À l'occasion de la signature des plans régionaux caprin ovin lait et chevreau, les acteurs des filières ont visité l'exploitation de Marie-Hélène et Laurent Poulet à Saint-Alban-d'Ay, avec un focus autour du changement climatique.

Gaec Là-bas : quelle empreinte carbone ?
Marie-Hélène et Laurent Poulet, éleveurs de chèvres à Saint-Alban-d'Ay. ©AAA_PDeDeus

Éleveurs caprins à Saint-Alban-d'Ay depuis 22 ans, Marie-Hélène et Laurent Poulet ont déménagé dans leurs bâtiments actuels en 2012. Ici, ils ont un peu plus de 30 ha de surfaces agricoles utiles morcelées (et seule la moitié est mécanisable). Avec ses 170 chèvres alpines, le Gaec Là-bas produit 130 000 litres de lait par an, transformés en Picodon par la Fromagerie de la Drôme à Aouste-sur-Sye. L'une des particularités de cette exploitation est d'avoir été le premier élevage caprin du territoire à participer au diagnostic Cap'2ER1. Avec une moyenne d'1,21 kg de CO2 émis par litre de lait produit, Marie-Hélène Poulet s'est dit étonnée d'un tel résultat. « Le fait d'acheter une grosse partie de nos aliments à l'extérieur, ça nous plombe », résume-t-elle.

Limiter l'achat d'intrants

Car si les émissions de méthane (CH4) - avec la digestion des animaux - et de protoxyde d'azote (N2O) - avec l'épandage des déjections - peuvent plus difficilement être diminuées, des actions peuvent être menées autour du CO2 en limitant l'achat d'intrants. Pour ce faire, plusieurs leviers : l'achat de fourrage et de concentrés produits localement, l'amélioration de l'efficacité alimentaire ou encore le développement du pâturage des chèvres. « Plus la gestion de l'alimentation sera efficace et plus on diminura l'ensemble des émissions, insiste Jean-Philippe Goron, responsable de l'équipe caprine chez Adice. La question c'est comment faire pour que les animaux répondent le mieux à ces concentrés ? Et ça, ça passe par leur qualité mais aussi par l'abreuvement, les bâtiments, etc. Si les animaux sont dans des conditions optimum, la productivité sera accrue et la reproduction se passera mieux », conclut-il.

Pauline De Deus

1 Cap'2ER est le calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants, un outil développé par l'institut de l'élevage.
Aux Artisous, le chevreau est découpé et transformé
Morgane Gagnage, responsable de l'atelier les Artisous, aux côtés d'un autre salarié, Thierry Cotteidin. ©AAA_PDeDeus
TRANSFORMATION

Aux Artisous, le chevreau est découpé et transformé

Pour illustrer les enjeux de la filière viande de chevreau, l'atelier de découpe et de transformation Les Artisous, basé à Quintenas, a ouvert ses portes aux élus avant la signature du plan régional, jeudi 28 septembre.

Créé en 2014, à Quintenas, par une dizaine d'éleveurs, l'atelier de découpe et de transformation les Artisous s'est progressivement ouvert à la prestation pour répondre aujourd'hui aux besoins de plus de 150 éleveurs, non seulement en Ardèche, mais aussi dans la Drôme, la Loire ou encore l'Isère. « C'est un atelier important pour les producteurs, explique Morgane Gagnage, responsable du site. Il y a peu d’outils de transformation sur le territoire, d’autant plus avec la certification bio. » Tout au long de l'année, du lundi au jeudi, une centaine de tonnes de viande (toutes espèces, hormis les volailles) passent entre les mains des quatre salariés de l'atelier.

Une viande gourmande en main-d'œuvre

Cinq semaines par an, cet outil fonctionne aussi le vendredi pour répondre à la demande d'une dizaine d'éleveurs caprins qui souhaitent faire découper et/ou transformer leur viande de chevreau. Les cinq seules semaines de l'année où l'abattoir d'Annonay accepte les chevreaux. « Sur cette période on ne peut qu'en traiter une centaine, mais s'il y avait, ne serait que 10 semaines d'abattage, on en ferait beaucoup plus », souligne la responsable de l'atelier. Car le chevreau a la particularité d’être gourmand en main-d’œuvre. « Il faut compter 10 minutes pour la découpe et c’est le double pour l’emballage. Les os sont très coupants », illustre Morgane Gagnage. Des contraintes qui imposent aussi une bonne valorisation du produit, ce qui n'est pas toujours simple tant les consommateurs ont perdu l'habitude de manger du chevreau. Pourtant, « les possibilités sont énormes », insiste la responsable de l'atelier. Rillettes, terrines, pâtés, mousses... Des délices de cabris qui ne demandent qu'à être connus !