ÉNERGIE VERTE
Le biofioul prêt à remplacer le fioul d’origine fossile

Pauline De Deus
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Autorisé actuellement à hauteur de 30 % dans le fioul d’origine fossile, le biofioul issu du colza devrait monter en puissance rapidement et remplacer progressivement le fioul traditionnel pour le chauffage.

Le biofioul prêt à remplacer le fioul d’origine fossile
Pour le moment, seuls 1 500 à 3 000 hectares de colza sont dédiés au biofioul, mais les surfaces dédiées devraient se développer rapidement. ©Commission européenne

Depuis le 1er juillet 2022, si le fioul traditionnel peut continuer à être utilisé par plus de trois millions de résidences principales, toute installation neuve doit désormais fonctionner avec un biocombustible liquide de type biofioul F30, contenant 30 % de colza, (sous forme ester méthylique) et répondant à l’exigence du plafond d’émissions de CO2, fixé par la réglementation. Le biofioul F30 peut également être utilisé pour faire fonctionner les chaudières en service avant le 1er juillet 2022, moyennant quelques adaptations techniques simples, notamment le changement de brûleur. Selon Éric Layly, le président des entreprises de distribution des énergies hors réseau - fioul domestique, gazole non routier, gazole vrac, bois, GPL - ainsi que des stations-service indépendantes (FF3C), le biofioul va remplacer le fioul domestique issu des énergies fossiles pour réduire les émissions de CO2. Il présente l’alternative la plus adaptée dans les zones rurales et périurbaines non desservies par des réseaux de chaleur ou de gaz, ou dont le réseau de distribution électrique est insuffisant. Dans les zones où les températures hivernales sont basses, le biofioul permet de conserver un mode de chauffage difficilement remplaçable, à un coût sensiblement inférieur à celui de la pompe à chaleur.

Objectif 100 %

Depuis son autorisation, la filière s’est mobilisée. D’abord avec la mise en place d’un réseau logistique visant à couvrir l’ensemble du territoire national. À ce jour quatorze dépôts sont d’ores et déjà opérationnels. Quatre dépôts supplémentaires viendront compléter le réseau d’ici le début de l’année 2024 dans les départements du Nord, de l’Ile-et-Vilaine, de l’Essonne et de la Seine-Maritime. « Le maillage du territoire devrait être complet en 2024 », prévoit Frédéric Plan, délégué général de FF3C. Les chauffagistes sont également de la partie. Sur le terrain, plus de 1 100 chauffagistes et distributeurs sont aujourd’hui répertoriés comme fournissant du biofioul F30 et installant des chaudières compatibles. Les agriculteurs sont prêts également à relever le gant. « Sur le 1,3 million d’hectares consacrés au colza, nous sommes en mesure d’augmenter les volumes, si nous disposons des conditions de productions adéquates, l’accès à l’eau, la disponibilité en produits sanitaires, le progrès génétique… », indique Guillaume Chartier, administrateur de la Fédération des oléoprotéagineux (FOP). Pour le moment seuls 1 500 à 3 000 hectares de colza y sont dédiés, mais les surfaces dédiées devraient se développer rapidement.

Encore des freins

À court terme, l’objectif des professionnels vise à incorporer 30 % de biofioul issu du colza dans le fioul domestique dès l’an prochain, puis 55 % voire davantage en 2025-2026 et de parvenir à du fioul 100 % renouvelable les années suivantes. « Le biofioul F30 n’est qu’une première étape. Les acteurs du biofioul se tiennent d’ores et déjà prêts à envisager une accélération de la trajectoire vers le F100, biocombustible intégralement renouvelable », assure Éric Layly. Reste qu’il subsiste quelques freins à son développement : son prix. Il est plus élevé de 15 %, soit 20 cts par litre environ que le fioul 100 % fossile. D’où la demande de la filière au gouvernement de procéder un aménagement de la fiscalité de façon que leurs prix soient identiques. Ce qui permettrait d’orienter le choix des consommateurs vers un produit plus vertueux sur le plan écologique.

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