SÉCURITÉ
Échauffement des fourrages : comment l’éviter ?

Chaque année, de nombreux incendies de hangars agricoles sont liés à l’échauffement des fourrages. Quels conseils appliquer pour éviter qu’un tel accident arrive ? Éléments de réponse.

Échauffement des fourrages : comment l’éviter ?
La conduite du chantier de récolte de fourrage doit être maîtrisée pour limiter les risques d’échauffement. ©Fidocl Conseil élevage

Comment éviter un incendie lié aux fourrages ? Alors que la saison approche, il est légitime de se remémorer les points importants pour éviter tout risque d’échauffement. « Dans les conditions météorologiques idéales au champ, il faut réussir à atteindre une teneur en matière sèche du foin satisfaisante, avec un taux de plus de 85 % de matière sèche. La pratique et la conduite du chantier de récolte doivent être maîtrisées pour un séchage rapide : on conseille notamment de respecter une hauteur de fauche minimale (7-8 cm). On peut également utiliser le conditionneur pour accélérer la dessiccation du fourrage, mais cela entraîne une perte de qualité », explique Mickaël Coquard, chargé de mission au Fidocl Conseil élevage.

Alors que la fermentation naturelle et sans danger se maintient sous les 45 °C, une fermentation excessive peut arriver jusqu’à 80 °C. Les risques d’incendie sont alors importants. « Au-delà de 55 à 60 °C, on préconise de ressortir les bottes de fourrage de la grange », poursuit-il.

Perte de qualité nutritive et risque d’incendie

« Lors des échauffements au sein des bottes, la protéine de la plante se lie avec les sucres et rend indigestible le fourrage. Nous pouvons perdre entre 50 et 70 % de valeur nutritive », indique Mickaël Coquard. Aussi, pour limiter le développement des moisissures et des bactéries, et donc garantir la conservation du fourrage sans risque d’échauffement, il est également possible d’ajouter des conservateurs à base d’acide propionique.

Au-delà de l’aspect séchage, un autre élément peut venir provoquer un incendie. « Certains d’entre eux sont déclenchés par des sources d’étincelles diverses : proximité d’un tracteur, postes électriques, etc. Pendant la période des moissons, il se peut que l’exploitant agricole soit un peu moins vigilant sur ces points », prévient Olivier Pardessus, responsable offres et services agricoles chez Groupama. Ce dernier recommande alors d’actionner le coupe-batterie des engins agricoles. Aussi, le développement des toitures photovoltaïques sur les bâtiments agricoles abritant du fourrage peut aussi être un facteur aggravant en cas d’incendie, les sapeurs-pompiers ne pouvant intervenir avec la même efficacité.

Amandine Priolet

STOCKAGE / Attention à l’auto-combustion du fourrage
Les sondes à fourrage connectées permettent d’assurer un suivi de la température et du taux d’humidité au sein des bottes de foin. crédit photo : Coffia

STOCKAGE / Attention à l’auto-combustion du fourrage

Pour éviter les incendies par échauffement – ou du moins les limiter – , Groupama recommande à ses sociétaires agriculteurs de se doter de sondes à fourrage connectées. Ces instruments permettent de mesurer le taux d’humidité et la température des balles de paille et de foin, en temps réel et en continu, pendant la période de récolte et de stockage. En effet, la montée en température du foin peut provoquer des auto-inflammations et provoquer des dégâts considérables (incendie). Les sondes connectées alertent alors l’agriculteur – via mobile ou ordinateur - dès lors que la température, au sein de la – ou des – botte(s) concernée(s), dépasse les 75 °C. C’est en ce sens que Groupama Grand-Est a lancé, en 2019, une solution de tests connectés (système Quanturi, ndlr) pour proposer à ses sociétaires un outil de prévention incendie. « Ces sondes connectées ont alors plu aux agriculteurs participants, tant en termes de facilité d’usage que de prix (environ 900 € le kit de 10 sondes, sans compter le prix de l’abonnement annuel). La solution a donc fait ses preuves et nous diffusons, depuis, l’existence de cet outil dans les zones d’élevage », indique Olivier Pardessus, responsable offres et services agricoles chez Groupama.

« Cette solution est aujourd’hui recommandée dans nos dispositifs de prévention. Si ce n’est aujourd’hui pas imposé, on peut considérer que cet outil est plus que nécessaire dans certaines exploitations. En 2021, nous avons estimé que près de 30 incendies ont pu être évités grâce aux sondes connectées », annonce Olivier Pardessus. Des caisses régionales de Groupama organisent d’ailleurs des démonstrations au sein même d’exploitations agricoles à destination des agriculteurs pour leur présenter cet outil.

A.P.

©Lely