PPAM
Résilience des lavanderaies : l’importance des couverts végétaux

Amandine Priolet
-

Pour lutter contre le changement climatique et assurer la durabilité de production des lavanderaies, l’apport de couverts végétaux dans les cultures semblerait être un levier agroécologique intéressant. C’est ce qu’ont souhaité mettre en lumière, dernièrement, l’Iteipmai et la Chambre d’agriculture de la Drôme.

Résilience des lavanderaies : l’importance des couverts végétaux
Le 30 mars à Montboucher-sur-Jabron, une quarantaine de personnes ont participé à la matinée technique sur le thème des couverts végétaux en lavanderaies, organisée par l’Iteipmai et la chambre d’agriculture de la Drôme.

Face au changement climatique, le monde agricole se réinvente par l’intermédiaire de nouvelles techniques culturales. Depuis plusieurs années, l’institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles (Iteipmai) travaille sur ces sujets à travers la mise en place de projets culturaux sur la station expérimentale de la Vesc, à Montboucher-sur-Jabron. C’est ici même que s’est déroulée, le 30 mars, une matinée technique sur le thème des couverts végétaux en lavanderaies, co-organisée avec la Chambre d’agriculture de la Drôme. Plus d’une quarantaine de personnes avaient répondu présents à l’invitation, des producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam), des organismes de recherche, des entreprises privées et des étudiants.

Dans un premier temps, Benjamin Lemaire, responsable du pôle agronomie à l’Iteipmai, et Stéphane Herbette, maître de conférences à l’UMR Piaf (Université Clermont Auvergne / Inrae), ont évoqué le projet Recital (réponses aux évolutions climatiques par l’innovation et les techniques alternatives dans les lavanderaies), finalisé en 2020. « Bien souvent implantées sur des sols pauvres, sans accès à l’irrigation, les lavanderaies sont soumises à d’importants dépérissements liés à la maladie du Stolbur et aux évolutions climatiques. »

Des itinéraires culturaux innovants

« Aujourd’hui, l’enjeu majeur est le maintien de cette filière dans son territoire. Outre la sélection variétale, des travaux sont engagés sur la modification des pratiques culturales, adoptant des leviers agroécologiques ou des leviers d’agriculture de précision, en ayant notamment recours à des capteurs », souligne Benjamin Lemaire. Au cours de ses expérimentations, l’Iteipmai s’est doté d’un outil habituellement utilisé en arboriculture, le dendromètre, permettant de mesurer l’état hydrique d’un plant de lavande en lien avec les couverts végétaux. « Ces travaux ont notamment pu mettre en évidence qu’une perte de diamètre de 21 %, signe d’une sécheresse sévère, entraine la mort de la plante », indique le responsable du pôle agronomie. Pour rappel, le stress hydrique subit par les plants en période de sécheresse modérée ou forte peut avoir un impact considérable sur leur croissance et leur survie.

Le projet Recital a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives de travaux autour des couverts végétaux et leurs effets à long terme, notamment sur la disponibilité en eau et en éléments nutritifs. Pour faire suite à ces travaux, l’Iteipmai a initié le programme Dodileo (dendrometric observations of drought impact in lavender for essential oil), financé par la fondation Givaudan (2021-2023). Ce projet vise à déterminer les effets agronomiques de la sécheresse sur la plante en termes de dégâts, de niveau de productivité, d’impact sur sa croissance... Ainsi, les essais consistent à tester différents seuils de perte de diamètre à l’aide de dendromètres, ceci pour savoir à partir de quel stade une irrigation peut être nécessaire pour sauvegarder la culture et maintenir un potentiel de production.

Des multiples atouts pour le sol et les plantes

L’acquisition de nouvelles données, tirées du projet Dodileo, permettra aux producteurs de mieux piloter leurs cultures et mieux gérer l’apport de la ressource en eau. En deuxième partie de matinée, une démonstration de matériel de désherbage et de broyage était proposée sur une parcelle de lavandin appartenant à la SCEA La Tine, gérée par Patrice Morin, lavandiculteur à Roynac. Ce dernier a fait le choix d’implanter des couverts végétaux dans ses cultures, d’une part pour les pérenniser dans la durée, mais aussi pour limiter le dépérissement et éviter l’érosion au sol. Deux types de matériels ont été présentés : une bineuse fabriquée par les Ets Férotin, présents pour l’occasion, et un broyeur inter-rang de marque Grenier-Franco.

La matinée de travaux s’est terminée autour d’ateliers animés par Pierre Batail (conseiller Ppam à la Chambre d’agriculture de la Drôme et chargé d’expérimentation à la station de Mévouillon), Eva Fontanel (responsable agronomie et agroécologie au Crieppam), Pauline Garin (conseillère Ppam à la Chambre d’agriculture du Vaucluse) et Mégane Vechambre (chargée de mission Ppam à Agribio 04) sur différentes thématiques : choix du couvert et mise en place, couverts et sol, couverts et rendement et enfin couverts et état sanitaire.

Amandine Priolet

Image 2
Benjamin Lemaire (à droite sur la photo), responsable du pôle Agronomie à l’Iteipmai, a présenté les différents essais de l’institut montrant l’intérêt des couverts végétaux en lavanderaies.
Image 3
Des matériels de désherbage (bineuse Férotin) et de broyage (broyeur inter-rang Grenier-Franco) ont fait l’objet d’une démonstration sur une parcelle de lavandin appartenant à la SCEA La Tine, gérée par Patrice Morin, à Roynac.