TRAVAIL DU SOL
Le rouleau mini croskill joue la carte de la polyvalence
D’abord répandu en Champagne, le rouleau mini croskill commence à faire parler de lui dans les autres régions viticoles.
Le rouleau mini croskill connaît depuis quelques années un intérêt grandissant en Champagne, car il permet de niveler le sol après un travail du sol et limite les risques d'accidents des opérateurs à pied. « On commence à avoir des demandes de viticulteurs et de concessionnaires en Bourgogne et en Gironde », remarque Cédric James, de la société Semas qui construit ce type de rouleaux.
Cet outil de plombage est conçu sur la base du disque croskillette et se compose de disques en fonte ajourés jouxtés d'ailettes, d'ergots, qui relèvent la terre. Le disque peut disposer, selon les versions, de crêtes de coq ou d'ailettes qui dépassent du diamètre du disque principal. En grandes cultures, ce disque est populaire dans les terres légères, où il assure un émiettement derrière des outils de travail du sol à dents et rappuie en amont du semoir.
« En viticulture, on va leur préférer les mini croskills, poursuit Cédric James. Le diamètre est plus petit que le croskillette de grandes cultures (36 et 39 cm de diamètre, contre 50 à 60 cm pour les cultures annuelles), ce qui permet de tourner plus vite et de mieux se débourrer en conditions un peu fraîches. De plus, la particularité du mini croskill est d'avoir des disques de diamètres différents, alternativement 36 et 39 cm. Les billes les plus grandes présentent du jeu autour de l'axe du rouleau. Cela permet d'une part d'assurer le rappui même sur des terrains aux profils irréguliers, d'autre part d'avoir un effet cisaillement participant à l'émiettement de la terre et au débourrage. »
Souvent placés derrière les roues arrière des tracteurs enjambeurs, ces rouleaux nécessitent tout de même une puissance minimale de relevage, affichant un poids de 120 kg pour 50 cm de large. En dehors du travail du sol, ce poids peut par ailleurs être exploité pour transformer le mini croskill en rolofaca, pour les essences les plus sensibles à l'écrasement.
Côté tarif, Semas annonce 2 940 € HT (prix catalogue, départ usine) pour une paire de mini croskills de 50 cm de largeur de travail, 3 360 € HT pour un modèle vignes larges (1,04 m de largeur de travail) s'attelant sur le relevage trois points.
Ludovic Vimond
Jacky Hénin, viticulteur en Champagne : « Un sol nivelé et affiné derrière le mini croskill »
Viticulteurs dans la Marne, Jacky Hénin et son fils Julien apprécient le travail soigné avec le rouleau mini croskill.
Basé à Aÿ-Champagne, dans la Marne, le domaine Champagne Hénin Delouvin exploite sept hectares de pinot noir, meunier et chardonnay. « Nous avons repris le charrutage il y a une dizaine d’années et progressivement abandonné le chimique », explique Jacky Hénin, à la tête de l’exploitation avec son fils Julien.
Le vigneron utilise plusieurs outils de travail du sol en fonction de la saison et des conditions. Depuis trois ans, ces matériels, positionnés sur les perches entre roues sont suivis de rouleaux mini croskills, attelés à l’arrière du tracteur. « Chez des collègues, je trouvais que le travail des rouleaux convenait bien à mes attentes, c’est-à-dire un sol nivelé et affiné », confie Jacky Hénin.
Le rouleau casse les mottes et peaufine le travail du sol
Le vigneron n’en oublie pas l’objectif premier du travail du sol. « Le but n’est pas que le rouleau rappuie les adventices que l’on vient déterrer avec les outils de travail du sol, pour qu’elles repoussent. C’est en ça que j’aime le travail de ce type de rouleau. Il casse les mottes, peaufine le travail des outils sur les perches, mais tend à soulever les mauvaises herbes et à les poser sur le dessus du sol. » Le vigneron apprécie la qualité du travail réalisé. « Quand on intervient au bon moment, que ce n’est ni trop humide, ni trop sec, c’est un vrai billard derrière et on n’a pas à y revenir trop tôt », observe-t-il.
La surface aplanie s’avère être un atout pour les opérations qui suivent le travail du sol. « Lorsqu’on relève manuellement les vignes, sur un sol bien plat, c’est plus confortable et moins sujet à blessure qu’avec des grosses mottes », indique Jacky Hénin. Certaines opérations mécanisées, comme le rognage, sont aussi améliorées lorsque le sol est plan.
Pour le vigneron, le rouleau mini croskill s’avère aussi être un moyen de lutter contre l’érosion. « Le sol est rappuyé, stabilisé mais n’est pas lisse, décrit-il. Il y a encore des petites mottes qui freinent le ruissellement. De plus, derrière les disques crénelés, les mini croskills rebouchent en rappuyant le sillon laissé par les disques. Or, ce sillon est une voie privilégiée pour le ruissellement. »
Du côté des limites, les mini croskills n’aiment pas la terre trop fraîche, raison pour laquelle Jacky Hénin ne les monte pas sur l’enjambeur pour le premier passage en sortie d’hiver.