FILIÈRE OVINE
Une interface pour évaluer la durabilité des élevages ovins

Amandine Priolet
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PERFORMANCE / Si la filière ovine n’a pas à rougir de sa position actuelle, elle a pour ambition de mettre en place une stratégie nationale afin d’améliorer la durabilité des élevages. L’évaluation des performances de durabilité, qui repose sur des critères sociaux, économiques et environnementaux, pourra être effectuée à terme par un tout nouvel outil, l’interface DEO.

Une interface pour évaluer la durabilité des élevages ovins
Avec la mise en place d’un cadre commun européen sur l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et des performances de durabilité, la filière espère atteindre l’objectif d’une réduction de 12 % des GES dans les exploitations d’ici dix ans.

Créer un référentiel relatif aux principaux systèmes d’élevage ovin en France, telle est l’ambition d’un programme de recherche et développement mené par l’Idele (Institut de l’élevage) et divers organismes (ovin viande et ovin lait), dans le cadre d’un projet FranceAgriMer en mars 2019. En s’appuyant sur un panel de 100 éleveurs « test », le projet DEO (durabilité des élevages ovins) consiste à sélectionner et définir des critères de durabilité complémentaires sur les piliers économique, social et environnemental, menant à la construction d’une méthodologie d’évaluation simplifiée de la durabilité. Ce projet vise aussi à construire un outil d’évaluation environnementale en proposant une version de l’outil Cap’2ER (niveau 1), adapté à la filière ovine.

Pour rappel, Cap’2ER signifie : Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants. Déjà utilisé dans d’autres filières, l’outil cherche notamment à mettre en évidence le lien entre les pratiques d’élevage, les impacts environnementaux et les indicateurs économiques et sociaux. Cap’2ER permet ainsi d’évaluer les impacts négatifs (gaz à effet de serre, ammoniac, énergies fossiles, etc.) mais également les contributions positives (production d’énergie, stockage de carbone, biodiversité, etc.) des élevages. Ces indicateurs sont calculés en amont de la filière, des intrants jusqu’à la sortie de la ferme. Un certain nombre de données sont nécessaires pour pouvoir les définir : identification de l’exploitation, présentation du troupeau, surfaces et intrants utilisés par l’atelier ovin, etc.

Trois piliers phares

Dans ce contexte, le projet DEO permet d’élargir l’évaluation des performances environnementales aux performances économiques et sociales. Le pilier environnemental est notamment alimenté par l’outil Cap’2ER, avec les indicateurs énoncés précédemment. Le pilier économique, qui s’appuie sur les outils déjà existants (SIEOL en ovin lait, TéOvin en ovin viande), vise à étudier les critères de capacité économique (volume de lait ou quantité de viande, marge brute, etc.), la sensibilité aux aides, la transmissibilité, l’efficience brute, l’autonomie alimentaire, etc. Enfin, le pilier social prendra en compte l’organisation du travail, la contribution à l’emploi, les services rendus au territoire, etc.
À l’issue de ces études, une synthèse des résultats de durabilité sera disponible, en présentant les enjeux des trois piliers. Philippe Boudou, éleveur ovin laitier dans l’Hérault, a participé à cette phase de test. Pour lui, il s’avère « important de ne pas s’intéresser qu’aux conditions environnementales (Cap’2ER), mais de prendre aussi en compte les conditions sociales et économiques (diagnostic DEO). Les trois piliers doivent être menés en parallèle pour améliorer les performances ».

Une stratégie sur dix ans

Alors que l’interface DEO est encore sous forme de « prototype », la filière souhaite aller plus loin. L’outil d’évaluation de la durabilité sera mobilisé dans le cadre d’un projet européen, appelé Life Green Sheep (2020-2025). « Ce projet va permettre de réaliser une évaluation de la durabilité sur un nombre important d’exploitations (laitières et allaitantes), avec la participation de 1 637 éleveurs de cinq pays différents (dont la France), et de déployer la réalisation des diagnostics Cap’2ER et DEO sur le terrain », explique Sindy Moreau, chef de projet évaluation environnementale à l’Idele. Avec la mise en place d’un cadre commun européen sur l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et des performances de durabilité, la filière espère atteindre l’objectif d’une réduction de 12 % des GES dans les exploitations d’ici dix ans. « L’enjeu sera alors d’élaborer des plans d’action nationaux visant à réduire les émissions de GES en élevage ovin », conclut Sindy Moreau. Un travail prometteur pour le secteur.

Amandine Priolet

Encore en phase de prototype, le projet DEO permettrait de mettre en lumière les principaux enjeux à atteindre pour rendre viable l’élevage ovin bénéficiant de ce diagnostic

Encore en phase de prototype, le projet DEO permettrait de mettre en lumière les principaux enjeux à atteindre pour rendre viable l’élevage ovin bénéficiant de ce diagnostic