BILAN
Des vendanges dans la moyenne quinquennale

Pauline De Deus
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Le ministère de l’Agriculture a dévoilé ses prévisions pour les prochaines vendanges. Elles seront contrastées selon les régions. La France devrait redevenir le premier producteur de vin au monde.

Des vendanges dans la moyenne quinquennale
Avec ces prévisions, la France redeviendrait le premier producteur mondial de vin. ©iStock-Max Labeille

Entre 44 et 47 millions d’hectolitres (Mhl). Telle est l’estimation de la production de vin en France pour l’année 2023, réalisée début août par Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture. L’an dernier, les vendanges avaient permis de récolte quelque 46 Mhl, ce qui correspondait à la moyenne quinquennale. Il en sera de même cette année, prévoit Agreste, à condition toutefois que le climat et les conditions sanitaires restent favorables. Le ministère de l’Agriculture se veut prudent. « Ces estimations sont provisoires au regard de l’incertitude entourant les conséquences des attaques de mildiou dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest », souligne-t-il. En effet, selon les premières données récoltées en Nouvelle-Aquitaine sur 86 parcelles de référence, 90 % des vignes sont touchées par le rot brun, un mildiou tardif et destructeur qui s'attaque à tous les organes en croissance des plants de vigne, à plus ou moins grande échelle. L’apparition de cette maladie est elle-même consécutive à « la succession d’épisodes pluvio-orageux récurrents et des températures élevées de mai à juin 2023 » et qui ont gêné les traitements phytosanitaires. Le mildiou est surtout virulent sur le cépage rouge merlot (60 % environ des surfaces). Les autres vignes du Sud-Ouest (Bergerac, Cahors, Madiran…) subissent les assauts de l’oïdium et du botrytis qui occasionnent des pertes importantes pouvant atteindre jusqu’à 30 % en moyenne.

Des grappes généreuses

Les vendanges devraient cependant être supérieures à la moyenne quinquennale en Champagne, peu touchée par le gel ou la grêle. « Pour l’heure, les grappes sont bien fournies. Les maladies sont contenues. » Indique Agreste. Le potentiel de production est tout aussi prometteur en Bourgogne et en Alsace. Les vignes sont « chargées », et l’humidité des sols est optimale. Malgré une pression sanitaire forte (mildiou), les vins du Val de Loire devraient connaître une année supérieure à la moyenne 2018-2022, après deux années chahutées. Le démarrage des vendanges est attendu début septembre. La situation semble identique en Charente et Charente-Maritime (Pineau, Cognac) où les « grappes sont généreuses », souligne la note d’Agreste. Dans les autres régions de production, Languedoc-Roussillon et Sud-Est-Vallée du Rhône, les productions devraient être conformes à la moyenne quinquennale.

Avec ces prévisions, la France redeviendrait le premier producteur mondial de vin. Ses principaux concurrents ont en effet souffert des intempéries et des attaques sanitaires. L’Italie qui a connu cette année « l’une des pires années de l’histoire des vignobles italiens depuis un siècle, avec 1948, 2007 et 2017 », selon le syndicat agricole Coldiretti, ne devrait pas dépasser 43 Mhl, soit une perte de 14 % (49,8 Mhl produits en 2022). En cause : des attaques de mildiou sur certains vignobles du Centre-Sud du pays. Quant à l’Espagne, victime d’une grande vague de chaleur, la récolte est estimée entre 36 et 36,5 Mhl, en baisse de 12 % par rapport à 2022.

Christophe Soulard