CAPRIN BIO
Ils sont passés au bio et en sont fiers !

Mylène Coste
-

En Ardèche, près de 11 % du cheptel caprin (2 874 animaux)1 est conduit en bio. Essentiellement le fait de producteurs fromagers, les laitiers sont plus hésitants à franchir le pas. Le bio présente pourtant bien des avantages.

Ils sont passés au bio et en sont fiers !
Audrey Arnou et Nathaël Reboullet sont associés à la tête de la Ferme de Presles depuis 2011, à Désaignes.

Ils ont sauté le pas dès 2011. Installés à Désaignes, Audrey Arnou et Nathaël Reboullet ont converti leur exploitation en bio dès la création de leur Gaec, « la Ferme de Presles ». « C’était surtout et avant tout par conviction. C’est ce que nous avions envie de proposer à nos clients, affiche Nathaël Reboullet. Nous avons converti simultanément les terres et le troupeau, ce qui ne nous a pas posé de gros problèmes. Nos pratiques étaient déjà très proches de celles demandées dans le cahier des charges AB. Nos fromages sont également produits en AOP Picodon. »

La Ferme de Presles compte 95 chèvres à la traite, qui sont choyées par les éleveurs. Ambiance des bâtiments, salle de traite… Ils n’ont rien laissé au hasard pour assurer le confort du troupeau. « Le bien-être des animaux, mais aussi celui de l'éleveur, c'est primordial pour faire un bon fromage », affirme Nathaël Reboullet. Le Gaec a aussi investi dans le séchage en grange. « Outre le gain de temps, cela nous permet de conserver la qualité nutritive du foin à son maximum et d'améliorer l’alimentation. Le goût du lait s'en ressent ! »

Une valorisation encore peu significative

À l’instar de la Ferme de Presles, une soixantaine d’exploitations caprines ardéchoises sont aujourd’hui en bio. « Parmi les fermes caprines bio, les fromagers sont majoritaires », souligne Emmanuel Forel, conseiller Agronomie, fourrages à la Chambre d’agriculture de l'Ardèche. L’explication ? « En bovin lait, les acteurs en filière longue ont structuré des filières bio solides avec des débouchés porteurs. Ce n’est pas encore le cas en caprin lait ; les opérateurs n’ont pas vraiment de demande spécifique sur le lait bio. »

En outre, le lait de chèvres en filière longue n’est pas réellement valorisé. « Or, l’aliment en bio coûte beaucoup plus cher à l’éleveur (autour de 580 € / t), qui ne parvient pas toujours à compenser ce surcoût via la rémunération du lait, estime Emmanuel Forel. C’est moins le cas pour les producteurs fromagers qui peuvent plus facilement répercuter ce surcoût dans leur prix auprès de leurs clients. »

Pour Nathaël Reboullet, le coût de l’aliment n’a pas été un obstacle : « Le crédit d’impôt bio nous aide à compenser le prix de l’aliment bio. Mais si l’on passe au bio pour l’aspect économique, mieux vaut ne pas le faire ! C’est aussi une question de conviction : nous sommes heureux d’acheter un aliment produit par un producteur en filière bio et de proximité ». D’ailleurs, la Ferme de Presles n’a pas augmenté le prix de ses fromages après sa conversion en AB. 

Un label porteur de sens auprès du consommateur

Le label bio est également un argument de poids auprès des consommateurs, de plus en plus soucieux de l’impact environnemental et social de leurs achats. Nathaël Reboullet, qui compte une trentaine de clients (crémiers, GMS, magasins de producteurs…) à Grenoble, Valence ou encore Paris, le constatent : « Les clients sont demandeurs ! »

M.C.

1. Source : L'Agence Bio.

Les principaux éléments du cahier des charges bio

Bien-être animal : Les animaux doivent pouvoir jouir de conditions de logement de 1,50 m² / tête minimum et d'une aire d’exercice de 2,50 m² / tête. L’élevage hors sol est interdit. L’écornage n'est autorisé que pour les jeunes et sous conditions.

Alimentation : 50%  de l'alimentation doit provenir de l'exploitation (pâturage compris). Si les surfaces sont insuffisantes, il est possible d’établir une coopération avec d’autres exploitations bio de la région pour compléter la production d'aliments de la ferme. 60% minimum de la ration doit être composée de fourrages grossiers et 40% maximum en concentré. Pour les animaux élevés pour la production laitière, les concentrés peuvent atteindre 50% de la ration les 3 premiers mois de lactation.

Pâturage : Le pâturage est obligatoire pour les animaux sevrés lorsque les conditions climatiques le permettent. L’épandage des effluents bio ne doit pas dépasser 170 Unités d’azote/ha. Les produits phytosanitaires chimiques ainsi que les engrais minéraux sont interdits.

Cheptel : Les caprins naissent et sont élevés dans des élevages bio. L’introduction d’animaux non-bio est autorisée pour la constitution d’un troupeau (chevrettes de moins de 60 jours et élevées en bio dès le sevrage) et pour le renouvellement du cheptel (dans la limite de 20 % du cheptel adulte et des mâles reproducteurs).

Élevage des jeunes : Ils sont nourris au lait maternel de préférence. Le sevrage doit se faire au plus tôt à l’age de 45 jours. En cas de Caev, il est possible d’allaiter les jeunes avec du lait en poudre. Ils sont momentanément déclassés et auront une période de conversion de 6 mois qui débutera dès le sevrage.

Vétérinaire: Les traitements allopathiques ne peuvent être utilisés qu’en curatif et sont limités à 3 par an pour les caprins de plus d’ an et à un seul pour les cabris et chevreaux de moins d'un an. Le délai d’attente pour réintroduire ces produits dans le circuit commercial est alors doublé.

Durée de conversion : La conversion est de deux ans (terres et animaux), mais peut aussi se faire en deux temps, d'abord pour les terres (2 ans), puis les animaux qui seront considérés comme bio au bout de six mois (soit 2,5 ans au total).