TOURISME
Élargir le tourisme à d’autres territoires
Lors de son assemblée générale annuelle, l’Agence de développement touristique a dressé un bilan positif de la saison 2023, avec pour objectif de promouvoir un tourisme durable sur d’autres territoires tout au long de l’année.
« Avec 16 millions de nuitées touristiques en 2023, l’Ardèche enregistre une nouvelle année de fréquentation record, en hausse de 8 % par rapport à 2022 », introduit Jean-Yves Meyer, président de l’ADT Ardèche. L’augmentation a été plus marquée sur la période de printemps (+9 %), due aux week-ends prolongés, et sur l’automne (+17 %) portée par une météo clémente.
Alors que « la période estivale a connu un démarrage tardif compensé par de fortes fréquentations en août », rappelle Jean-Yves Meyer, les professionnels du tourisme ardéchois semblent avoir développé un sentiment davantage pessimiste concernant la saison touristique 2023. Les professionnels mettent en avant une baisse du pouvoir d’achat, une incertitude jusqu’au dernier moment pour le remplissage, l’impact de la canicule estivale et les difficultés à recruter des saisonniers.
Alors, malgré des chiffres en hausse, l’ADT reste consciente des nombreux défis à relever pour maintenir cette dynamique et assurer un développement durable du secteur. « Les crises successives ont fait prendre conscience d’une recherche d’un dépaysement proche de chez soi et d’espaces frais peu pollués. Cela constitue des avantages concurrentiels favorables à un rééquilibrage géographique. Il faut travailler avec les professionnels du tourisme pour qu’ils restent ouverts plus longtemps et participent à l’intersaison », annonce le président de l’ADT.
Un tourisme d’intersaison à développer
Le plan tourisme 2024-2028, adopté en octobre 2023, déploie ses axes, parmi lesquels « s’engager pour un tourisme toute l’année autour de points d’équilibre entre le nord et le sud ». Autre argument avancé pour une meilleure gestion de l’eau, quand on sait que le pic de la consommation intervient aux alentours du 15 août. « Avec un tourisme d’intersaison, cela permet de développer d’autres habitudes », note Matthieu Salel, vice-président du Département, en charge de l’agriculture, de l’environnement et du tourisme.
Avec la mise en avant d’un tourisme ciblé sur le nord et la montagne ardéchoise, qui bénéficie de températures plus fraîches, notamment en période de canicule, le territoire développe des projets comme celui, ambitieux, de la transformation de la station de la Croix de Bauzon, en station quatre saisons. L’assemblée générale a donc été l’occasion de présenter les nouveautés pour l’année 2024.
Nouveautés 2024
Avec le changement climatique en cours, « l’idée est de tourner la station vers de nouvelles prestations », introduit Matthieu Salel. Les aides publiques sont de l’ordre de 78 %, dont 20 % proviennent du Département. Si la partie ski est toujours opérationnelle, force est de constater qu’il y a de moins en moins de neige, ou alors, « quand les vacances sont terminées qu’il n’y a plus de saisonniers ». Au-delà de l’attrait touristique, les retombées économiques locales sont importantes. « La phase d’amorçage s’est terminée en 2023. Le projet prévoit un espace ludique avec un Bike Parc débutant, un parcours filets dans les arbres, une tyrolienne, un sentier randoferrata et la création d’un nouveau bâtiment d’accueil qui permettra la location de matériels. Le bâtiment servira également de vitrine pour les produits locaux », détaille le vice-président du Département.
Autre nouveauté 2024, l’Espace découverte Ardèche qui a ouvert ses portes le premier week-end de juin à Salavas. « C’est un projet porté par le Département, qui contribue à l’attractivité du territoire, un lieu historique, construit par le conseil régional en 1976 pour l’accueil de groupes », présente Matthieu Salel. « Nous l’avons réaménagé avec de nouveaux bâtiments en doublant sa capacité d’accueil à 140 lits. Dix millions ont été investis, accompagnés par l’État et la Région. » Sur 12 hectares, l’espace découverte comprend un terrain de basket, un site d’escalade, un espace VTT, du tir à l’arc et d’autres activités. « Ces nouveaux équipements permettent l’accueil de familles, d’un public en situation de handicap et pas seulement des groupes. De plus, il a un rôle social sur le territoire, pour que les familles les moins avantagées puissent bénéficier d’aides pour leur séjour. Un travail est en cours sur le sujet », termine Matthieu Salel.
En 2024, c’est aussi l’anniversaire des 10 ans de l’inscription de la Grotte Chauvet-Pont d’Arc à l’Unesco. Le 22 juin, l’événement sera focalisé sur le site de la Grotte Chauvet 2 avec une randonnée organisée pour relier le site originel de la grotte (au départ du pont d’Arc) avec sa reproduction. Des animations et spectacles sont prévus à partir de 17 h. En fin d’année, le 18 décembre, seront célébrés les 30 ans de la découverte de la Grotte Chauvet-Pont d’Arc. « C’est important pour l’Ardèche d’avoir ce site inscrit à l’Unesco », a fait savoir Frédéric Sadorge, directeur du Syndicat mixte de l’espace de restitution de la Grotte Chauvet.
Enfin, le Château et centre d’art contemporain et du patrimoine d’Aubenas ouvrira ses portes au public le 6 juillet prochain. Penser pour « valoriser le patrimoine », il accueillera des jeunes artistes, des conférences, expositions, concerts. Il fera office d’espace de médiation pour les scolaires et servira de lieux de résidence pour les artistes. « C’est un lieu de partage pluridisciplinaire dans le domaine de l’art contemporain », précise Jean-Yves Meyer, également maire d’Aubenas. « Le château est le chaînon manquant entre le sud et la montagne ardéchoise », conclut le président de l’ADT lors de cette assemblée générale.
M.M.
Une refonte du site ardèche-guide
Le sujet digitalisation de l’accueil touristique a occupé une place importante dans les travaux de l’année 2023. « L’objectif était de stimuler l’imaginaire autour du mot Ardèche et convaincre que le territoire est la destination pour les prochaines vacances », a détaillé Tatiana Chapon, du pôle communication et stratégie digitale de l’ADT.
La nouvelle version du site est disponible à cette adresse : www.ardeche-guide.com
Budget 2023 de l’ADT
Cela représente 3 millions d’euros, dont 88 % provenant des subventions du Département.
Une étude clientèle de grande ampleur pour adapter la politique touristique
Avec plus de 14 000 questionnaires récoltés et distinguant d’un côté les touristes et de l’autre les excursionnistes - en Ardèche pour une journée -, l’enquête en faveur d’un tourisme durable s’est étalée sur sept mois et la collecte s’est faite pendant le séjour et post-séjour. « Nous sommes dans une phase de restitution, nous avons désormais de la matière à exploiter. La partie à venir est désormais de faire des synthèses thématiques et d’analyser les pratiques », présente Bénédicte Praget, en charge du pôle observation évaluation de l’ADT. Cette étude révèle le profil moyen du touriste en Ardèche. 43 % des touristes ont entre 35-49 ans, pour 31 % ils appartiennent à une classe CSP1 supérieure et 40 % viennent en famille. « Une étude dont les résultats sont à mettre en perspectives avec d’autres études et expériences de terrain », précise Richard Buffat, directeur de l’ADT.
Seul regret, pour Bernadette Roche, élue départementale du canton Haute Ardèche et membre de la Commission attractivité, vie associative, agriculture, tourisme et aménagement du territoire au Département : ne pas avoir eu d’enquête sur la période hivernale en zone de montagne, pour « connaître l’offre d‘hébergement sur le territoire, car il souffre du manque de lits. Les établissements sont fermés à partir d’octobre jusqu’en avril ». Une longue période sans accueil qui empêche une dynamique touristique selon l’élue.
1. Catégorie socioprofessionnelle.
Les principaux pays représentés en Ardèche
Les Français sont en hausse avec +5 %, tandis que la clientèle étrangère fait son retour avec des nuitées en hausse de 12 %.
Les trois mêmes pays continuent d’occuper le podium : l’Allemagne en tête (+17 %), les Pays Bas (+18 %) et la Belgique (-5 %).
« Nous allons développer de manière progressive et régulière le plateau ardéchois »
À l’occasion de l’assemblée générale, le président de l’ADT Jean-Yves Meyer est revenu sur les défis à relever pour le tourisme ardéchois.
Quelles sont vos ambitions en matière de tourisme durable ?
Jean-Yves Meyer : « Le changement climatique représente un handicap pour le tourisme développé au sud de l’Ardèche, mais une chance pour le nord de l’Ardèche. Nous allons développer de manière progressive et régulière le plateau ardéchois, en travaillant avec des structures et différents partenaires pour développer l’accueil sur les zones de montagne. »
Quid de la gestion de l’eau ?
J.Y. M. : « Concernant la gestion de l’eau, l’an dernier, nous n’avons pas souffert en Ardèche comme cela a pu être le cas pour le Verdon. L’activité nautique a toujours pu fonctionner, mais la ressource en eau n’est pas inépuisable. Nous travaillons au sujet d’une bonne gestion de l’eau avec les services de l’État. Par exemple, nous avons mis en place des mesures avec un guide de bonnes pratiques pour les structures d’accueil afin d’être plus économe en eau. L’idée est également d’encourager les touristes à étaler dans le temps la fréquentation dans les gorges, en les fréquentant plus ou moins tôt. »
Quelle place pour l’agriculture ?
J.Y. M. : « Nous développons également l’agritourisme en favorisant le « fabriquer en Ardèche » dans le domaine des produits transformés. Nous avons engagé un travail avec Ardèche le goût et la chambre d’agriculture entre autres. Le but est de créer dans tous les domaines une synergie, car l’Ardèche reste un synonyme de qualité dans tous les secteurs du tourisme : l’accueil, les paysages, mais aussi les produits proposés. »
Quelle tendance se distingue pour 2024 ?
J.Y. M. : « Un début d’année impacté par une météo morose, mais pour le pont du 8 mai, nous avons eu une fréquentation importante en Ardèche. La tendance aux réservations pour l’été est assez forte ».
