Dans un magazine trimestriel de 116 pages paru au mois de décembre, l’association Mémoire d’Ardèche et temps présent propose une plongée dans l’élevage ardéchois d’hier et d’aujourd’hui. 

Voyage en terres d’élevage au fil des pages
Les 116 pages de ce magazine Mémoire d'Ardèche et temps présent, nous amène a découvrir les différents visages de l'élevage ardéchois à travers les époques.

L’histoire commence au Néolithique. D’après les quelques données archéologiques des grottes du sud Ardèche, nos lointains ancêtres étaient déjà des éleveurs, et notamment de chevriers. La consommation attestée de chevreaux, laisse même penser que la production de lait était déjà répandue chez ces peuples nomades. Outre les chèvres, des élevages de cochons, de moutons, d’aurochs, existaient aussi. Mais les poules, en revanche, ne sont arrivées que bien plus tard : au Ve siècle avant Jésus-Christ. 

De la romanisation à la mondialisation

Des premières transhumances en passant par la romanisation, le Moyen-Âge puis la Renaissance… Dans cette première partie, les différents auteurs explorent les époques qui ont marqué l’agriculture ardéchoise. Vient ensuite le XXe siècle, où les faits résonnent forcément davantage en se rapprochant de nous. 

À quatre mains, Robert Laurent et Jean-Claude Saby nous racontent notamment les courtes histoires des fromageries autour du Gerbier de Jonc. La fromagerie de la Chartreuse de Bonnefoy, créée par Edouard Pavin de Lafarge (gérant de cimenterie de Viviers) en 1889, puis rasée 15 ans plus tard. Ou encore la création de fruitières à Sainte-Eulalie, notamment par la famille Schoepfer dont l’entreprise laitière familiale existe toujours, mais à Avignon où elle s’était finalement implantée dans les années 30.

L’histoire suit son cours, vient ensuite le tournant de l’après-guerre, qui touche l’Ardèche comme le reste du monde. C’est l'avènement de l’agriculture moderne, avec la mécanisation, l’essor de l’élevage bovin et de la sélection, le déclin progressif de l’élevage ovin et, en parallèle, l’exode rural des territoires de montagne. 

À la rencontre des éleveurs d’aujourd’hui

Après un brin de pessimisme concernant le futur des territoires d’altitude, le magazine embraye sur l’adaptation de l’agriculture face à ces nouvelles dynamiques. Les démarches Eulalie des Monts d’Ardèche ou encore Bœufs des prairies fleuries, venues valoriser les productions. Les auteurs descendent ensuite de la montagne pour aller en Nord-Ardèche, où des éleveurs accompagnés de la chambre d’agriculture essaient, eux aussi, de faire reconnaître la qualité de leur travail, et notamment la fabrication des fromages de Saint-Félicien. 

Au fil des pages, le voyage se poursuit à la rencontre d’éleveurs atypiques et d’acteurs qui gravitent autour de cet univers. Direction le plateau de Gras, les Cévennes ardéchoises ou encore les Boutières, où toutes les filières sont passées en revue, des brebis laitières, aux chevaux d’endurance, en passant bien sûr par l’aviculture, et même l’élevage porcin. 

Ardèche, terre d’élevage, le 156e numéro de l’association Mémoire d’Ardèche et temps présent, permet au lecteur de découvrir des secrets que renferme encore notre département, à travers cette activité ancestrale qu’est l’élevage. 

Pauline De Deus

Une race ancienne originaire du Mézenc
Carte postale ancienne de la collection privée de Robert Laurent, auteur de l'article.
ZOOM SUR

Une race ancienne originaire du Mézenc

Dans ce numéro de Mémoire d'Ardèche et temps présent un article est dédié à la race Mézine, disparu au siècle dernier.

Robe blonde, petite tête, un chignon de poils frisés surmonté de courtes cornes... La Mézine était "proche des races blondes des régions jurassiennes" nous apprend l'auteur, Robert Laurent. Avec cet article, on découvre l'origine de cette race locale, dont le travail de sélection aurait notamment été mené par les Chartreux de Bonnefoy (des moines installés au mont Mézenc dont l'histoire est également relatée dans ce numéro). Si la Mézine était moins lourde qu'une Normande ou une Salers, elle était parfaitement adaptée aux conditions du secteur. 

Avec ses membres antérieurs courts, solides, musclés, elle était endurante et adroite sur les terrains pentus et rocheux de la montagne ardéchoise. L'hiver, elle restait une bonne laitière malgré les carences en nourriture. 

En dépit de toutes ses qualités, la Mézine n'aura pas résisté au XXe siècle. Entre exode rural et spécialisation de l'agriculture elle est vite délaissée. Entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, son cheptel est divisé par 3, passant de 120 000 à 35 000 bêtes. Cette race est finalement déclarée disparu au début des années 60.

Où le trouver ?

Pour vous procurer le cahier Ardèche, terre d’élevage, vous pouvez vous rendre au Tabac de Saint-Eulalie, ou passer commande directement sur le site mémoire-ardeche.com, ou la page Facebook. Pour écrire à l’association par courrier : Mémoire d’Ardèche et Temps Présent, BP15, 07210 Chomerac. Le prix du numéro est de 13 euros, comptez 6 euros supplémentaires pour la livraison. Vous pouvez aussi vous abonner en adhérant à l’association, pour une cotisation annuelle de 42 euros.

40 ans d’histoire, de recherches et d’Ardèche !

Cette année Mémoire d’Ardèche et temps présent fête ses 40 années d’existence ! Créée en 1983 par un groupe d’historiens et de géographes, l’association a publié plus de 150 cahiers sur des sujets aussi variés que la communication, le climat, l’eau ou encore le tourisme. Plusieurs livres, notamment historiques, ont aussi été édités et il existe même le prix Maurice Boulle (du nom de l’un des fondateurs) pour récompenser un étudiant qui travaille sur des questions liées au territoire ardéchois, en lui permettant de publier une version vulgarisée de ses recherches. 

600 adhérents

Objectivité et pluralisme sont les maîtres-mots du travail mené par la trentaine de membres du conseil d’administration. Ensemble, ils élaborent ces écrits avec au moins deux ans d’anticipation. Un groupe de bénévoles qui est aussi soutenu par plus de 600 adhérents sur l’ensemble du département.

Et après la vigne, les châtaignes, les oliviers, les plantes à parfum, aromatiques et médicinales, ce cahier sur l’élevage est le dixième sur l’agriculture. Le prochain autour ce vaste thème est prévu pour 2024 et il concernera les Hommes et la forêt en Ardèche.

Ardèche, terre d'élevage, le 156e cahier de l'association Mémoire d'Ardèche et temps présent.