INITIATIVE
La laiterie Triballat s’engage sur l’élevage durable

Mylène Coste
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Connue pour ses produits à marque Rians, la laiterie familiale H. Triballat prend des engagements en matière de développement durable, de respect du bien-être animal et de juste rémunération des éleveurs. Le point sur cette démarche, nommée « Laiterie Familiale Engagée », avec Dominique Verneau, directeur de la production laitière. 

La laiterie Triballat s’engage sur l’élevage durable
Hugues Triballat, président des Laiteries H. Triballat, et son fils Henri Triballat, qui deviendra directeur de la production laitière en septembre 2021.

Pourquoi avoir initié la démarche « Laiterie Familiale Engagée » ?

Dominique Verneau : « Dans un contexte de baisse progressive de la consommation de protéines animales, et notamment de lait, nous nous sommes interrogés sur l’avenir de notre laiterie, de ses activités de collecte et transformation. Il nous fallait réfléchir à des alternatives pour continuer et développer notre activité. Pour cela, trois options : faire comme Danone ou Bel, qui se sont lancés sur le marché des « boissons végétales » et en sont aujourd’hui les leaders, mais ce n’était pas ce que nous voulions. Nous aurions pu faire du discount afin d’augmenter nos volumes, mais compte tenu de notre philosophie et du type de fermes familiales avec lesquelles nous travaillons, ce n’était pas une option. Nous avons donc voulu nous différencier sur des engagements qui parlent au consommateur, sur l’environnement, le bien-être animal... C’est cette inflexion que nous souhaitons développer, à horizon 2030, avec la démarche Laiterie familiale engagée ».

Concrètement, quels sont vos engagements ?

D.V. : « Cette démarche de responsabilité sociale et environnementale (RSE) s’articule autour de quatre engagements : promouvoir l’élevage durable, perpétuer les savoir-faire de nos élevages et la qualité de nos produits, réduire l’empreinte environnementale de l’entreprise (écoemballages, réduction des émissions de CO2 et de la consommation d’énergies) et enfin, fixer nos engagements sociaux auprès des salariés, des éleveurs (qualité de vie au travail) et des territoires. Sur chacun de ces axes, nous nous sommes donnés des objectifs chiffrés et des indicateurs de performance. Cette démarche a été construite en collaboration avec 9 organisations de producteurs en France et trois ONG : le WWF pour le volet environnemental, le CIWF sur le bien-être animal, et la LPO sur la biodiversité. C’est un travail conçu sur le temps long : nous nous donnons 5 à 10 ans pour la réalisation de nos engagements. L’objectif est d’y parvenir tous ensemble, sans laisser personne sur le côté. »

« Promouvoir l’élevage durable », qu’est-ce que cela signifie ?

D.V. : « Il s’agit de favoriser des systèmes plus autonomes d’une part, et de travailler sur le respect de l’environnement et de la biodiversité. Pour cela, nous allons proposer à tous nos producteurs de mesurer l’empreinte carbone de leur exploitation, via l’outil Cap’2ER. Cela permettra par la suite d’orienter leurs choix techniques, par exemple la plantation de haies pour stocker le carbone. Nous allons aussi proposer des formations à l’agroécologie. Nous souhaitons aussi encourager la production de protéines sur leurs élevages pour gagner en autonomie et d’arrêter dès 2025 les importations de soja venu du Brésil ou d’Argentine. Enfin, nous avons pris de nombreux engagements en matière de bien-être animal. »

Comment améliorer le bien-être animal ?

D.V. : « Nous travaillons déjà avec des fermes familiales de taille modeste (avec en moyenne 180 chèvres ou 70 vaches laitières) dans lesquelles le respect de l’animal est déjà très présent. Pour aller plus loin sur ce point, l’entreprise souhaite proposer une formation à l’éthologie (science du comportement animal) à tous les éleveurs. Nous visons également le pâturage pour 100% des vaches et l’accès à l’extérieur pour 100% des chèvres. Nous allons également promouvoir encore un élevage collectif des jeunes animaux dans les fermes, pour favoriser les relations sociales. Par l’ensemble de ces améliorations, le but est d’accroître la longévité pour atteindre un âge moyen supérieur à 4 ans chez les chèvres, 5 ans pour les bovins. C’est un indicateur original mais intéressant : des animaux moins stressés et en meilleure santé vont vivre plus longtemps ! »

Et concernant le bien-être des éleveurs ?

D.V. : « La laiterie promeut une rémunération équitable des producteurs, à un tarif dépassant la moyenne française pour des laits standards. Nous accompagnons également les jeunes qui s’installent, via un prix minimum garanti durant leurs sept premières années d’activité. »

Propos recueillis par Mylène Coste

Carte d'identité

Carte d'identité

Création en 1905

Siège à Rians

17 sites de fabrication en France dont un en Ardèche (Saint Félicien) et un en Drôme (Aoûste-sur-Sye)

450 exploitations laitières dont

            120 en bovin

            330 en caprin

9 organisations de producteurs

131,5 M de litres de lait transformés par an

25 à 30 % des ventes à l'export

10 AOP laitières

1er fabricant français de fromages de chèvre AOP