SAINT-REMÈZE
Escapade au Domaine Lavandaïs

A.L.
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Producteur et distillateur de lavandin, lavandes fine et aspic, le Domaine Lavandaïs propose aussi toute une série de produits dérivés et d’activités touristiques sur le plateau des Gras. Senteurs et saveurs garanties !

Escapade au Domaine Lavandaïs
Le domaine produit entre 80 et 110 kg / ha d’huiles essentielles de lavandin chaque année en moyenne et effectue la coupe fin août pour « profiter pleinement des champs en fleurs ».

La filière lavandicole réunie un ensemble de producteurs et de distillateurs dans le département, dont le Domaine Lavandaïs situé sur le plateau des Gras à Saint-Remèze. Installés sur 23 hectares d’un seul tenant depuis 2014, Pascal et Nathalie Brun, frère et sœur, y produisent de la lavande fine, du lavandin et de la lavande aspic sur une dizaine d’hectares. « Ce domaine appartenait à notre arrière-grand-père, César Brun, qui élevait des moutons et des chèvres. Ces terres servaient au pâturage et à la cueillette de la lavande sauvage. En fin de carrière, il avait planté quelques cultures de lavande fine sur les hauteurs du plateau et d’autres de lavande aspic tout autour du domaine. Dans les années 1950-1960, il y avait une vingtaine de distilleries dans le coin ! », retrace Nathalie Brun. « D’héritage en héritage, la bâtisse et la bergerie se sont délabrés, puis des producteurs locaux l’ont racheté pour y créer un musée de la lavande et valoriser leur production. Ils ont tout restauré, créé des espaces d’animations qu’ils géraient jusqu’en 2014 où le domaine a été mis en vente. » Anciens prothésistes dentaires installés à Orange (Vaucluse), Nathalie et Pascal Brun cherchent à ce moment-là à changer de métier et n’hésitent pas un instant à retrouver leurs racines.

« Nous voulons garder l’origine du produit sans le dénaturer »

Des 3 ha de lavandin cultivés autour du musée lors du rachat du domaine, ils défrichent et implantent 7 ha supplémentaires de lavande en 2015, puis acquiert 15 ha sur le plateau de Sault (Vaucluse) où ils plantent de la lavande fine. « Nous nous approvisionnons en plants auprès d’une pépinière de Valros (Hérault) qui travaille avec la même éthique que nous », indique Pascal Brun, qui a suivi plus jeune un CAP en sylviculture et s’occupe des cultures. « Le désherbage et le binage se font à la main, et la coupe avec d’anciennes machines » Il travaille en préfanage, en laissant les bottes sécher pendant 3 à 4 jours avant leur stockage, « ce qui demande plus de manutention mais donne une huile essentielle de grande qualité. Nous ne sommes pas labellisés bio mais nous voulons garder l’origine du produit sans le dénaturer », ajoute-t-il. « Certes, nous perdons en production, surtout avec des terres arides et difficiles à exploiter comme ici, mais cela correspond à l’identité du domaine que l’on souhaite cultiver et faire découvrir aux visiteurs. » Le Domaine Lavandaïs produit entre 80 et 110 kg / ha d’huiles essentielles de lavandin en moyenne, « moins cette année car les cultures manquent de soleil et de chaleur ». Il effectue la coupe fin août pour « profiter pleinement des champs en fleurs ».

Le tourisme, pièce motrice du domaine

Plusieurs alambics très anciens sont exposés dans leur musée « La Maison de la lavande ». Ils sont aussi utilisés en permanence et tout au long de l’année pour la distillation, rendant le procédé visible au sein du musée. « Les fagots gardés longtemps comme ça perdent en quantité mais pas en qualité ! », précise Nathalie Brun. Le lien avec les visiteurs est une pièce motrice dans leurs projets. « On a mis en place de vrais parcours de visite du musée et du domaine pour découvrir l’histoire des lavandes, leurs vertus, les cultures et leur entretien, ainsi qu’un parcours à bord d’un petit train à travers les champs. » Sur site se trouvent aussi une brasserie, un magasin de vente directe, une ruche pédagogique et des jeux pour enfants. Tout récemment, des animations d’immersion ont été lancées également : inviter les visiteurs à utiliser eux-mêmes l’alambic, les immerger dans le quotidien du domaine et le travail de la terre… Objectifs : profiter de tous les potentiels du domaine et lui donner une véritable notoriété.

A.L.

Plus d'infos sur le site https://www.lamaisondelalavande.com
Pascal et Nathalie Brun
Pascal et Nathalie Brun, frère et sœur, sont installés sur 23 hectares sur le plateau des Gras dont 13 ha en production.
ZOOM / Commercialisation des huiles essentielles et de ses produits dérivés

ZOOM / Commercialisation des huiles essentielles et de ses produits dérivés

Les cours du lavandin et de la lavande ont chuté cette année. « Ceux du lavandin sont entre 18€ et 22 €/kg d’huiles essentielles contre 30 à 38 € en 2020. Ils s’étaient envolés ces dernières années : la forte demande des industriels a augmenté la mise en cultures et la production, les rendements étaient bons donc les cours baissent maintenant… », résume Pascal Brun. « C’est un mal pour un bien, cela va recadrer toute la filière. Je pense que nous devrions rester aux alentours de 20€/kg. »

Outre la production d’huiles essentielles et d’hydrolats, l’implantation de nouvelles cultures leur a permis de développer des produits dérivés, dont une gamme alimentaire sous la marque « Le Lavandioù » (miel, confiture, sirop, limonade, biscuits, bonbons…). « On connaît souvent la lavande pour ses senteurs, alors qu’elle offre de belles qualités alimentaires », confie Nathalie Brun. Ils se sont également lancés dans la cosmétique en 2018 avec la marque « Lavandaïs en Provence », qui propose près de 25 produits certifiés Cosmos Organic par Ecocert et Cosmébio1, fabriqués dans un laboratoire à Peynier (Bouches-du-Rhône). « Nous avons travaillé sur les bienfaits des huiles essentielles et pas forcément leurs senteurs. Actuellement, on travaille sur des petites gammes de produits très atypiques, par exemple à base de truffes que nous achetons en local à Grignan (Drôme), qui sont destinés à des soins anti-rides et régénérants. Du fait de notre ancien métier de prothésiste dentaire, on est sans cesse dans la création et l’imagination ! » Leurs produits sont commercialisés en direct au domaine et sur leur site Internet, ainsi que dans des magasins Biocoop, des pharmacies et épiceries fines. Ils sont également distribués à l’international, vers les États-Unis, la Finlande, le Koweït, la Chine… Aujourd’hui, Nathalie et Pascal Brun attaquent leur 7e année de développement et atteignent un chiffre d’affaires global d'1 million d'euros. « On espère le doubler d’ici 4 à 5 ans, tout dépendra du développement de la marque « Lavandaïs en Provence » en France et à l’export. Nous sommes encore dans les prémices d’ouverture du marché. »

A.L.

1. Ce label garantit un mode de production et de transformation respectueux de l’environnement et de la santé.
Petit Train des lavandes
Embarquez dans le « Petit Train des Lavandes ! », qui traverse les champs du domaine et retrace l’histoire du domaine et les étapes de production.