolutions sociétales et répondre aux attentes des agriculteurs multiplicateurs de semences. L’année 2018 a d’ailleurs été une année charnière pour l’Union qui a connu une belle progression, en signant un record historique de surfaces, dépassant pour la première fois les 8 000 ha de semences. Et pour affirmer davantage cette recherche de l’excellence, TOP Semence a aussi enregistré, en juillet dernier, l’adhésion de la coopérative la Dauphinoise, qui permet la création d’un pôle semences à une échelle territoriale fortement élargie, correspondant au quart Sud-Est de la France. « Celui-ci va permettre à l’Union d’être mieux armée face à l’excellence que le monde de la semence demande », prévient Didier Nury, le directeur. Ainsi, grâce à ce rapprochement, TOP Semence confirme sa présence depuis l’Ain (contreforts du Jura) jusqu’à la Camargue, Montpellier (Hérault) en passant par toute la vallée du Rhône et de la Durance et fait, de cette union de coopératives, un acteur européen majeur de la production de semences de grandes cultures, avec au total 14 000 ha dont 1 000 en agriculture biologique, 200 employés et 55 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Dans un monde semencier de plus en plus concurrentiel, il était important de me-ner à bien une réflexion stratégique pour l’évolution de TOP Semence pour les années à venir », précise Didier Nury.Dans ce contexte, il convenait ainsi aux deux entités d’unir leurs compétences. La nouvelle configuration de TOP Semence proposera, sur une grande région Sud-Est-vallée du Rhône, un éventail inégalé de conditions agroclimatiques. Elle permettra de produire l’ensemble des espèces de grandes cultures européennes et d’associer au mieux les caractéristiques variétales avec les conditions agronomiques, ceci sur l’ensemble des plages de préco-cité. L’outil industriel de dernière gé-nération, ainsi constitué, assurera une gestion optimale de toute la chaîne de fabrication et d’expédition. L’objectif étant bien de fournir aux partenaires obtenteurs une offre unique en termes de diversité, de fiabilité et de qualité.

Et après ?

Pour renforcer son attractivité, TOPSemence poursuit ses recherches pour préparer l’alimentation et les matières premières agricoles de de-main. Elle est aujourd’hui en capacité de proposer 22 espèces différentes et s’intéresse de plus près à des filières spécifiques : le chia, le chanvre, le lin, l’épeautre, etc. Pour exemple, les protéines végétales sont en plein essor. Dans ce domaine, si la part de marché de TOP Semence est essentiellement en France, les perspectives à l’export sont intéressantes. Déjà positionnée aux États-Unis, en Allemagne et en Belgique, l’Union souhaite exporter à hauteur de 30 % d’ici 2025.Le développement des semences biologiques est également à l’ordre du jour. Le site de La Bâtie-Rolland devrait à terme être dédié au bio et au zéro résidu. « Notre savoir-faire au champ est reconnu et notre territoire s’y prête bien », annonce Didier Nury. Enfin, l’un des axes majeurs de dé-veloppement de l’Union repose sur la création d’un axe de recherche et production afin d’améliorer toutes les techniques de production au champ : « nous souhaitons produire mieux, de manière moins couteuse, en réduisant l’impact sur l’environnement », conclut le directeur.

Amandine Priolet

“ C’est un défi quotidien que de conforter notre place de leader ”

QUESTIONS À... / Yves Courbis, président de l’Union TOP Semence. Agriculteur et multiplicateur de semences à Allan (Drôme), il donne sa vision sur l’évolution de la coopérative et de la filière semences.

Que retenez-vous de votre entrée à l’Union TOP Semence en tant qu’agri-culteur multiplicateur ?
Yves Courbis : « Je me souviens avoir signé mon premier contrat de se-mences de tournesol en 1978, l’année même de mon installation, sur deux ou trois hectares. J’ai ensuite donné une orientation 100 % semences à mon exploitation en 1990 avec l’ar-rivée de l’irrigation sur la commune d’Allan. Pour ma part, adhérer à TOP Semence était un moyen d’obtenir la sécurité par le biais de productions contractualisées et donc, de sécuriser mon revenu. Par ce biais, je n’avais pas d’inquiétudes à me faire sur la commercialisation de mes céréales. À l’époque déjà, l’Union était un leader de proximité dans le monde semencier et bénéficiait d’une reconnaissance déjà actée. Depuis toujours, cette coo-pérative a un esprit mutualiste que je revendique encore aujourd’hui, avec des moyens humains attachés à un territoire. »

Quel regard portez-vous sur l’évo-lution de la coopérative ?
Y. C. : « Elle a su maintenir sa place de leader, de référence dans le milieu de la semence. Faire ce constat l’an-née des 70 ans de l’Union est assez agréable (rires). Cela a été possible grâce à l’investissement des Hommes. Notre pyramide des âges est relative-ment jeune et c’est pour moi un signe de dynamisme. La jeunesse apporte de la nouveauté et de l’innovation. En tant que jeune retraité, je suis très attentif à cette génération qui propose des synergies intéressantes pour l’entre-prise. Aujourd’hui, c’est un défi quo-tidien que de conforter notre place de leader, un challenge pour l’ensemble de l’équipe. »

Quelle est votre vision sur le monde des semences ?
Y. C. : « Comme dans l’ensemble des métiers liés à l’agriculture, le monde des semences présente une valeur indispensable dans le maintien de la chaîne alimentaire. Que ce soit à des-tination humaine ou animale, la graine est la base de l’alimentation. Alors que nous entendons beaucoup parler d’au-tonomie alimentaire en cette période de crise sanitaire, j’estime qu’il est in-dispensable de communiquer encore davantage, et de manière plus appro-fondie, auprès des consommateurs. Notre métier à TOP Semence est de mettre à disposition des agriculteurs des semences les plus adaptées. Nous devons être en capacité d’en informer la société, qui est en droit de se poser des questions. »

Quels sont les principaux enjeux auxquels TOP Semence se prépare à répondre ?
Y. C. : « Pour faire face à la concur-rence exacerbée au niveau mondial, nous devons trouver la capacité de se démarquer avec toujours un même objectif : apporter le meilleur revenu possible à nos agriculteurs, tout en ga-rantissant une qualité irréprochable de nos produits aux partenaires se-menciers. Je suis convaincu que, sur l’ensemble de la vallée du Rhône, nous avons la possibilité de valoriser la fi-lière semences à travers les petites niches de production, d’une manière moins industrialisée, notamment en adaptant les espèces à produire au niveau régional, voire micro-régional. Nous devons donc avoir une finesse d’approche locale, tout en prenant en compte les variations climatiques sur notre périmètre d’action. D’autre part, nous ne devons pas relâcher nos efforts en termes d’adaptabilité, tant sociétale qu’environnementale. Notre équipe se concentre à rester dans une veille et une recherche permanentes pour élaborer les plans d’action de la décennie à venir ».

Propos recueillis par A.P