VITICULTURE
L’enherbement fait-il baisser les rendements ?

Qualité du sol, vie microbienne, stockage de carbone, porosité… l’enherbement présente bien des intérêts pour la vigne. Toutefois, il peut aussi provoquer des pertes de vigueur et de rendement, comme l’explique François Bérud, chef de service vigne et vin à la chambre d’agriculture du Vaucluse.

L’enherbement fait-il baisser les rendements ?
Pour François Bérud, « il faut maximiser l’enherbement l’hiver pendant le repos végétatif de la plante et au contraire, le minimiser à partir du stade 6 feuilles étalées jusqu’à la fermeture, si l’année est sèche ou si les sols sont superficiels ».

« Oui, dans la majeure partie des cas, on perd du rendement quand on enherbe le vignoble », affiche d’emblée François Bérud. C’est le résultat de dix années d’études menées dans le Gard, le Vaucluse et l’Hérault par l’IFV. « En moyenne, on perd environ 13 % de rendements par rapport à un vignoble travaillé, signale-t-il. On constate toutefois un effet climat important: s’il est humide, on a des rendements assez proches, que la vigne soit enherbée ou non. En revanche, en situation de stress hydrique, on peut avoir des baisses de rendements jusqu’à 50 % dans la vigne enherbée. »

La concurrence, azotée plus qu’hydrique !

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est moins la concurrence hydrique que la concurrence azotée qui joue sur les rendements. «L’enherbement n’impacte que modérément le stress hydrique. En revanche, une fertilisation azotée positionnée dans l’inter-rang peut être nécessaire pour limiter la concurrence azotée causée par le couvert végétal. C’est l’azote, qui se minéralise au printemps, qui va permettre à la vigne de croître mais aussi de faire ses réserves pour l’année d’après. » C’est pourquoi il met en garde : « les légumineuses peuvent aussi être concurrentielles, car elle ne fixent l’azote de l’air que si le sol est pauvre en azote. Cet azote n’est restitué au sol que si le couvert est détruit et incorporé, ou à partir d’un certain temps. »

Il poursuit : « L’enherbement en totalité est peu adapté aux conditions pédoclimatiques méditerranéennes. Toutefois, l’enherbement un rang sur deux cep à cep, jusque sous le rang, peut être intéressant. »

S’adapter au type de sol et au stade de la vigne

L’enherbement aura des effets différents sur sol superficiel ou sur sol profond. « Plus on va enherber en largeur, et plus on va avoir des baisses de rendements en sol superficiel, souligne François Bérud. Sur sol profond, on peut parfois avec avoir des remontées de vigueur avec l’enherbement. » 

Il convient aussi de raisonner l’enherbement selon le stade de la vigne : « Il faut maximiser l’enherbement l’hiver pendant le repos végétatif de la plante et au contraire, le minimiser à partir du stade 6 feuilles étalées jusqu’à la fermeture, si l’année est sèche ou si les sols sont superficiels. Il ajoute : la date de destruction du couvert joue beaucoup sur le stress azoté. La destruction au rollo faca peut être pertinente, pour l’avoine par exemple. Mais certains couverts sont difficiles à rouler. »

Pour le vignoble méditerranéen, l’objectif est donc de trouver le bon dosage et la bonne méthode d’enherbement, pour permettre à la vigne de profiter de ses avantages, tout en réduisant au maximum la concurrence de l’herbe et répondre aux besoins du vigneron.

Mylène Coste

François Bérud, technicien à la chambre d’agriculture du Vaucluse.
François Bérud, technicien à la chambre d’agriculture du Vaucluse.