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Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?

Climat, stade de l'herbe, état des prairies... Quelles stratégies adopter ? Emmanuel Forel, conseiller Agronomie Fourrages à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, fait le point.

Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?
Mise à l’herbe aux Jallades, à 1 300 m le 29 avril dernier. Sur le plateau, le déprimage permet d’avancer la mise à l’herbe de 15 jours/3 semaines.

Les températures augmentent et le stade de l’herbe avance. On gagne actuellement :

  • 50°C/semaine en montagne à 1200 m.
  • 90°C/semaine sur les piémonts à 500 m.

Montagne : à 1 300 m, la mise à l’herbe peut être réalisée grâce au déprimage des prés de fauche. 

Haut-Vivarais et pentes : à partir de jeudi, les conditions météo seront idéales pour réaliser les ensilages jusqu’à 600 m d’altitude, le stade des prairies naturelles est atteint (750°C). 

Bas-Vivarais : réaliser les premiers foins dès que le temps se stabilise. Prendre le maximum de garantie en consultant les prévisions météo avant de commencer un chantier.

Emmanuel Forel, conseiller Agronomie Fourrages à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche

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FOCUS

Ensilage d’herbe : produire des fourrages de qualité

La qualité des fourrages est essentielle améliorer l’autonomie des exploitations d’élevage. En ce qui concerne l’ensilage d’herbe, plusieurs facteurs entrent en compte dont le stade végétatif et les espèces cultivées.

Le stade de l’herbe : le critère prépondérant pour obtenir un fourrage de qualité

Graphique n°1 : Valeur comparée de la luzerne et du RGI en fonction des stades (INRA2018)

Le stade physiologique est le facteur prépondérant pour obtenir un fourrage de qualité : plus les plantes vieillissent plus leur valeur nutritive se dégrade (voir graphique n°1 ci-dessus) :

  • Avant épiaison, le RGI ensilé présente une valeur énergétique de l’ordre de 0.92 UFL/kg MS, à fin épiaison cette valeur n’est plus que de 0.78 UFL/kg de MS.
  • Au stade bourgeonnement, la luzerne présente une valeur protéique et une valeur UFL élevée soit 78 g PDI/kg MS et 0.84 UFL/kg MS, à début floraison sa valeur baisse considérablement pour atteindre 70 g PDI/kg MS et 0.74 UFL.

Les prairies naturelles occupent 93600 ha en Ardèche et les plus fertiles d’entre elles peuvent être ensilées : elles représentent une ressource à ne pas négliger. La valeur nutritive de la prairie naturelle répond à la même logique que les espèces cultivées : diminution progressive de la valeur avec le stade physiologique - 0.9 UFL à début épiaison à 0.8 UFL à pleine épiaison. Sa valeur énergétique est proche de celle d’un RGI. La difficulté repose sur l’appréciation des stades car la prairie naturelle est composée de nombreuses espèces de précocités différentes.

Reconnaître les stades

Repères des stades des graminées

Repères des stades des légumineuses

La reconnaissance des stades est primordiale pour décider de la date de récolte, en particulier si on recherche des valeurs nutritives élevées. Pour les graminées, l’utilisation des sommes de températures permet d’avoir des repères et d’établir des prévisions : sur RGI un cumul de température de 650°C, sur prairie naturelle où la diversité est de mise on sait qu’à 700-750°C de cumul le stade pour l’ensilage.

En Ardèche la quantité disponible est souvent un indicateur recherché pour déclencher la récolte. C’est un indicateur si l’on veut sécuriser les stocks. Attention cependant à la qualité qui évolue très vite à la baisse au-delà de l’épiaison.

Viser un taux de MS de 30-35% pour l’ensilage des graminées

Un taux de MS suffisant de l’ensilage est nécessaire pour assurer une bonne conservation et une bonne valorisation du fourrage :

  • Au-delà de 28-30% de MS, un silo ne coule plus, limitant les pertes par les jus.
  • Un fourrage suffisamment sec permet de diminuer l’encombrement du fourrage et donc d’augmenter l’ingestion.
  • Au-delà de 35%, le fourrage risque de chauffer à l’ouverture du silo, occasionnant des pertes.

Pour la luzerne, on vise un taux de MS de l’ordre 40% de MS à l’ensilage. La durée pour atteindre le taux de MS optimale est variable en fonction de la météo et du rendement de la parcelle. Par beau temps, l’évolution de la MS du fourrage est rapide comme l’indique le graphique ci-dessous :

Graphique n°2 : relation entre durée de fanage et taux de MS du fourrage (Source Arvalis)

Faucher suffisamment haut

Une hauteur de coupe de 7 cm est recommandée pour permettre d’aérer les andains, limiter les remontées d’humidité et limiter la contamination du fourrage par la terre et les germes butyriques.

Emmanuel Forel

Source Inra 2018, Arvalis, Chambre d’agriculture 07